Un frère et une sœur de l’ex-président parmi les premières personnes arrêtées par Léo Joseph

JOIGNANT LE GESTE À LA PAROLE DANS SES DISCOURS DE CAMPAGNE

  • Luis Abinader part en guerre contre la corruption
  • Un frère et une sœur de l’ex-président parmi les premières personnes arrêtées par Léo Joseph

Le nouveau président de la République dominicaine ne lésine pas sur les moyens ni sur la volonté de tenir ses promesses de campagne. Aussi a-t-il mis en branle la machine des poursuites contre des anciens fonctionnaires des administrations antérieures. La procureure spéciale chargée du traitement de ces dossiers vient d’annoncer les premières arrestations effectuées dans le cadre de cette initiative. Ayant reçu carte blanche du chef de l’État, Miriam Germán Brito n’y va pas de main morte.

En effet, tôt dans la matinée du dimanche (2 novembre), elle a fait procéder à l’arrestation d’une dizaine de personnes, qui ont été immédiatement incarcérées, en attendant l’instruction de leurs dossiers. Selon les déclarations de la procureure, ces personnes, ainsi que des fournisseurs et hommes de paille ont profité de leurs relations préférentielles avec le pouvoir pour accumuler des fortunes colossales dans le dernier gouvernement, celui de Danilo Medina.

Parmi les premières personnes inculpées se trouvent Francisco Pagán, ancien directeur général du Bureau des ingénieurs et superviseurs des Travaux publics. Aussi bien que Carmen Magalys Medina Sánchez, ex-vice-présidente du Fonds patrimonial des entreprises réformées et Juan Alexis Medina Sánchez, sœur et frère du prédécesseur de M. Abinader.

Suite à ces arrestations, l’enquête en cours sur ces dossiers entre dans une nouvelle phase. Elle sera suivie de près par la procureure générale Miriam Germán Brito. Les accusés comparaîtront prochainement par-devant un juge instructeur, qui déterminera les mesures coercitives à prendre dans le cas de chaque accusé.

Dans un communiqué de presse émis peu après les arrestations, l’office de la procureur a fait savoir que le public sera informé de l’évolution du cas, en temps opportun, tout en indiquant que toutes les mesures ont été prises, en vue d’assurer le respect, tant de la procédure pénale que des droits des accusés, qui sont gardés en détention provisoire au Palais de justice de Cuidad Nueva, Distrito Nacional (Santo Domingo).

La machine de répression contre la corruption lancée risque de passer sur tous les anciens fonctionnaires qui ont trempé dans des actes répréhensibles, particulièrement ceux qui se sont enrichis de manière illicite. C’est pourquoi, César Augusto Prieto San tamaria, directeur du Plan social dominicain, et un dirigeant de Parti de libération national, la formation politique dont fait partie l’ex-président Léonel Fernandez, s’est suicidé, avant même qu’il soit arrêté. Selon les informations disponibles, à la capitale dominicaine, il s’est logé une balle unique dans la tête.

La manière dont Luis Abinader gère le phénomène de la corruption, dans son pays, ne doit pas laisser indifférents les hommes au pouvoir en Haïti, surtout que les grosses légumes du Palais national et d’autres installées au sein de l’administration publique n’ont pas lésiné sur les moyens pour s’enrichir aux dépends de la caisse publique. Ils doivent penser sérieusement à la façon dont le chef d’État dominicain abordera leurs dossiers car sachant dans quelles conditions les hommes et femmes au pouvoir en Haïti ont ramassé leurs millions.

En effet, presque tous les hommes et femmes qui ont fait partie de la fonction publique, au niveau de l’Exécutif aussi bien que dans le monde des parlementaires, sous l’empire du PHTK, ont placé les mil lions volés, du Fonds Petro Caribe, ou réalisés à coups de transactions illicites, possèdent des comptes en ban que en République dominicaine, ou bien ont fait l’acquisition de biens immobiliers dans le pays voisin. Des sources dignes de foi, à Santo Do min go, ont révélé que Jovenel Moïse, Michel Martelly, Mar tine Joseph Moïse, Rénald Lubérice, Rony Célestin, pour ne citer que ceux-là, possèdent des villas de l’autre côté de la frontière. Il en est de même pour Laurent Lamothe, qui aurait fait l’acquisition de deux villas dans des quartiers huppés de Santo Domingo.

On se demande si, dans le cadre de la lutte contre la corruption, en cours dans son pays, M. Abinader resterait insensible à l’égard des dilapidateurs de fonds publics, en Haïti, ou qui ont fait de la corruption leur apanage pour, ensuite, investir ou placer en République dominicaine, les fonds escamotés en Haïti.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 2 décembre 2020 VOL. L No. 47 NYC US, et se trouve en P. 1, 14, 16 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2020/12/H-O-2-dec-2020.pdf