Haïti : Insécurité sur Toute la Ligne par Rénert Auguste
Être sécurisé est un droit légitime à tout le monde. D’une manière générale, l’insécurité est l’inquiétude qui résulte du manque de sécurité et de l’éventualité d’un danger réel ou imaginé. Dans notre société, elle est l’ensemble des menaces physiques, morales, économiques, sociales, politiques, environnementales et culturelles rencontrées dans la vie quotidienne et qui font que la sûreté physique et la tranquillité ne sont plus assurées. Cependant, l’évolution varie selon le pays considéré. Chez nous, en Haïti, il se voit sous plusieurs angles :
Insécurité civile : En général, l’insécurité civile engage les libertés fondamentales telles : la sécurité des personnes et des biens.
En Haïti, ces derniers temps, on n’a pas besoin d’être un expert en la matière pour se prononcer sur le phénomène de l’insécurité, qui devient de plus en plus monnaie courante pour la population. À la vérité, Haïti n’est pas le seul pays, où l’insécurité existe, partout dans le monde, des cas majeurs de criminalité se comptabilisent au cours de ces trois (3) dernières décennies, mais il y a une différence. Avec nous, c’est que dans ces pays, il y a toujours « Bandits vs Autorités étatiques », via les forces de l’ordre, tandis que chez nous, en Haïti, les acteurs et victimes de ce phénomène sont confondus. La population est complètement confuse, perdue, livrée à elle-même. Ceux qui prétendent être les garants de la sécurité nationale se plaignent avec la population ; et qui plus est, ils se passent pour victimes également. Donc, on se retrouve dans une situation de « sauve qui peut » où l’on ne sait nécessairement à qui s’adresser. Si quelqu’un est en danger en pleine rue, il n’est pas nécessaire de regarder à gauche ni à droite si l’on voit au moins un policier « si présence policière il en existe dans cette zone ».
C’est triste, mais il faut le dire, on se retrouve dans une situation ou l’État est impuissant, pour ne pas dire à genoux, face au banditisme qui fait la loi. Et dans certains cas, certains de nos représentants dans l’État voient leurs noms trainer à travers les rues et dans les médias comme étant de connivence avec les bandits. Triste tableau !
Moi, personnellement, je crains que ce phénomène de banditisme atteigne tous les quartiers dits paisibles de ce pays « que j’aime tant et veux voir changer pour vivre paisiblement avec ma famille » lorsqu’on sait qu’il semble y avoir des mains politico-intellectuelles qui financent le mouvement. À mon avis, c’est une nécessité pour que l’éradication de ce phénomène figure parmi les plus grandes priorités du pouvoir en place, pour que la population puisse vaquer librement à ses activités quotidiennes.
Insécurité judiciaire / Impunité : Si le banditisme fait la loi au pays, nos fameux juges, qui manipulent notre appareil judiciaire, sont incapables d’appliquer les lois pour assurer le face-à-face. D’un côté, on est en présence d’un marché de justice dont les justiciables en sont les acheteurs (vente aux plus offrants). D’un autre côté, si, selon notre soi-disant constitution, nous avons structurellement trois (3) pouvoirs
(Exécutif, Législatif et Judiciaire), très souvent, il y a une relation de patron / employé qui se développe entre les trois (3). Malheureuse ment c’est le pouvoir judiciaire qui joue toujours le rôle d’employé. Ce qui produit cette impunité farouche à laquelle nous assistons aujourd’hui. Donc, ce n’est pas surprenant que les plus hautes instances judiciaires du pays se trouvent dans l’incapacité de réaliser le procès dit « PetroCaribe ». Logiquement, un employé ne peut formellement juger son patron et, s’il est contraint de le faire, on aura comme résultat « le chef a raison; le chef a toujours raison; le chef a quand même raison » donc, attention…
Insécurité sociale : Au cours de ces deux dernières décennies, la personne haïtienne a une vie quotidienne tellement inquiétante et incertaine, ce ne serait pas absurde de dire que l’espérance de vie de l’Haïtien est de 24 heures actuellement. Les inégalités sociales augmentent a un rythme sans précèdent. Le quotidien haïtien comporte des risques à tous les niveaux. On prie Dieu chaque jour de nous préserver des maladies, puisque l’accès à la santé est très compliqué, tant pour les soi-disant riches que pour les petites bourses ; et n’en parlons même pas pour les plus pauvres. Le marché de l’emploi devient chaque jour un sauve-qui-peut avec un taux de chômage qui avoisine les 72 %. En tout cas, l’insécurité sociale quelque part alimente aussi la gangstérisation. Donc, les titulaires du pouvoir doivent impérativement se mettre à la hauteur pour adresser ces problèmes et mettre la population en confiance.
* Renert AUGUSTE Email : rauguste81@gmail.com Tel. (509) 4774-8583
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 17 juillet 2019, vol XXXXIX no. 28 et se trouve en P.3 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/07/H-O-17-juillet-2019.pdf