LA MACHINE DE RÉPRESSION DE JOVENEL MOÏSE SUR LE POINT D’ÊTRE LANCÉE
- Des dispositions prises pour détruire Radio Zénith, éliminer Rony Colin… par Léo Joseph
Le communiqué diffusé par le bureau des communications du régime moribond Tèt Kalé dirigé par Jovenel Moïse, qui est plus qu’une déclaration de guerre, mais plutôt une invitation à assassiner le propriétaire de Radio Zénith et à détruire ses équipements. Afin de permettre à tout un chacun de se bien édifier, voici le communiqué en question.
«Port-au-Prince, mercredi 6 novembre 2019 : Le gouvernement de la République condamne avec la plus grande fermeté les incidents graves, violents et révélateurs d’une nouvelle tendance en cours dans le pays où des civils lourdement armés s’attaquent à des patrouilles de la PNH. En effet dans l’après-midi du mardi 5 novembre 2019 au Carrefour Marassa, plusieurs agents de différentes unités de la PNH, venus en aide à des employés du Ministère des Travaux Publics, Transport et Communication ( MTPTC), du Service national de gestion de résidus solides (SNGRS), du Centre National des Équipements (CNE), qui s’activaient à débloquer et à dégager les rues de la zone métropolitaine des barricades qui nuisaient à la libre circulation des véhicules et des personnes, ont été l’objet d’une attaque à l’arme lourde par des individus non identifiés, réfugiés sur les toitures des maisons environnantes.
«Cet incident scandaleux, à plus d’un titre, est à signaler et à condamner pour deux (2) raisons :
«La première est la prolifération de gangs armés qui profitent des revendications populaires et de la situation actuelle pour se constituer en milices. Leur objectif, d’abord, est de contrôler des quartiers entiers, en chassant les habitants de leur demeure, en rançonnent les citoyens et en s’attaquant aux forces de la police avec des armes d’assaut.
«La seconde raison, comme dans le cas de l’incident du mardi 5 novembre en cours, est l’incitation à la violence et à la lutte armée prônée largement par la radio Zénith qui a ouvertement pris fait et cause pour les bandits en leur indiquant, parla voie des ondes, l’emplacement des agents de la police, tout en suggérant le sort à réserver à ces derniers. Cette attitude est indigne d’une station de radio responsable et, quels que soient les motifs évoqués, doivent être condamnée.
«Le Gouvernement invite les associations de Presse, les responsables des droits humains à sortir de leur réserve pour mettre en examen et, en toute objectivité, le comportement incendiaire affiché par Radio Zénith dans la crise actuelle et pour condamner cette pratique délinquante qui n’a rien à voir avec une presse responsable.
«Le Gouvernement rappelle que la Police Nationale d’Haïti (PNH) est une institution chargée de protéger la population et qu’elle restera fidèle à sa mission».
Que cache ce communiqué ? Ce document ne dit pas une once de vérité, car il met en évidence un complot d’assassinat du propriétaire de Radio Zénith, Rony Colin, considéré depuis la mobilisation des forces vives du pays pour demander la démission de Jovenel Moïse comme la bête à abattre. Car en décidant d’ouvrir les antennes de sa station pour informer à bon escient la nation par rapport aux actualités nationales, à la minute près, et d’offrir une large couverture aux événements liés à la mobilisation contre celui qu’on persiste à appeler président, bien que le peuple haïtien l’ait totalement dépouillé de ce titre, Nèg Bannann nan pense qu’avec l’élimination physique de M. Colin et la mise hors d’état de service Radio Zénith, il aura totalement raison de l’opposition et garantira sa politique jusqu’à la fin de son mandat, et même au-delà de cette date.
