NOUVELLES BRÈVES par Pierre Quirpoule II
- Officiellement, Joseph Biden est le nouveau président américain; Mauvaise et bonne nouvelle de la pandémie
Le vote du Collège électoral l’a confirmé, le lundi 14 décembre : le candidat démocrate, Joseph Biden a remporté, haut la main, la victoire lors des élections du 3 novembre dernier, confirmant tous les rapports émis en ce sens dès le début du comptage des votes, barrant ainsi la voie définitivement à tout espoir de Donald Trump de renverser la vapeur, en annulant le vote de la majorité et pour se maintenir en poste durant les prochains quatre ans.
Bien que le président Trump ait dit auparavant qu’il accepterait sa défaite, si le Collège électoral confirmait la victoire de Biden, il s’est ravisé, disant que tout n’est pas perdu, car il reste, dit-il, le vote du Congrès, le 6 janvier prochain, pour tout conclure. Mauvais signal de ce côté-là, car on a vu Mitch McConnell se prononcer de manière inattendue. Au siège du Sénat, à Washington, hier mardi, 15 décembre, cet allié indéfectible du président Trump, ceci jusqu’à la dernière minute, a salué, avec éloquence, le président Biden et la vice-présidente élue Kamala Harris, disant que « c’est un fait historique, la première femme à gravir cet échelon », Noire et Asiatique par-dessus le marché. Ainsi, McConnell a donné le ton et d’autres législateurs républicains ont emboîté déjà le pas.
Puis, de Moscou, le vieil ami de Trump, le président Vladimir Pu tin, a présenté ses compliments au président élu Joseph Biden, tout en disant qu’il attendait le verdict du Collège. Il a fait savoir qu’il attendait le verdict du Collège électoral avant de se prononcer, faisant le geste de presque tous les autres chefs d’Ētat du monde. Jovenel Moïse pourrait se féliciter d’avoir été parmi les premiers à complimenter le nouvel, immédiatement après le scrutin. Ce qui, sans doute, n’avait pas échappé à l’attention d’un Donald Trump rancunier. Allez comprendre !
En faisant le gros dos jusqu’à ce moment, M. Trump pousse le ridicule au plus haut niveau. Ā moins qu’il soit vraiment mentalement déséquilibré, comment pourrait-il se bercer d’illusion quant à la décision des députés (Congressmen) et des sénateurs qu’il espérait voir annuler toutes les décisions prises jusqu’à date.
Jetant un coup d’œil sur le parcours jusqu’à la séance du Collège électoral, on relève ce qui suit. Premièrement, les électeurs se sont prononcés sans équivoque en faveur de Biden, lui accordant une victoire avec une avance de plus de sept millions de votes (7 000 000), pour un total de plus de quatre-vingt-un millions de voix (81 000 000) de votants en sa faveur, un record d’ailleurs, contre soixante-quartoze millions de voix (74 000 000) pour Trump.
Puis, Les conseils électoraux au niveau local ayant tout révisé, jusqu’à trois fois en ce qui concerne l’état de Georgie, ont confirmé le vote, accordant ainsi 306 votes à Biden contre 232 à Trump. Or, il ne faut que 270 votes électoraux à celui qui sort victorieux. Les gouverneurs avaient tous signé les procès-verbaux, confirmant que tout était légal. Même la Cour suprême, dont tous les neuf juges, y compris les trois qui ont été nommés par Trump lui-même, ont refusé, sans appel, de se prononcer sur des plaints des avocats du président alléguant la « fraude » pour déclarer irrecevable la victoire de Biden. Dire que la Cour décidé ainsi après que presque toutes les entités judiciaires inférieures eurent montré la porte aux avocats du président, un juge républicain de la Pennsylvanie, allant jusqu’à dire, « Mais vous êtes le monstre Frankenstein ! » Ceci contre un avocat dans la défense de M. Trump qui voulait annuler tout le vote en Pennsylvanie.
Toutes les démarches de Donald Trump confirment qu’il se serait transformé en dictateur, s’il avait réussi aux dernières élections. Car, s’il arrivait à faire courber tout ce monde devant lui allant à l’encontre des faits, pour lui accorder la victoire, sous le fallacieux prétexte qu’on lui a « volé » les élections, il aurait réussi le coup du siècle. Dorénavant, personne ne pourrait lui tenir tête, car ils se seraient tous compromis.
