SUR LA ROUTE DU CINÉMA
- NEW YORK 42nd 12H71 par Dan Albertini
- Un film qui met en relief une horloge dépassée, un temps à venir. En vedette : la femme d’un ancien président, un journaliste, un fonctionnaire. Une fiction des studios CaricomTV
Prémonitoire, si vous aviez vu la série 24 heures chrono avec l’acteur américain Dennis Haysbert endossant le personnage du président David Palmer, vous risquez, en effet, de tomber dans la prémonition. Considérant l’après Palmer, ce serait logique. Suite et ressemblance, une présidente. Allison Taylor, rôle tenue par l’actrice américaine Cherry Jones. La prémonition ne parlerait cependant d’un mari. Néanmoins, dans le film New York 42nd 12H71, le mari est identifié au début de la campagne, pas à la fin. Intrigue. La fin n’est d’ailleurs pas la fin du film. Contrairement à l’histoire de Joel Surnow/Robert Cochran, c’est un journaliste indépendant qui mène l’enquête. Un fonctionnaire de l’Immigration américaine est mis en cause, au risque de faire tomber les plans, la prémonition de la femme de l’ancien président. Autre intrigue. La clé de l’intrigue principale s’appelle TPS.
Avenue of the Americas, New York 42nd Suite 10020
Après un violent séisme qui a lourdement pénalisé Port-au-Prince, une partie de la politique intérieure américaine s’est déplacée vers Haïti, par cette adresse. Pure coïncidence, il a fallu surveiller de près les nouvelles velléités des Européens de l’Ouest, en particulier les Français, les Anglais, les Espagnols. Mais plus spécifiquement les Allemands. Ce qui relevait de préférence des compétences du Département d’État. C’est dans ce contexte que l’ancien président Jeffersen y a presqu’élu domicile en Haïti, sachant pertinemment qu’il serait lui aussi, étroitement surveillé par les espions de la Bundesrat. Toutefois, les Allemands ignoraient que son agenda n’avait rien à voir avec leur diplomatie d’entre deux guerres. Le Département d’État profitait ainsi d’un subterfuge pour mettre en échec ces espions.
Jeffersen était là, en réalité, comme par les années hasardeuses de sa jeunesse avec sa fiancée, en quête de pouvoir. Il a été élu à deux reprises par la suite, aidé par un certain feu insulaire sacré. Sa femme lui avait alors confié la mission de renforcer ce pacte dans le but de se porter candidate à son tour. L’affaire n’était pas dans le sac, l’âge, le genre, posaient problème. Ilary s’était donc tournée vers le passé, profitant de la sympathie naturelle des Haïtiens par la vertu du TPS accordé dans son pays. Coup de théâtre, un fonctionnaire de l’Immigration, Marc avait commis une erreur d’appréciation en refusant d’accorder le TPS à une Haïtienne, malgré la possession d’un passeport haïtien et de son acte de naissance. L’affaire est parvenue à un journaliste, Diaspo, qui a décidé de jouer sa partition. Il mène l’enquête. Ça ne leur était pas nécessaire.
Diaspo connaît New York, il a juré de publier l’info sur tous ses écrans. Si l’Haïtienne n’est plus Haïtien, alors, l’ancien président a aussi perdu son statut. Et, par voie de conséquence, sa femme aussi. Elle ne récupérera pas le titre de président. Diaspo fera alors campagne avec l’éléphant contre l’âne par la faute de Marc. D’intenses négociations se tiennent Avenue of the Americas, il est 12H71. New York a toujours été perçue comme la mégapole pour avoir contenu le monde. Mais le monde renferme Port-au-Prince et ses ombres aussi.
