QUI SE RESSEMBLE S’ASSEMBLE, MÊME EN POLITIQUE
- Jovenel Moïse opte pour être l’émule d’Erdogan
- Si les choses tournent mal, exil en Turquie…. par Léo Joseph
Durant ces derniers jours, où les affaires politiques, en Haïti, n’autorisent à prédire les prochains événements, et où, Jovenel Moïse, quoique multipliant les initiatives, ignore précisément comment va finir son séjour illégal, au Palais national, s’active bien dans la protection de ses arrières. C’est donc pour cette raison qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant les motifs avancés par la présidence illégale, par rapport aux raisons de la récente visite de Moïse en Turquie. Car sa présence dans ce pays n’avait rien à voir vraiment avec un « Forum de la diplomatie d’Antalya », tel que cela a été annoncé, dans un communiqué officiel. Puisque, non seulement M. Moïse n’a pas été invité, mais il se « serait invité» lui-même, comme il avait fait lors de sa participation aux cérémonies de prestation de serment du nouveau président d’Équateur.
En effet, apprend-on de sources autorisées, proches de la présidence, Jovenel Moïse a sauté sur l’occasion de cet «événement local » réunissant les proches amis régionaux du président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour régler des «affaires personnelles ». Voilà pourquoi, précise-t-on, qu’il se faisait également accompagner de Laurent Salvador Lamothe, ex-Premier ministre de Michel Martelly, et de Mario Sola, le relationniste espagnol, « faiseur de roi » ayant mené les stratégies qui ont porté au pouvoir, d’abord Joseph Michel Martelly, ensuite Jovenel Moïse.
Un lieu sûr pour placer le magot et établir un exil sécurisé
D’après une source diplomatique, à la capitale haïtienne, qui souhaite rester anonyme, en se rendant en Turquie, dans le cadre d’un voyage de trois jours, Jovenel Moïse avait un double objectif : négocier les possibilités d’établir son lieu d’exil, dans ce pays; en même temps ouvrir des comptes en banque, cette décision visant à présenter son éventuelle de – mande d’asile sous un jour favorable. Cela représente une chiquenaude, par rapport à une demande de séjour, plus ou moins prolongé, dans ce pays, histoire d’influencer positivement les décideurs turcs, au mo ment opportun.
Le même diplomate, dont l’identité restera secrète, s’est gardé de divulguer le montant d’argent que le président de facto a transporté en devises, en Turquie, à bord de l’avion privé. Toute fois, il a indiqué que le montant se situe dans les « millions de dollars».
Pour lui, il y a de fortes chances que la somme d’argent en liquidité transportée par Jovenel Moïse, à destination de la Turquie, provient, en tout ou en partie, d’« argent sale ». Autre ment, raisonne-t-il, il aurait déposé la valeur en chèque à une banque turque, qui se serait chargée du processus d’encaissement, comme cela se fait pour une transaction normale. Le transport par vol privé, dit encore le diplomate, est le moyen utilisé par les dirigeants politiques haïtiens pour transporter l’argent mal acquis hors du pays.
Jovenel Moïse rêve d’un exil « sécurisé »
On sait que Jovenel Moïse et ses alliés dilapidateurs du Fonds PetroCaribe inventent toutes sortes de stratégies, pour éviter d’être poursuivis en justice, en raison de leur rôle dans le détournement/vol des USD 4,2 milliards $ de petro dollars provenant de la livraison du brut vénézuélien. Quant au président de facto, individuellement, un exil assuré reste sa plus grande préoccupation.
En effet, selon les révélations de ce même diplomate, tout en donnant l’impression de se battre bec et ongle pour déjouer la campagne en faveur du procès Petro-Caribe lancée depuis des mois, par plusieurs secteurs de l’opposition anti Moïse, celui-ci ne cesse de chercher des moyens de se prémunir contre une procédure d’extradition, le moment venu. Avec les poursuiveurs en justice à ses trousses et à celles des Premier ministres, ministres, directeurs généraux, ainsi que des chefs d’entreprises épinglés dans le Rapport d’enquête de la Commission éthique et anticorruption du Sénat, piloté, tour à tour, par les ex-sénateurs Youri Latortue et Evalière Beauplan, en sus de celle menée par la Cour supérieure des comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA), la question d’asile politique dans un pays « neutre » reste un souci permanent pour l’actuel occupant illégal du Palais national.
Le diplomate a expliqué que, dans son esprit, Jovenel Moïse et son entourage, dont certains membres pensent devoir le suivre, pour les mêmes raisons, la Turquie pourrait se révéler une « option sûre ». Car, par ses ambitions, ce dernier s’imagine avoir les mêmes choix que le dirigeant turc, Recep Tayyip Erdogan, lui-même, imitant François Duvalier, avait orchestré un référendum au bout duquel il s’était fait une constitution sur mesure, qui lui a permis de se succéder au pouvoir, à l’infini. Confronté à une résistance musclée, dans certains milieux politiques et militaires de Turquie, il devait réaliser un bain de sang, éliminant ses tombeurs, par l’assassinat ou par l’exil.
En dehors des révélations à ce sujet qu’a faites ce même diplomate, Jovenel Moïse au – rait, lors d’un face-à-face avec M. Erdogan, fait part de ses intentions, indiquant que la situation à la quelle il est confronté, en Haïti, est bien différente que celle qu’avait connue son interlocuteur. C ’est pourquoi, a encore laissé entendre le diplomate, le président de facto d’Haïti a évoqué avec le leader turc la possibilité qu’il soit obligé de trouver l’exil en territoire turc. Il semble qu’il ait eu une réaction rassurante d’Erdogan, lui donnant l’assurance qu’il serait le bienvenu dans son pays. N’est-ce donc pas le cas de dire « Qui se ressemble s’assemble » ?
À la capitale haïtienne, d’autres diplomates, notamment deux représentants des pays de l’hémisphère à la capitale haïtienne, ont émis l’opinion que Jovenel Moï se n’est pas vraiment favorable à trouver l’asile dans un pays proche d’Haïti, car craignant que les hommes politiques ne cèdent aux pressions qui seraient éventuellement exercées sur eux pour que lui et ses partenaires dans le cri me soient «extradés ».
Sur ces entre-faits, Moïse, qui pressent l’imminence d’un chambardement, en Haïti, se voit obligé de penser sérieusement à une « issue heureuse », car ne voulant pas être pris au dépourvu. Selon plusieurs diplomates, en poste en Haïti, ces derniers jours ont été riches en consultations et démarches relatives à une possible « conflagration », qui risque de tout balayer. L.J.
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 26 New York, édition du 30 juin 2021, et se trouve en P. 1, 13, 14 à : h-o 30 juin 2021