NOUVELLES BRÈVES
- Un désastre politico-militaire en Afghanistan rivalise avec des désastres naturels en Haïti par Pierre Quiroule II
Des gens s’accrochant à un avion américain à l’aéroport de Kabul, le lundi 16 août, symbolise la défaite du géant américain, après une vingtaine d’années et des trillions de dollars engloutis dans cette guerre sans fin contre le Taliban, composé d’originaires Afghans, de foi musulmane qui, en 1989, avaient chassé les occupants russes de leur pays.
Mikhail Gorbachev, 90 ans, le président russe qui avait capitulé face au Taliban, a déclaré, lundi, qu’il avait prédit que les forces de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, NATO en anglais, embrassant l’alliance Europe-Ētats-Unis) encouraient le désastre. « Ils auraient dû se retirer de là, il y a longtemps », a-t-il dit.
En effet, depuis quelque temps, le Taliban gagnait du terrain, après que le président américain Joseph « Joe » Biden eut annoncé, le 14 avril, que les forces américaines seraient totalement démobilisées le 11 septembre. Alors, les forces du Taliban, déclenchant une offensive toute azimut, ont hâté leur départ.
La semaine dernière le Taliban capturait les villes, l’une après l’autre, jusqu’à occuper Kendahar, la deuxième ville d’Afghanistan, jeudi dernier, 12 août, après la chute, la veille, d’Herat, la troisième ville. Il ne fallait que trois jours pour que Kabul, la capitale, soit occupée par le Taliban.
Tôt dans la matinée du dimanche, 15 août, le président afghan, Ashraf Ghani, a pris la fuite. Selon une dépêche attribuée à l’Union soviétique, il aurait laissé la capitale avec quatre (4) véhicules et un hélicoptère, tous bourrés de cash. Destination : Tajikistan. Alors, il n’y pas seulement qu’un Jovenel Moïse de se faire des provisions en cash. Malheureusement, dans son cas, il n’a pas eu le temps d’en jouir.
Alors, c’est maintenant le sauve-qui-peut, symbolisé par ces gens en désespoir s’accrochant à un avion se décollant, certains ayant succombé. Il y aura des douleurs et des grincements de dents, car les Afghans qui étaient alliés aux Américains sont ciblés par le pouvoir Taliban, qui les désigne d’espions et d’apatrides.
Toutefois, au cours d’une première conférence de presse hier, mardi 17 août, un porte-parole du gouvernement Taliban a déclaré qu’il n’y aura pas de représailles contre quiconque, que les droits des fem mes seront respectés. Est-ce dire que le Taliban est prêt à enterrer la hache de guerre et s’ouvrir au monde, en recevant les lettres de créance même d’un diplomate américain. Il n’est que d’attendre.
Entre-temps, aux Ētats-Unis, les critiques contre Joe Biden sont multiples, car il est tenu pour responsable d’une défaite aussi humiliante. Il aurait dû organiser une démobilisation ordonnée, dit-on. Quant à lui, il a réaffirmé sa décision, assumant toute responsabilité, disant, dimanche, qu’il ne pouvait concevoir la perte illimitée de citoyens américains, tandis que les Afghans étaient peu enclins à com battre l’ennemi.
En trois jours, Haïti a été en butte à deux catastrophes naturelles. Samedi dernier, 14 août, un tremblement de terre, mesurant 7.2 sur l’échelle Richter, a frappé les trois départements formant « le Grand Sud », depuis subdivisés en Nippes, le Sud et la Grand’ Anse. Jusqu’à lundi soir, 17 août, l’agence gouvernementale Protection civile avait recensé 1 419 décès et 6 900 blessés. Mais les statistiques changeront vers la hausse à mesure que les routes sont déblayées.
En première page, Léo Joseph, l’éditeur, fait un récit détaillé des déboires du Grand Sud, suite au séisme du samedi qui dépasse en intensité celui du 12 janvier 2010. Sont aussi recommandés les éditoriaux, en français et en anglais, aux pages 10 et 11, qui traitent de la gourmandise des autorités haïtiennes s’agissant de ressources financières dédiées au peuple. Qu’adviendra, cette fois-ci, car la donne a changé.
C’est le dicton français qui veut « jamais un sans deux » et le créole « abse sou klou » qu’on évoque quand, avant-hier, lundi 16 août, le mal nommé « Ouragan Grâce » a balayé presque tout le Grand Sud, pendant que bon nombre de gens n’avaient que le ciel comme couverture. Un appel général a été lancé demandant que ceux ayant encore un toit pout les protéger d’accepter d’abriter les sans abris.
Dire que ces fléaux frappent la nation, environ un mois après l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse. Qu’une de ses sœurs aurait succombé lors de l’effondrement de l’hôtel Le Manguier, aux Cayes, reste à confirmer. Mais, tel qu’annoncé sur les ré seaux sociaux, le jour même du séisme, l’ex-sénateur et ex-maire de la ville des Cayes, Gabriel Fortuné est bien mort.
Que ceux qui parlent de « malédiction » contre Haïti se réfère à l’article en créole de la colonne Grenn Pwonmennen, à la page 6, pour se détromper. C’est un fait scientifique que le pays se trouve dans un point du globe où les plaques faisant tourner la terre se frottent, à un certain moment et causent les tremblements de terre. D’ailleurs, Haïti n’est pas l’unique pays à subir des tremblements de terre ou à être visité par les ouragans.
*Naomi Osaka, la vedette du tennis fait un don pour les sinistrés du séisme.
En apprenant la nouvelle du tremblement de terre, samedi, Naomi Osaka a annoncé qu’elle donnerait tout ce qu’elle aura gagné dans son prochain tournoi aux victimes du séisme. Veuillez lire ici son tweet : « Vraiment, cela fait mal de voir toute cette destruction en Haï ti, et du fond de moi-même, j’ai ce sentiment que nous n’avons pas un moment de répit. Je joue à un tournoi cette semaine et je donnerai tout l’argent gagné pour aider à soulager la douleur en Haïti. Je sais que le sang de nos ancêtres cou le fortement dans nos veines, nous irons toujours de l’avant ». (Traduction HO de l’anglais)
*Joel Dreyfuss, journaliste d’origine haïtienne, fait une plaidoirie pour l’implication de la Diaspora haïtienne dans la solution de la crise au pays. Ancien chroniqueur du Washington Post, Joel Dreyfuss a laissé parler son cœur dans cette analyse dans la revue Politico du 10 août courant.
Selon lui, Haïti a eu une perte de cerveaux remontant à l’ascension de François Duvalier en 1957, qui a continué sous son fils Jean-Claude dans les années ’70 et ’80. Aujourd’hui nombre de professionnels, intellectuels, hommes d’affaires, politiciens, artistes de renom, etc. brillent dans des domaines variés et ont de l’influence auprès d’hommes politiques, qui en France, au Canada et aux Ētats-Unis. Ils sont ce qu’il faut pour la relève de la nation.
À lire Joel Dreyfuss et à entendre Daniel Foote, l’Envoyé Spécial de l’administration Biden pour Haïti, on veut croire qu’il est temps que la Diaspora soit impliquée dans la recherche d’une solution viable à la crise haïtienne. Il ne faut plus que des transferts, soit 3,8 milliards de dollars (3 800 000 000,00 $) en l’année 2020, soit le tiers du produit national brut. Oui, fini le temps de la boutade, « Voye lajan an, fèmen dyòl nou! »
Pierre Quiroule II 18 août 2021
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 31 New York, édition du 18 août 2021, et se trouve en P. 3 h-o 18 aout 2021