Dans le film, les ombres sont différentes, le clavier de Diaspo les fait bouger. Elles sont partout, il a ses entrées. Diaspo utilise la force de New York pour l’adversité, la même pour la compétition, la toile numérique tellement publicisée par les actions de la NSA. Diaspo connaît les codes de langage, et a tracé son propre parchemin qu’il a appris en Géographie cybernétique. Il lui ramène des informations retravaillées, après les avoir lancées initialement. Il infeste les moteurs de recherches avec ce qu’il appelle « l’information virus ». Ça rentre dans le système des grandes agences, partout, agit en matière neurolinguistique, et ressort en décisions. Il lit ainsi en détail la pensée de l’adversaire. Il a ainsi décidé de faire dire à la femme de l’ancien président, ce qu’elle aurait noyé dans Benghazi. Avant la fin !
New York 24nd 12H71, tout le monde l’attendait. Jeffersen rentre, il vient d’apprendre la nouvelle par un Haïtien. Mark Villin fait partie de son staff, il n’est pas la montre suisse, c’est l’heure haïtienne. C’est une pratique insulaire, le mois porte plus de 31 jours quand le salaire n’est encore versé, souvent on arrive au 71 du mois. L’heure n’est pas américaine non plus, mais 13H00 ne doit sonner. Jeffersen en mesure le sens profond, il porte une montre locale avec bracelet rose. Sa femme arrive, New York est forcée de constater 12H71.
Ailleurs dans une autre ville américaine, Muzela vit un drame avec ses deux enfants. Elle n’a plus le permis temporaire de travail depuis les 13H de l’an. Elle est infirmière, spécialisée en salle d’opération. Elle a payé les frais de sa demande, les frais de motion, fourni ses preuves haïtiennes. Clode Rémond jr. est DG du même département mais en Haïti, il affirme qu’elle est Haï tien ne. Marc est resté intraitable, il veut l’enfoncer. Qu’est-ce qui attend Muzela au bout de ce processus où les avocats ne savent que facturer : la misère, l’illégalité, les pleurs ?
Fonctionnaire au département de l’Immigration, Marc est perdu dans une législation qu’il ne maîtrise pas, quand son gouvernement prétend décriminaliser l’immigration.
Diaspo s’est trouvé des confrères journalistes alliés de son côté. Il persiste : un Haïtien documenté le demeure, e n revanche de la possession d’un quelque autre titre secondaire. Sa nouvelle dialectique, il fera croisade contre la candidature d’Ilary, si celle de Muzela n’est pas reconsidérée pour le TPS. Ses Méthodes sont haïtiennes, donc souterraines, in visibles. En politique américaine, ce type de communication est dévastateur.
J’ai probablement déjà parlé de Solomon, le fils de Mme Kolo, un personnage dans la Gamelle, un chapitre de République Barbancourt barBarie. Ça doit vous rappeler le non du journaliste aussi. Diaspo. Diaspo a décidé de rendre l’accroc par la voie des médias. Scandale pour scandale, sanction pour sanction, se dit-il. Sa voie : rendre sympathique l’adversaire d’Ilary. Le temps ne compte plus, il est d’ailleurs 12H71. Marc n’est pas conscient, il détient la clé de la défaite de l’aspirante candidate, il est enfermé dans un bureau du département de la Citoyenneté et de l’Immigration, au Nevada.
Le recomptage sera-t-il fait en faveur de l’Haïtienne ? Diaspo jugera-t-il que sa mission est accomplie ? Partira-t-il pour Port-au-Prince terminer le travail, remettre Haïti aux Haïtiens ? Chasser à son tour, ceux qui ne sont Haïtiens. 12H71 figée, personne ne sait ce que sera la minute d’après. L’heure suivante, la minute prolongée ? À New York 42nd, la place qui manipule le mon de en faveur de l’ambitieuse femme de Jeffersen, c’est la panique, les templates déraillent, car l’horloge ne reconnaît l’écriture de cette programmation. Le plus grand quotidien de New York rapporte des événements, mais l’anchorman n’arrive à traduire.
La question est simple pour Diaspo. Si un Haïtien n’est pas reconnu Haïtien, qui alors le sera : la femme de l’ancien président, Marc ? La réponse aussi est simple. Il y a alors un coût.
Merci d’y croire !
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 27 nov. 2013 Vol. XXXXIII no.51, et se trouve en P.8 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/08/H-O-27-nov-2013.pdf