DIPLOMATIE INTERNATIONALE & SOCIÉTÉ par Dan Albertini
- Pwofèt Makenson ou la Honte d’un Gouvernement Grabataire
28/10/2018, je m’apprêtais à publier quand tout à coup je me suis résolu : non, la situation va peut-être changer. Pour le meilleur. Aussi, qu’il a fallu laisser la place au coureur puisque l’un des prisonniers politiques a été libéré. Lavé par le juge d’instruction. J’ai donc laissé le navire s’y rendre afin de mesurer par la suite. Mieux vaut ne pas mélanger la gestion du spirituel à celle du matériel, laisser à l’intemporel ses affaires. Un prophète était né en Haïti. Ainsi se déclarait-il, ainsi le désespoir créait cet espoir chez la population démunie en face de maladies incurables, en besoin de miracles. Le mal traité chez prophète Makenson était celui des maux courants de chaque mâle en puissance évangélique par imposition des mains. Bien avant le mal politique ou de sainteté politique. Malheureusement, déception pour jòv : pas de répit ni de remède sans imposition des mains en public. Malgré Makenson-la-promesse.
Le gouvernement n’est plus, il est décapité. Le président est porté disparu dans son projet P.
Contexte. La multitude suivait Jésus…, il est mort pour nous. Il s’en est allé pour aller préparer une place auprès du père. Message d’espoir pour certains, certitude pour d’autres, cela s’est transformé en un immense gouffre sociétal pour Haïti qui ne sait plus à quel saint se vouer. Après les litanies catholiques de Campion-du-Vatican et les prédicats protestants émanant de la CIA, à chacun son prêchi-prêcha. Jovenel Moïse élu est le président réputé être élu pour mener la République vers le progrès. Mais, c’est un «pwofèt Makenson» qui prétend faire des miracles républicains chez le démuni qui n’a plus de «ti manman chery» ni de cantine popilè de l’ancien pwòfèt pè titid. Une omission, on avait déjà un prophète, mais il était catho, et le catho s’effondre en Barbarin, à Lyon. Interdisant les promesses, l’espoir….
Makenson est prophète. Le peuple constate la démagogie de l’exorcisme populaire. Pauvre ignare, il exploite le désespoir des autres enfants de la République. Une sainte arrogance qui plaît à l’observateur. Il n’a pas encore commis le crime de délestage prophétique, ça n’existe pas dans la constitution ni dans les lois. Le commissaire du gouvernement va faire marche arrière, car l’on jugerait pour crime économique, de manipulation à caractère d’escroc ou de bradage sous le couvert d’exorcisme, une simple promesse. Y a-t-il violence répréhensible, le gouvernement l’attend à un angle de rue comme programme politique, promet la lumière.
La musique comme élixir
En toute euphorie il y a un zeste de musique aussi symbolique soit-elle, la sienne n’est pas du mélomane, mais de l’automatisme. C’est la meringue : carnaval. Il faut débarder la forme d’émotion désirée, ça fait juguler les nerfs les muscles : neurosciences. Le sang circule le courant passe : miracle ! Chez prophète Makenson c’est la version 2018 des nuits de St Jean Bosco épurée des objectifs du comte Aristide. Il a une homélie qui rend coupable qui invite à rendre l’autre coupable. Le commissaire est pécheur, la meute d’avocats, tous à l’aréopage.
L’homélie : «là map manje pouki sa mwen grangou» «lè map…, men poukisa yo toujou vle fè mwen mal», le sens aiguë de la culpabilisation en monde cognitif pour saccager la mente de (la mente oui, on est voisin du cousin RDéen) l’adepte qui voit les revendications populaires insatisfaites tout en indexant ceux qui possèdent, par l’«yo». Le courant passe dans le sens que «pwofèt titid» jugulait de son temps avec la théologie de la libération. Ça nous a valu le tristement célèbre «pe lebrun», le collier hérité du makout de Titanyen. Makenson est-il son propre adversaire ou l’adversaire réel qui a prié pour condamner l’ancien président jòv ? La meringue de Jacmel répondra pour lui : plus de diplomatie «jojo enraje, jojo domi deyo».
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 26 juin 2019 No. 26 et se trouve en P.13 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/06/H-O-26-juin-2019.pdf