9-16 août 2023—NOUVELLES BRÈVES ET COMMENTAIRES par RAJ

9-16 août 2023—NOUVELLES BRÈVES ET COMMENTAIRES
Quand l’ambassade américaine ferme ses portes à Port-au-Prince

Il se pourrait que les Américains débarquent en Haïti avant que n’arrive le contingent de policiers du Kenya. Car la situation a empiré à tel point que l’administration Biden a annoncé hier, mardi 8 août, que leur ambassade à Tabarre, zone huppée de Port-au-Prince, est fermée, temporairement. Un avis qui a été révisé presque immédiatement.

Cette décision était prise, selon un communiqué de l’ambassade, par mesure de précaution pour assurer la sécurité de leur personnel et de leurs installations.

En effet, depuis le matin d’hier, il y a eu une vive tension à Tabarre, suite à une intensification de tirs à l’arme automatique. Bien qu’aucune révélation n’ait été faite concernant les auteurs de ces attaques, les yeux sont braqués sur Vitelhomme Innocent avec son gang Kraze Baryè qui fait la pluie et le beau temps depuis plusieurs semaines dans la zone.

Rappelons que des citoyens, de tous âges, de Tabarre et des zones environnantes avaient cherché refuge devant l’ambassade américaine, les 23 et 24 juillet, pour échapper à la violence des malfrats sous les ordres de cet Innocent, qui est coupable de pires crimes. Dans l’après-midi du 25 juillet, des unités de la Police Nationale d’Haïti (PNH), d’ordre de Frantz Elbé, directeur général de la PNH, avaient violemment chassés les prétendus refugiés, à coups de bâton et de bombes lacrymogènes, contre tous, y compris des femmes enceintes, d’autres qui allaitaient des enfants et des vieillards, qui avaient beaucoup de peine à se déplacer.

Pourtant les diplomates gardaient le silence face aux traitements inhumains infligés aux citoyens sans défense pris entre la violence des gangs et celle des policiers, apparemment de mèche avec les gangs, ayant carte blanche.

Dans ce contexte, le Département d’État avait, le 27 juillet, ordonné le personnel de l’ambassade considéré « non essentiel », ainsi que leurs familles, de laisser Haïti. De plus, les Américains, en général, ont été conseillés de laisser le pays « dans des vols commerciaux ou par tout autre moyen de transport ». Ce qui indiquait, entre autres, que les autorités américaines, s’attendant au pire, suggéraient même une démobilisation par la frontière haïtiano-dominicaine.

Voilà que douze jours plus tard, c’est l’ambassade même qui est fermée pour parer au pire. Avant même la fin de la journée, la mesure temporaire a été révisée, mais le service régulier ne sera pas repris.

À quoi s’attendre? Les Américains demanderont-ils à leur Premier Ministre de facto et à son directeur général de Police de faire un coup de fil à leur collaborateur Vitelhomme Innocent, qui prétend avoir leurs coordonnées téléphoniques en cas de besoin, pour s’enquérir de la nouvelle donne et à quoi s’attendre. Certains se demandent pourquoi Jean-Bertrand Aristide, logé au bulevard 15 octobre, à Tabarre, sur le même boulevard que l’ambassade, garde-t-il le silence? Aurait-il un accord avec le chef de gang de la zone, comme c’est le cas pour le Premier Ministre et le chef de la Police? Pire, ancien chef des gangs dit chimères, serait-il le patron de certains des gangs actuels? Ou encore son corps sécuritaire serait-il mieux
armé que les gangs qui font la loi dans la zone?

À quand l’arrivée du contingent kényan?
Depuis plus d’une semaine, les États-Unis, de concert avec l’Équateur, devaient présenter une résolution au Conseil de Sécurité de l’ONU, pour obtenir son assentiment en ce qui concerne le déploiement des policiers kényans, auxquels d’autres forces militaires et policières de la Caraïbe se disent prêtes à les rejoindre.

Entre-temps, la situation, s’aggravant en Haïti, et les intérêts américains menacés, il se peut qu’une brigade américaine débarque, avant l’arrivée d’une force autorisée par l’ONU, en vue de protéger les infrastructures américaines au pays, comme par le passé, avant que n’arrive une force onusienne pour les remplacer.

Alors, l’on se demande quel avenir pour Ariel Henry dans cet imbroglio? Car, n’étant pas en mesure de démentir Vitelhomme Innocent, qui a vendu la mèche quant à ses contacts avec lui, ainsi qu’avec le chef de la PNH, le Premier de facto est à découvert par rapport à ses accointances peu orthodoxes. Comment peut-on lui faire confiance dans une campagne visant à démanteler les gangs?

D’ailleurs, comme nous l’avons souvent souligné, si Ariel Henry n’avait aucune entente avec certains gangs, il aurait longtemps mis en branle Police contre les gars du Gang 5 Secondes qui, ayant déguerpi près de vingt mille (20 000) citoyens de leurs demeures, avaient pris contrôle de Martissant, depuis le 1er juin 2021, avant même l’assassinat de Jovenel Moïse. Plus de deux ans et deux mois, ils sont encore là, isolant quatre départements géographiques du Grand Sud, en sus de trois villes, qui dépendent administrativement de la capitale, Port-au-Prince.

Pourtant, le 18 mai dernier, quand il avait transféré la fête du bicolore, de l’Arcahaie à Cap-Haïtien, il avait mobilisé quelque 150 policiers de Port-au-Prince pour renforcer sa sécurité dans la deuxième ville de la République, située à 94 kilomètres de la capitale, mais sans qu’il soit confronté réellement au problème de sécurité. N’est-on pas en droit de demander pourquoi n’a-t-il jamais mobilisé ces mêmes policiers contre les malfrats occupant Martissant, faubourg sud de Port-au-Prince? Je le répète, Ariel Henry est à découvert.

