DIPLOMATIE INTERNATIONALE & SOCIÉTÉ par Dan Albertini
- 3/5 Phares de l’Amérique sont à reconstruire — ANALYSE POST 2002
- Entre (), rappel pour la mémoire. Avr/2002/gouv. Aristide-Chérestal. Beaucoup d’argents sont dépensés pour construire et entretenir des sites web de l’État, des gouvernements haïtiens et la présidence en particulier. Pourtant, très peu d’information sur les activités de l’État et du gouvernement est divulguée. De plus, on ne répond pas aux courriels, pas même d’accusé de réception. La présidence se contente de la biographie du président divulguée en trois langues. Le pire, si vous demandez des informations sur la participation d’Haïti aux événements internationaux, les employés de la Diplomatie haïtienne répondent : consulter le gouvernement canadien, si ce n’est une crise, de peur de perdre leur job… Drôle de comportement pour celui qui réclamait transparence, participation de la part des autres ! JBA avait-il réellement gagné ses dernières élections, notons qu’il a démissionné en 2004. Si rien n’a changé en 2015, partirons-nous vers un autre par défaut ? Fin de ().
Montréal, avril 2002, colonnes du journal PAMH. Je disais en complémentarité au titre : prophétie ou terrorisme !
Nous sommes aujourd’hui exactement 13 ans après la publication. Je me sens toujours Américain dans cette globalité, même si je garde mon essence haïtienne, comme ma réalité canadienne. Devrais-je me reconsidérer en regard à l’article de la semaine dernière, quand Cuba semble pou- voir sortir de la liste noire ? Afin d’éviter d’en rentrer à titre individuel ? En effet, ceux qui ont fait tarabuster la grande Amérique s’arrangent pour faire éteindre l’esprit critique. Un règne de monarques globaux impunis. Flashback et analyse !
2002. Les symboles sont tombés, les édifices aussi. Des hommes par surcroît. L’économie, la haute finance, la politique et l’Armée des États-Unis, toutes ont été atteintes. Plus que le blackout de New York, cet attentat a fait arrêter la machine économique américaine. (…). Le dollar a reçu un grand coup en son sein, la défense, un terrible coup dans ses reins. Si les Américains sont dans le monde, le monde est-il à l’Amérique, qui se veut d’être le Nouveau Monde, la norme, puisque l’économie mondiale en souffre aujourd’hui. C’est plus qu’une vision apocalyptique, c’est l’apocalypse même. Steven Spielberg nous le mettra peut-être en scène. Un mois après, c’est la liberté qui tombe, mais de l’intérieur. Les médias s’interrogent sur la censure. Trois des cinq phares de l’Amérique sont à reconstruire.
Interrogation :
- 1) Le dollar est-il la seule monnaie refuge incontestée,
- 2) la défense américaine sous dialyse,
- 3) l’Amérique est-elle restée l’idéal des autres mondes
- 4) l’économie globale s’est-elle stabilisée pour le meilleur,
- 5) la notion de la guerre s’est-elle élargie depuis, au-delà des conventions et des territoires ?
- Les réponses du passé tiennent.
Liberté, un grand symbole des USA, suspendue. Liberté d’expression et peut-être liberté d’action. La liberté pour les Américains, plus qu’un privilège, était un droit fondamental qui, aujourd’hui, a un prix. Le prix du silence. Le droit fondamental à la vie a été enlevé à des victimes qui ont disparu, transformées en cendres. Ceux qui portent les marques toute leur vie en sont privés aussi. L’architecture est la deuxième à avoir perdu sa liberté, elle sera à jamais modifiée. L’Amérique et les Américains connaissent aujourd’hui cette douleur qui a déjà rongé la France, l’Algérie…, etc. Les conséquences sont connues aujourd’hui. Le monde, l’Ancien Monde et le Nouveau Monde ne font qu’un. L‘avenir est aussi numérique ?
