JOVENEL MOÏSE : QUESE PASSE-T-IL AU DÉPARTEMENT D’ÉTAT ? par Léo Joseph
- Ambassade U.S. en Haïti : Arrêt d’émission de visas
On s’imaginait qu’en raison de l’appui accordé à la politique de Jovenel Moïse, l’administration Biden lui vouait une amitié personnelle, au point de lui permettre de se présenter sous un jour favorable par ses concitoyens. Les choses semblent être autrement, en considérant les dernières mesures adoptées par l’ambassade américaine relative à l’émission de visas. Les sujets haïtiens qui souhaitent faire demande de permis d’entrée aux États-Unis vont se rendre compte que le système a cessé de fonctionner.
On apprend d’une source autorisée que, pour des raisons non explicitées, l’ambassade américaine, à la capitale haïtienne, a décidé d’arrêter l’émission de visa d’entrée aux États-Unis sans donner d’explication, laissant aux et aux autres la possibilité de lancer la « machine de rumeurs».
En effet, cette disposition a mis un frein dans les plans de ceux qui avaient l’intention d’effectuer une tournée chez le grand voisin du Nord, à l’occasion des vacances d’été, période à laquelle parents et amis effectuent des visites.
On apprend que nombre de personnes qui avaient déposé leurs passeports, à l’ambassade, dans l’espoir de les récupérer dans une semaine ou deux, comme c’est toujours le cas, auraient eu la surprise de leur vie quand il leur a été avisé que de telles formalités soient discontinuées, jusqu’à nouvel ordre. La situation met certaines gens au bord du désespoir, car même des époux (ses) américains (nes), dont les conjoints sont l’objet d’une courtoisie leur permettant d’avoir accès au précieux sceau, à cause de leurs conjoints, n’ont pas eu cette satisfaction.
Là où le bât blesse, on ne sait pas pendant combien de temps cette mesure sera en vigueur. Ni s’il était possible, dans certaines circonstances, de renverser cette tendance. D’ores et déjà, les observateurs se perdent en conjectures, s’imaginant que la politique serait à l’origine de cette décision. En effet, on se rappelle que les Haïtiens se rendaient couramment en Équateur, sans être munis de visa. Mais, à la suite de la dernière visite de Jovenel Moïse, à Quito, dans le cadre de la cérémonie de prestation de serment du nouveau président, la décision a été prise selon laquelle les sujets haïtiens ne peuvent plus entrer dans ce pays, à moins de se faire octroyer un permis d’entrée auprès du consulat équatorien, en Haïti ou ailleurs.
En ce qui concerne la suspension de la livraison de visa d’entrée aux États-Unis, les observateurs pensent qu’une telle mesure pourrait être liée rapprochement diplomatique intervenue entre Jovenel Moïse et la Russie.
En effet, certains pensent que l’ouverture d’une mission diplomatique russe, à Port-au-Prince, suivie de la présentation des Lettres d’accréditation du nouvel ambassadeur constitue des activités que les Américains trouvent « peu rassurantes ». Or ces deux événements ont été suivis du voyage en Turquie de Jovenel Moïse, avec son épouse, Martine Joseph, en compagnie d’une imposante délégation composée de quinze personnes qu’il estime cache « autre chose ».
Selon toute vraisemblance, la présence de diplomates russes, à Port-au-Prince, qui ont la réputation d’être « très envahissantes », dans les pays où ils sont basés, il est possible que les Américains craignent que ces derniers puissent facilement « déborder » diplomatiquement et politiquement les dirigeants haïtiens jugés « vulnérables », en raison de la corruption qui bat son plein quasiment à tous les niveaux de l’administration haïtienne.
Les mêmes observateurs pensent que Jovenel Moïse et ses proches collaborateurs, jugeant n’avoir pas bénéficié de justes contreparties de la part des deux administrations américaines, par rapport à la collaboration qu’il leur a donnée, ont décidé de porter leurs espérances ailleurs. Selon eux, les Russes seraient mieux disposés à faire des échanges, qu’ils jugent plus bénéfiques aux projets politico-diplomatiques du régime PHTKiste. Dans cet ordre d’idées, par souci de se faire épier par les diplomates américains, en poste à Port-au-Prince, par rapport « à d’éventuelles négociations russo-haïtiennes », un message envoyé aux Russes, par le truchement de Recep Tayyip Erdogan, le président turc, ayant de bonnes relations avec son homologue russe, Vladimir Putin, pourrait bien aider à évider des « infiltrations nuisibles ». L.J
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 25 New York, édition du 23 juin 2021, et se trouve en P.1, 12 à : h-o 23 juin 2021