En effet, ce communiqué est la conséquence d’une récente réunion tenue dans les hauteurs de Pétion-Ville, notamment à Belvil, dans une luxueuse résidence aux abords de laquelle étaient garés une trentaine de véhicules haut de gamme, aux fins d’échafauder le plan de mettre définitivement fin aux manifestations. Selon des dissidents, qui se font passer pour des «membres du sérail» de Jovenel Moïse, qui prépare, de concert avec ses proches collaborateurs, un projet bien élaboré pour en finir avec les opposants toutes tendances confondues. Ils ont affirmé que ce document s’inspire du même esprit qui anime ceux qui mènent la campagne de désinformation sur les réseaux sociaux, particulièrement sur WhatsUp.
Un de ces informateurs, en particulier, a précisé que selon le plan ordonné personnellement par Jovenel Moïse, des nouvelles dis- positions sont prises pour démanteler les barricades, histoire de prouver aux diplomates étrangers basés en Haïti qu’il a le contrôle de la situation. Car depuis plus d’une semaine que ces derniers lui font comprendre qu’il était essentiel qu’il occupe les rues de la capitale qu’elles soient dégagées des décombres qui l’obstruent. Cela signifie que cette responsabilité doit revenir à une force de police «qui inspire confiance».
Sous prétexte de faire «faire la toilette» de la capitale, les membres de l’Armée remobilisée, avec des «policiers spéciaux» accompagneront des équipes du Centre national des équipements (CNE) pour nettoyer les différents quartiers de Port-au-Prince. Mais il ne s’agit pas vraiment d’enlever les immondices qui jonchent les rues de la capitale, mais plutôt de démanteler les barricades.
Une autre version de l’incident décrit dans le communiqué
Les faits exposés dans le communiqué diffèrent étrangement de ceux racontés par les riverains réfutant totalement ceux racontés dans le document diffusé par le bureau des Communications du régime Tèt Kale.
Plusieurs des résidents de la zone de Carrefour Marassa, des personnes, pour la plupart en civil, dont certains portaient un uni- forme autre que celui de la PNH, se mettaient à mettre à bas les barricades. Ils ont décidé d’utiliser la force et tiraient en direction des manifestants. Mais ces derniers, qui avaient en leur possession des bouteilles, des pierres et des Cocktails Molotov, secondés par des riverains venus d’autres zones, assuraient leur défense. Au point que les faux policiers ont dû vider les lieux.
À noter que des journalistes, qui étaient sur lieux, en train de couvrir l’événement, ont dit avoir trouvé refuge auprès des manifestants lorsque le mur derrière lequel ils s’étaient retranchés a été renversé par des cartouches tirés par les hommes de Jovenel Moïse.
Il y a lieu de souligner que le pouvoir n’a jamais émis un quelconque communiqué quand ses faux policiers tuent des manifestants. De toute évidence, quand des policiers tuent des manifestants, c’est un «non-event».
Radio Zénith prise à partie par le pouvoir
Jovenel Moïse et son équipe s’insurgent conte Rony Colin, l’accusant d’avoir tenu les riverains informés au sujet des mouvements de ces faux policiers. Mais comment peut-on empêcher à des reporters sur le terrain de transmettre à leur base ce qu’ils observent sur les lieux de l’événement ? Radio Zénith est, depuis quelque temps, victime d’une opération malveillante à son encontre par la Conatel, une organisation liée au Federal Communications Commission (FCC), qui est chargée la régularité et du contrôle des fréquences. Selon des sources proches de la direction de cette station, Rony Colin aurait déjà porté plainte contre le CONATEL, qui semble se prêter aux manœuvres malhonnêtes menées contre cette station de radio.
Rony Colin a, lors d’une émission, dans la soirée du mercredi, dénoncé les intentions du CONATEL se déclarant encore prêt à porter plainte à qui de droit. Par ailleurs, il a fait savoir qu’il est citoyen américain, paye ses impôts et tient l’ambassade américaine informée de tous ses biens en Haïti. Aussi rend-il le régime en place et le CONATEL de sa sécurité et de celle de ses biens et du personnel de ses entreprises.
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 5 novembre 2019 Vol. XXXXIX No.43, et se trouve en P. 1, 9 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/11/H-O-6-november-2019.pdf