Psychose. La peur est désormais au cœur de l’Américain, qui se sait vulnérable au monde. Elle est mondiale aux dépens d’une Amérique qui n’est plus vierge. Nous sommes les plus touchés depuis les temps anciens. Si notre puissance était grande, à plus forte raison notre blessure aussi. On se disait intouchable, touché dans nos symboles, touché dans notre réalité, touché dans son orgueil, touché dans l’imaginaire. Notre peur dépasse le facteur incertitude. La terreur prend des proportions insoupçonnées. Elle s’appelait anthrax, Ben Laden, Bactérie, intelligence, etc. C’était l’ère Bush qui se battait contre lui-même pour ne citer l’Islam. On n’osait identifier les pertes humaines, malgré l’évaluation de celles, apparentes. Les ressources matérielles sont énormes, certes, mais les ressources humaines qui s’y trouvaient sur les lieux faisaient partie de la crème, disait-on, et que ce sont des technocrates hyper spécialisés qui manipulaient les finances globales. Des chefs d’entreprises multinationales, des ténors qui géraient l’économie. À ce titre-là, les pertes sont inestimables, même pour le système. L’Amérique s’est réveillée avec le sentiment du lendemain fragilisé. La psychose plus forte que l’orgueil dans la balance des profondeurs, l’imaginaire attaqué, atteint. Hollywood pourrait-il, lui qui avait déjà fourni l‘espoir aux pires scénarios ?
Le poids politique. L’administration Bush faisait face à de lourds fardeaux qui font désormais dans le présent et dans l’avenir. La dysfonction du système de sécurité premièrement, c’était une lourde responsabilité dont devrait répondre ceux qui y étaient attachés, car, dix-huit minutes d’intervalle après une première attaque au même endroit, c‘était la tragédie WTC. La chute de tout un symbole, un centre névralgique de la finance mondiale.
Aucun responsable interne n’aurait été identifié dans un système pourtant dit transparent et intelligent (sauf, au moins un pompier de NYC accusé d’avoir fraudé dans sa déclaration de maladie). Car, si le Pentagone avait été une prime de plus pour les terroristes, il y aurait lieu de revoir le film White House Down dans ce contexte pour un peuple épris de cinéma. Nous serions ainsi pris dans un flashback avec le titre de la semaine écoulée dans l’affaire du complot contre la Maison-Blanche, en recevant Netanyahu dans le contexte connu. C’est tout de même terrifiant quand des républicains semblent en vouloir autant à ce héros qui a livré Bin Laden. Héros, oui, pensons aux titres revendiqués par McCain dans le contexte du Viet Nam.
Hollywood, le 4e symbole culturel ayant été épargné ou oublié et la Maison Blanche, ratée. La philosophie républicaine main- tiendrait dans le présent, on se l’imaginait, son idéal pour déplacer le problème ailleurs : frapper fort, n’importe où et à n’importe quel prix. Il faut se rappeler encore que l’opposition républicaine avait critiqué sévèrement le président Clinton à l’époque de l’explosion d’Oklahoma City, décrivant à l’époque l’œuvre d’un ennemi étranger. La vérité avait une autre saveur, c’était l’œuvre d’un fils de l’Amérique. Le problème se pose différemment même en 2015. L’hypothèse d’une chute de popularité du président Bush était réaliste et constituait une menace pour le Parti républicain. Cela pourrait se convertir en une perte considérable de pouvoir. Quid de cette erreur électorale anti religieuse d’Obama, en 2012, et surtout de mépriser la vue des héros de 1804, à Vertières, en allant se lamenter à Jérusalem, la semaine dernière parle d’un double Bush-échec républicain, impopulaire. C’est un fait, GWB n’avait su protéger l’Amérique. De plus, le même plan de bouclier antimissile déjà jugé trop coûteux relativement aux besoins avérés, le demeure dans le contexte de la reconstruction qui n’a encore lieu, tandis que la résurgence présidentielle républicaine enfoncerait-il encore plus les finances du pays en ce sens. Pire, au profit de qui ? Si dans les domaines de la finance et de l’économie, le calcul des conséquences était encore au stade de compilation, les résultats et l’analyse de la crise économique et financière mondiale héritée et gérée par Barack Obama étaient des preuves incontestables de cet échec républicain, au point où l’Amérique, atteinte paye encore le prix à Beijing. Mis en échec par une obscure retenue au début, Obama n’a pas manqué par la suite de le rappeler personnellement au candidat rival, Mitt Romney, en l’occurrence. Et, dans ce domaine, l’avenir fait hélas encore peur. Car, l’ennemi ayant réussi à imposer la politique du pire, les dérives s’étendent au point de ressusciter des poches de résistance d’un racisme institutionnel anti noir. Ne faudrait-il pas interroger les premières déclarations de Boehner sur Obama, en 2010 ? Un échec stratégique républicain, malgré tout, mais qui a causé des brèches encore ouvertes au niveau international.