Ainsi, lundi soir, après l’annonce de la certification du Collège électoral, le président élu Biden, de chez lui, à Wilmington, dans le Delaware, s’est-il exclamé, « C’est le moment de tourner la page », acclamant ce triomphe de la démocratie comme « l’une des plus merveilleuses manifestations que nous ayons vécu dans notre pays ».
Ā souligner deux petits détails assez intéressants durant cette jour née de vote des grands électeurs du Collège dans les différentes capitales des états : C’est l’état de la Californie, d’où vient Kamala Harris, la vice-présidente élue, qui a scellé la victoire de Biden quand, à 5 h 30 pm, heure de l’est, cet état a accordé ses cinquante-cinq (55) votes électoraux à Biden, qui, de ce fait, avait accumulé les 270 qu’il faut sur le total des 538 pour crier victoire.
Aussi, le dernier état à voter, Hawaii, à 7 heures pile, a basculé dans le camp Biden avec ses quatre (4) votes, donnant le total des 306 votes électoraux au gagnant face à 232 pour le perdant, le même score par lequel le candidat Donald Trump avait dérouté Hillary Clinton en 2016. Alors, s’amusait-il à dire : « Ēcrasante Victoire ! » Dire qu’il n’avait pas gagné le vote populaire, Mme Clin ton l’ayant dépassé par presque trois (3) millions de voix. Ce qui avait causé un tollé, les gens demandant l’abolition du Collège électoral. Alors, si la victoire était écrasante en 2016, elle l’est doublement cette année, car Joe Biden a gagné amplement au populaire ainsi qu’au Collège électoral.
Lors d’une adresse à la nation, moins d’une heure après la certification du lundi soir, Joe Biden a parlé tel un chef d’État, disant, entre autres : « Notre démocratie – bousculée, testée, menacée —s’est prouvé résiliente, égale à elle-même, et solide. . . . Nous, le peuple, avons voté, l’intégrité de nos élections demeure intacte. Ainsi, le temps est venu de tourner la page, tel que nous l’avons fait durant toute notre histoire – nous unir pour bander les plaies et aller de l’avant ! » Qu’il en soit ainsi.
*Mauvaise et bonne nouvelle s’agissant de la COVID-19 ayant franchi la barre des 300 000 décès aux Ētats-Unis. Mais un second vaccin serait disponible, d’ici la fin de la semaine. Hier, mardi, 15 décembre les mortalités se chiffraient à 311 054 sur un total de plus de 17 millions de personnes infectées, soit 17 142 207, bien que 10 003 328, ou 58 % des malades aient recouvré leur santé.
Au rythme quotidien d’environ 2 400 nouveaux cas d’infections, la situation demeure alarmante. D’ailleurs, une crise se profile à l’horizon avec le nombre de patients hospitalisés s’élevant à 112 816. On prévoit un manque de lits d’hôpitaux dans certaines villes, telle Los Angeles, en Californie, où le gouverneur a mis en place un programme dit de « mortalités massives », ayant commandé plus de 60 camions en guise de morgues.
Ainsi, les restrictions se renforcent un peu partout, mais les autorités font face à la rébellion des citoyens. Toujours, c’est la Californie, l’un des états les plus frappés, qui donne le ton en ce sens quand, à Long Beach, les gens ont manifesté dans les rues, nombre d’entre eux sans masques, protestant le « lockdown » (fermeture complète des activités). Ce à quoi s’attendre à New York et ailleurs, dans les prochains jours. Il n’y aura pas de grandioses fêtes de Noël, cette année, ni pour le Nouvel An.
Mais il y a une lueur d’espoir avec la distribution et la campagne de vaccination qui a débuté, le lundi 14 décembre, aux Ētats-Unis, à commencer avec les travailleurs de la santé, en première ligne de combat contre la pandémie. Par exemple, on a montré, à la TV, la première personne vaccinée à New York, à un hôpital de Queens, l’infirmière Sandra Lindsay. Et le journal haïtiano-américain en ligne, le Haitian Times, de rapporter que Guardian et le New York Times ont fait savoir que le premier médecin à être inoculé aux Ētats-Unis, le second au pays après l’infirmière, est d’origine haïtienne, le Dr. Yves Duroseau, chargé du département d’urgence à l’hôpital Lenox Hill de Manhattan. Au-devant de la scène depuis le début de la pandémie, il a voulu prêcher d’exemple, à l’intention des ceux peureux.