Coup d’État au Niger, affectant des intérêts occidentaux, Vladimir Poutine pourrait étendre son influence en Afrique

Depuis le 26 juillet que des militaires de ce pays de l’Afrique de l’Ouest gardent le président Mohamed Bazoum, en résidence surveillée, à la capitale, Niamey, le torchon brûle au niveau diplomatique entre les « pour et contre » le coup qui, jusqu’à présent n’est pas tout à fait consommé, bien que le Général Abdourahmane Tchiani, à la tête de l’opération, se soit déclaré le nouveau chef du pays.

Les États-Unis et la France sont opposés à ce coup de force, déclarant que l’aide financière au Niger sera interrompue. ECOWAS, le bloc régional dit « Economic Community of West African States” avait lancé un ultimatum, le 30 juillet, demandant aux putschistes de rétablir le président légitime, Bazoum, dans ses pouvoirs dans un délai d’une semaine, au risque de subir les conséquences de leur action, sans écarter la possibilité d’une action militaire.

Le délai de la menace d’ECOWAS a expiré dimanche dernier, 6 août, et la situation reste inchangée. Les militaires qui ont orchestré le coup d’État ont fermé le pays, interdisant les vols aériens, prétextant la menace d’une intervention militaire à leur encontre toujours possible.

Entre-temps, les leaders de deux pays limitrophes du Niger, savoir le Mali et Burkina Faso, appuyant les putschistes, ont déclaré que toute intervention militaire contre leur voisin serait considérée comme « une déclaration de guerre » contre eux aussi.

Et la situation a pris une dimension internationale, quand des milliers de manifestants, favorables au coup d’État, ont envahi, le 31 juillet, les rues de Niamey, le drapeau russe flottant visiblement. Leur hostilité envers la France, dont le Niger était une colonie, s’exprimait dans les slogans qu’ils lançaient : « Abas la France! Vive la Russie! Vive Poutine! »

Si le putsch aboutit, ce sera une victoire pour la Russie qui, de plus en plus, se tourne vers l’Afrique, au détriment des puissances occidentales, qui considéraient le continent africain comme leur chasse gardée. .

*Aux États-Unis, l’ex-président Trump bientôt inculpé une quatrième fois

Après avoir été inculpé à New York, en Floride, à Washington, Donald Trump est sur le point d’être mis en accusation dans le comté de Fulton, dont faitpartie la ville d’Atlanta, dans l’état de Georgia, suite à une investigation qui s’est étirée sur deux ans et demi.

En effet, la procureure du district, Fani Willis, s’est déclarée fin prête pour présenter toute l’évidence sur les menées de Donald Trump, de concert avec une vingtaine d’individus, au grand jury qui prononcera l’accusation formelle contre l’ancien chef d’État. Ce dernier avait tout mis en œuvre pour changer le vote des citoyens en Georgia, lors des élections du 3 novembre 2020, afin d’annuler la victoire de Joseph « Joe » Biden, le démocrate.

M. Trump est dans ses petits souliers dans ce cas, puisqu’il sera utilisé comme témoin à charge contre lui-même. La vidéo dans laquelle on le voit au téléphone, s’adressant à Brad Raffensperger, secrétaire d’État de Georgia, lui demandant « Trouvez-moi 11 780 votes » afin d’annuler le total en faveur de Biden, est l’une des pièces à conviction contre lui, en sus d’autres assez graves, surtout les menaces contre une mère et sa fille (Ruby Freemman et Shaye Moss), qui avaient été accusées par Rudolph Giuliani, bras droit de Trump, de changer les chiffres dans un bureau de vote en faveur de Biden. Or, le 26 juillet, M. Giuliani a admis que son accusation était fausse. Bien sûr, il sera du nombre des vingt qui seront inculpés avec
Donald Trump.

Déjà, les autorités prennent les précautions nécessaires, en mettant une ceinture de sécurité en vue de protéger le tribunal contre tout assaut de partisans de Trump. Ce qui indique que l’inculpation pourrait se produire d’ici la semaine prochaine.

Entre-temps, le conseiller spécial Jack Smith, chargé par le département de la Justice, à Washington, de mener l’enquête sur tous les crimes qu’aurait perpétrés l’ex-président, demande à la Cour de mettre l’ex-président sous un contrôle rigoureux quant à ses déclarations publiques.

Car, après son inculpation formelle au tribunal, à Washington, le jeudi 3 août, dans le cas de l’assaut contre le Capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021, il eut à faire cette menace, postée sur son site internet le vendredi 4 août : « Si vous me poursuivez, je viendrai après vous ». (« If you go after me, I’m coming after you. ») Maintenant, il aura à s’expliquer à la Cour pour ses écarts de langage. Dossier à suivre.

*Et ça chauffe entre la Russie et l’Ukraine, car Moscou est attaqué par des drones, et la Russie réplique par des offensives mortelles en Ukraine. Et voilà que l’exercice militaire de 24 à 48 heures de Vladimir Poutine, lancé contre son plus faible voisin, le 24 février 2022, est à son 18 e mois, et
maintenant il s’agit d’une guerre illimitée. On y reviendra la semaine prochaine.
Pierre Quiroule II, c/o raljo31@yahoo.com

cet article publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur (version modifiée), VOL. LIII, No. 28 New York du 9 août 2023 et se trouve en P.3 à : h-o 9 aout 2023

Haïti-Observateur / ISSN: 1043-3783