Poursuivons avec GWB. La notion de gouvernement de coalition était déjà envisagée avant que la braise politique ne s’allume et devienne incontrôlable. Il est vrai que c’est aussi là une preuve de leadership. Car, le risque de récession était antérieur à cette crise qui n’apporte rien de positif. Les injections massives de capitaux n’avaient et n’ont encore rehaussé le niveau de vie des citoyens et ne dynamisent pas encore les activités. La confiance s’est retirée progressivement du vocabulaire. Récession et problèmes sociaux ayant un dénominateur commun : méfiance. Le scandale UBS en cours démontre hors de tout doute une nature cachée de l’Américain devenu de moins en moins solidaire depuis des signes du scandale Enron, dans les premiers jours de GWB, plutôt projeté ou perçu comme un alcoolique rescapé par la religion. Une religion qui, par contre, prêchait en prison aux Noirs condamnés d’accepter le verdict de peine capitale pour faute commise, dans un pays où le pardon présidentiel est large- ment accordé à la clientèle blanche, même celle coupable de haute trahison. Relisez Bill Clin- ton par Goldstein et Lowry, ou revisitez les réhabilitations présidentielles de G. Ford. Ceci, dans un contexte d’erreurs judiciaires multiples démontrées en Amérique aux dépens des Noirs. Les dérives nous remettent, une fois de plus, il faut le dire, sur la piste raciste d’assassinats de Noirs par la police, tel ce policier récemment renvoyé de la police à North Charleston, en Caroline du Sud, pour avoir tiré lâchement 8 projectiles, dont 5 mortels, dans le corps d’un jeune Noir, pris dans le dos. L’Amérique est-elle alors sortie de ce marasme, s’interrogera-t-on chez les Scott !
Restons toujours avec GWB en termes de républicains. Dans la foulée des déclarations du président qui, dit-on, s’adressait parfois aux Américains, à une classe d’Américains, au reste du monde ou aux terroristes, des contradictions et des révélations se sont glissées. Si la compréhension de ces actes était encore difficile, l’état de guerre n’aidant pas, la lumière n’a jamais été faite sur les déclarations du président Bush, qui se disait au courant des menaces qui planaient sur la Maison-Blanche et sur Air Force One, alors que son administration n’avait posé aucun geste préventif. On connaît la suite jusqu’à l’assassinat de Bin Laden. Reculons encore à dessein. Les mesures exceptionnelles de sécurité lors du dernier Sommet des Amériques, à Québec, sont carrément révélatrices en ce sens aujourd’hui. Le président disait peut-être vrai, mais qu’est-ce qui explique malgré tout cette erreur de jugement, ou cette négligence; mieux, cette irresponsabilité qui cause une grosse brèche au point d’offrir au monde une dysfonction institutionnelle avec Netanyahu ? Une brèche qui s’amplifiera, craint-on, chez le citoyen et dont la facture sera très élevée.
La chute d’un mythe. Si Rome est tombée une fois, elle peut tomber deux fois. Affaiblie, elle devra se ressaisir, panser ses plaies et compter ses morts pendant que l’ennemi célèbre sa victoire et croît en confiance. Nous avions perdu cette virginité, comme à l’époque de Pearl Harbor, par un agresseur très violent qui a laissé des traces indélébiles. Les traces ne sont plus celles des ruines qui peuvent servir d’appât touristique, mais celles de la trajectoire à suivre par d’autres chevaliers sans peur, prêts à récidiver. Les garanties de sécurité, que nous offrons au monde, sont aujourd’hui altérées. Cet acte peut-il aller jusqu’à remettre en question les Nations Unies, qui se trouvent à New York ? Il pourrait servir de prétexte aux autres nations qui accusent souvent les États-Unis de couver de mauvaises créances aux UN, pour lui faire perdre ce privilège. Les garanties de sécurité étant meilleures ailleurs. L’Amérique a changé.