L’autre bonne nouvelle c’est que, outre le vaccin Pfizer en circulation, les autorités sanitaires américaines discuteront, ce jeudi, demain 17 décembre, de l’approbation du vaccin de la compagnie Moderna, du Massachusetts qui sera, probablement, disponible avant la fin du mois. Ainsi, on deux vaccins en circulation. Mais pour le grand public, il faudra attendre le mois de mars pour bénéficier d’une campagne tous azimuts. Entre-temps, il faut suivre les protocoles établis : le port du masque, la distanciation sociale, le lavage au savon de la main et l’usage de désinfectants. Mais surtout garder la maison, autant que possible. Il ne faut pas donner rendez-vous au coronavirus.
*On aura tout entendu de Jovenel Moïse et de ses sbires. C’est dimanche dernier, 13 décembre, que le président Tèt Kale a fait la déclaration abracadabrante qu’il pratique en Haïti la « démocratie à la Jovenel Moïse ». C’était sa réponse à ceux qui critiquent ses deux derniers décrets, dont « l’Agence d’intelligence nationale » (ANI) et le « Renforcement de la sécurité publique », ouvrant la porte aux pratiques macoutiques de l’ère Duvalier, quand Haïti fut un vaste abattoir, causant une fuite de cerveaux à plus de 80 %.
Mais c’est le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Rockefeller Vincent, qui affirme que « les organisations des droits humains font partie de la structure de certains partis politiques qui sont dans la fabrication d’allégations, dans la publication de rapports partisans pour les aider à atteindre leurs objectifs politiques». (Le Nouvelliste, 14 décembre).
Par cette déclaration, le ministre Vincent montre la couleur. Dans la « démocratie à la Jovenel », il faut mettre hors d’état de nuire les organisations des droits humains qui sont les remparts nécessaires dans un ordre démocratique organique. Il faut souligner que pour venir à bout de ces organisations, le ministre Vincent pourrait se servir de gangs. Car, on ne saurait oublier que Jovenel Moïse avait fait appel à ce même Rockefeller Vincent, en juillet dernier, pour remplacer Lucmane Delille, qui avait eu l’outrecuidance de déclarer la guerre aux gangs armés qui paradaient à Port-au-Prince. Depuis l’arrivée sur scène de Vincent, les gangs font la pluie et le beau temps.
*Suite aux sanctions annoncées, le 10 décembre, contre des individus proches de la présidence et à la position du CORE Group, publiée le 12 décembre, prenant à partie le président Moïse pour ses décrets visant l’établissement d’une dictature qui ne dit pas son nom, c’est Michael G. Kozak qui monte au créneau. Dans un tweet, le lundi 14 décembre, il avance : « Les Ētats-Unis ne sont pas les seuls à s’inquiéter de l’érosion continue de la démocratie en Haïti, de l’absence d’élections législatives et de la gouvernance par décret ».
Et qui est ce Michael Kozak, si ce n’est l’assistant du secrétaire d’Ētat Mike Pompeo pour les Affaires de l’hémisphère occidental. Ne pourrait-on pas dire qu’une campagne anti-Jovenel Moïse et associés est en pleine évolution à l’échelle internationale ?
*Et voilà que l’ambassade de France, dans un communiqué du 10 décembre, rendant « hommage aux militants des droits de l’homme qui mènent en Haïti un combat courageux pour la défense des droits fondamentaux de la personne ». (Le Nouvelliste, 14 décembre 2020).
Est-ce dire que les diplomates français se font les complices des organisations des droits humains, qualifiées de pêcheurs en eau trouble, pour ne pas dire des terroristes, contre lesquelles il faut appliquer les mesures dans les deux décrets macoutiques. Donc, il faudra s’attendre à des déclarations de « persona non grata » de la part du gouvernement de « démocratie à la Jovenel » dans les jours à venir.
Pierre Quiroule II 16 décembre 2020
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur (NYC, USA), édition du 16 décembre 2020, VOL. L No. 49 et se trouve en P. 16 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2020/12/H-O-16-dec-2020.pdf