LA MOBILISATION SE RENFORCE SUR TOUT LE TERRITOIRE NATIONAL
- L’Église catholique, le point de mire dans les manifs
- Tentative de torpiller la marche des religieux et religieuses…
La marche des religieux et religieuses annoncée pour le mardi 22 octobre a connu un grand succès, et semble donner le signal de l’implication active de l’Église catholique dans la mobilisation citoyenne déclenchée depuis déjà plus de cinq semaines. Une tentative de torpiller le mouvement a terriblement échoué, la foule des fidèles ayant affiché la détermination collective de ne passe laisser damer le pion par les groupes qui avaient orchestré leurs manifestations avant eux.
En effet, l’Église catholique a lancé une manifestation nationale, les évêques de toutes les juridictions religieuses du pays ayant prêché le même message et la foule des chrétiens ayant entonné les mêmes chants. À travers les messages transmis, les chants entonnés, les prières élevées vers le ciel et les slogans scandés, la foule des religieux et religieuses accompagnée de plusieurs centaines de milliers d’adeptes catholiques et de sympathisants ont envoyé un seul message à Jovenel Moïse : il est temps de démissionner.
À Port-au-Prince et dans les différentes villes du pays, les prêtres, religieux et religieuses, missionnaires, dignitaires ainsi que les fidèles étaient dans la rue. En ce sens, ils sont animés des mêmes sentiments que portent les protestataires qui tendent d’occuper la rue en permanence.
Les manifestants catholiques dénoncent les méfaits, les crimes financiers, la malversation, la corruption, les vols de deniers publiques qui caractérisent la présente administration. En un mot, ils ont invité Jovenel Moïse à tirer les conséquences de son échec et à quitter le pouvoir.
En sus de la démission du chef de l’État que réclame les protestataires catholiques, ces derniers demandent aussi justice pour le père Simoli. Il était assassiné après avoir prêché un sermon dominical dans lequel il dénonçait le vol/détournement du Fonds PetroCaribe. Les manifestants ont tenu ferme le flambeau de l’opposition à Moïse, affichant une fermeté sans faille, et ne se laissant nullement intimider par des malfrats proches du Palais national qui ont tenté de les terroriser. Cette intimidation a pris l’allure de menaces d’incendier des institutions religieuses catholiques, notamment des églises.
Le même message dans toutes les villes du pays Ce mardi a été le jour des chrétiens catholiques d’Haïti. Ils en ont profité pour dénoncer Jovenel Moïse sans appel. Dans l’homélie prononcée par les évêques, tant à la capitale que dans les autres villes de province, les paroles du Pape, prononcés lors de sa visite à Port-au-Prince, en 1983, son relancés comme un leitmotiv : Quelque chose doit changer dans ce pays.
Les manifestants catholiques souscrivent totalement aux revendications véhiculées par les centaines de milliers de personnes qui sillonnent chaque les jours de la capitale et des autres villes nationales chaque jour. À Port- au-Prince et dans les évêchés du Cap-Haïtien, de Port-de-Paix, de Gonaïves, de Jacmel, des Cayes, de Jérémie, de Hinche, etc. les officiants ont rappelé que la voix du peuple est la voix de Dieu. De ce fait, les évêques ont invité Jovenel Moïse à prendre la décision de sagesse, à donner sa démission.
Une stratégie de Jovenel Moïse pour faire échouer la marche
Le pouvoir ne cesse d’inventer des stratégies pour empêcher que soient lancées les manifestations. Aussi Jovenel Moïse a-t-il tout tenté pour faire échouer la marche des religieux et religieuses de ce mardi. En effet, le président de la République a téléphoné au cardinal Chibly Loaglois, la veille de la tenue de la marche, pour l’avertir que la Police n’allait pas pouvoir assurer la sécurité des participants. Bonne raison d’ajourner ? Il semble que le cardinal aurait initialement opté pour faire ajourner la marche des religieux et religieuses. Mais ses collaborateurs ne l’ont pas entendu de cette oreille. Lamarche doit avoir lieu coûte que coûte. Telle a été la réaction générale. On connaît le reste.
Les écoles congréganistes fermées jusqu’à nouvel ordre
Même avant la marche du 22 octobre, les religieux et religieuses étaient déjà en mode anti-Jovenel. Le cardinal Langlois devait savoir qu’aucune mauvaise nouvelle venue du président n’allait pas intimider les activistes catholiques.
En effet, quatre jours auparavant, les religieux et religieuses avaient émis un communiqué de presse pour informer que, vu la crise en cours, et qui n’autorise nullement à croire à une amélioration des conditions, les écoles congréganistes resteront fermées, jusqu’à nouvel ordre.
Dans la mesure où le gouvernement cherche à rouvrir les écoles, et que l’opposition fait tout pour l’empêcher, tous ceux qui optent pour la fermeture sont des opposants à Jovenel Moïse. Dans ce cas précis, les religieux et religieuses sont dans l’opposition par rapport au président de la République.
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 23 octobre 2019 Vol. XXXXIX No.41, et se trouve en P. 1, 2 http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/10/H-O-23-oct-2019.pdf