Revenons encore au passé, mais 2001, cette fois-ci. J’écrivais après le Sommet des Amériques, à Québec : une rencontre au Sommet, une nouvelle Amérique, une nation à la dérive. La rencontre c’était Chavez, il n’est plus. La nouvelle Amérique, c’était le pacte proposé pour un Québec indépendant, le Canada triché. La nation à la dérive, c’était Haïti, et c’est à MJM d’en répondre aujourd’hui avec une MINUSTAH permanente pour sa sécurité personnelle, quand il faisait partie de ceux ligués contre JBA, en 2003- 2004.
Les scénarios catastrophiques ont longtemps dépassé les bornes de la fiction pour atteindre le cœur de la vie quotidienne. On parlait d’armes chimiques, bactériologiques, d’anthrax, de pistes de kamikazes qui avaient suivi tel ou tel cours de pilotage avec un Allemand, de chauffeur de camion-citerne, etc. Chaque jour, on découvrait un indice de trop et ça n’en finissait plus. On ne parlera plus de Böhringer devenu introuvable. La guerre Iran-Irak était- elle la seule vraie référence sur les effets de ces armes-là ? L’appartenance musulmane est un acte de suspicion en 2015. On surveillait les grands laboratoires, tandis que la poste elle-même transportait le mal. Les laboratoires des hôpitaux sont-ils encore des suspects ? La dysfonction est à ce point, car qui irait y chercher là des bactéries dans une pareille conjoncture ? C’est peut-être encore la place la plus innocente et sûre pour des sympathisants terroristes de manipuler des bactéries et de les expédier aux victimes quand le congrès et les médias étaient visés. Les radars des spécialistes, des policiers ne sont pas à la veille de chômer, la psychose et le problème demeurent entiers. God bless America, la phrase qui condamne le reste du monde, comme Israël fils de Dieu, sont remises en question, même chez les alliés. Alors, l‘Amérique a-t-elle autre solution que la guerre ?
À qui profite cette instabilité, s’inquiétera-t-on toujours ? Israël, pour justifier ses agissements en Palestine, la Russie autrefois en combat en Tchétchénie, ce qui aurait produit Tsarnaev à Boston, d’ailleurs combien sont-ils dans les faits ? Le Japon, qui traversait une crise économique grave, mais qui n’a jamais oublié Nagasaki et Hiroshima, l’extrême droite américaine qui fait aujourd’hui l’objet d’enquêtes, les musulmans pour l’intégrisme, qui croient à la réincarnation ? Les pistes sont plus nombreuses, indépendantes, même si les musulmans de par leur déclaration sont les premiers visés par la réplique, ils ont plus à perdre.
Cette situation n’apporte aucun bénéfice, même aux insensés, disions-nous, en 2002. Nous condamnions énergiquement cet acte criminel qui laisse certainement, aujourd’hui encore, plus que des milliers de victimes innocentes. Nous nous devons tous de creuser en politique américaine afin de comprendre le pourquoi de ces actes terroristes. Nous croyons que le monde entier, la nation américaine en particulier, doit tirer plus de leçons qu’un besoin de grandes entreprises de sécurité budgétivore comme nouveau modèle économique.
La première, guérir le mal causé par l’esclavage aux États-Unis même et ailleurs dans le monde. Obama est arrivé en 2008 et en 2012. Mais demain !
La justice doit être la même pour tous, disions-nous. La dérive raciste menace encore en 2015.
Il faudrait donc repenser les données mondiales et redistribuer les cartes de manière plus intelligente que la carotte et le bâton.
Si le monde avait remis la gestion de sa paix en 1945, aux États-Unis, c’était sur au moins une base de garantie pour la paix. La philosophie du plan est complètement dépassée aujourd’hui. Si celle du bouddhisme propose ses gants de velours, ses pas feutrés, il nous faut considérer ses griffes d’acier que connaît le Tibet avant de faire un plongeon regrettable plus tard pour nos marchés. La philosophie de survivance haïtienne peut encore aider dans la gestion, la récupération des trois phares de ce grand empire que constituaient les États-Unis d’Amérique, ce rêve offert au monde. Le comment peut toujours être expliqué, car nous ne devons surtout pas plonger dans l’incertain, par défaut ni par ignorance.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 15 avril 2015 VOL.XXXXV, No. 16 New York, et se trouve en P. 5, 7 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/01/H-O-15-avril-2015.pdf