Ariel Henry chemine vers la porte de […] sur le point de le lâcher par Léo Joseph

APRÈS 28 MOIS DE GESTION CALAMITEUSE D’HAÏTI

  • Ariel Henry chemine vers la porte de sortie Ses patrons sont sur le point de le lâcher
  • par Léo Joseph

Ariel Henry et ses partisans se frottent leurs mais de satisfaction, après que le Conseil de sécurité eut voté en faveur du déploiement d’une force de sécurité internationale pour venir en aide à la Police nationale, dans sa lutte pour mettre fin à l’empire des bandes armées sur la population haïtienne. Une victoire pour lui, certes, mais à la Pyrrhus, car il risque, tout au moins, de laisser sa peau politique. Dans les milieux diplomatiques, loin d’Haïti, les conversations vont bon train sur son éjection du pouvoir, le prix, dit-on, à payer pour obtenir cette intervention militaire étrangère
tant souhaitée.

Depuis quelques jours, des conversations intrigantes vont bon train sur la santé politique d’Ariel Henry dont on parle du lâchage par ses tuteurs désespérément déçus de sa gestion des affaires du pays. Les pays qui, pour des raisons à eux seuls connus, avaient pris la liberté de fomenter, à son profit, cette conspiration ayant abouti à son atterrissage, à la primature, ruminent discrètement leur déception. Ceux qui ont eu l’outrecuidance
de s’enfoncer dans cette imposture, à l’encontre du peuple haïtien, pour enfoncer Ariel Henry dans gorge, n’ont pas manqué de récolter les fruits amers de leur insolence diplomatico-politique.

En effet, à force d’être bombardés de jérémiades concernant les manœuvres politiciennes du Premier ministre de facto, de la part d’autres acteurs exaspérés de la gestion de la crise par ce dernier, notamment en ce qui concerne les promesses non tenues, ses supporteurs les plus acharnés ont « tiédi », certains totalement « désenchantés ». Parlant sous le sceau de l’anonymat, des diplomates se disent particulièrement révoltés contre l’attitude rigide d’Ariel Henry à l’égard d’autres acteurs haïtiens opposés à sa gestion de la crise, simplement voulant se donner des avantages politiques. Il semble que des critiques longtemps formulées dans les secteurs hostiles au maintien de ce dernier, à la primature, disant qu’il entend s’accrocher au pouvoir, afin d’organiser des élections, à son profit, soient accréditées même dans des milieux américains, tout récemment encore, dévoués à sa cause.

Il faut signaler que la question relative au statut d’illégitime et de non élu d’Ariel Henry, longtemps dénoncée par le Premier ministre de Saint Vincent et Grenadines, Ralph Gonsalves, qui n’a jamais raté une occasion pour la réitérer. Aussi des secteurs ont-ils fini par retenir sa mise en garde. Ce revirement a-t-il changé bien d’attitudes concernant le Premier ministre de facto haïtien.

Un autre argument qui a contribué à miner la crédibilité de ce dernier, sur la scène internationale, est celui qui le fait passer comme pour partie prenante dans l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse. Cette critique suit sont cours au sein de l’establishment politique et diplomatique américain dont des acteurs se sont ouvertement prononcés. Comme, par exemple, l’ambassadeur Daniel Louis Foote, le premier envoyé spécial du Département d’État pour Haïti. Nommé en juillet, immédiatement après la mort tragique de Moïse, il devait démissionner deux mois plus tard, en septembre, pour cause de désagréments avec ses supérieurs, sur la politique de son pays avec Haïti. Depuis lors, M. Foote n’a cessé de lancer des dénonciations contre Ariel Henry, notamment pour être mal nommé à la tête du pays, donc le taxant aussi d’illégitime, en sus de pointer du doigt son rôle dans l’assassinat de Jovenel Moïse.

Ariel Henry, une épine au talon de Joe Biden

Les graves critiques contre le Premier ministre de facto fusent de toutes parts, au sein de la communauté internationale, mais de manière significative, dans le monde politique américain, surtout démocrate, le Parti de Joe Biden. Il y a longtemps que s’élèvent des voix parmi les plus autorisés demandant au chef d’État américain de cesser d’appuyer Ariel Henry, qui ignore royalement ses collègues.

Si les grands ténors démocrates ne sont pas encore montés au créneau contre M. Bidon, par rapport au neurochirurgien, cela ne signifie pas que tout va bien dans le meilleur des mondes entre Joe Biden et le troupeau démocrates. Il n’y a à peine quelques semaines, Patrick Gaspard, qui a été nommé ambassadeur des États-Unis en Afrique du Sud, par le président Obama, a écrit un article très critique d’Ariel Henry, dans lequel ce dernier
est présenté comme ayant fait partie du complot ayant abouti à l’assassinat brutal de Jovenel Moïse, le 6 juillet 2021, en la résidence de la famille présidentielle, à Pèllerin, dans les hauteurs de Pétion-Ville.

Différents acteurs politiques américains ont dénoncé le Premier ministre de facto haïtien, citant les révélations d’un juge instructeur haïtien chargé de l’enquête sur ce crime odieux selon lesquelles le Dr Henry s’est entretenu à deux reprises avec Joseph Félix Badio dénoncé comme cheville ouvrière de ce complot d’assassinat.

Vu le rôle de receleur, en ce qui concerne Ariel Henry, que s’attribue l’administration Biden, dans l’enquête sur la mort de Jovenel Moïse, faisant de la Justice américaine le pilote des activités judiciaires et juridiques trop de questions attendent leurs réponses. Dès lors, comment expliquer la protection dont jouissent des personnes dénoncées par des juges instructeurs et la Direction de la Police judiciaire (DCPJ), dans ce crime ? Certains accusés, qui étaient en cavale en Haïti, ont été extradé de Panama, de la Jamaïque et de la République dominicaine. Il s’agit de Rodolphe Jaar, ancien informateur de la Drug Enforcement Administration DEA et trafiquant de drogue. Appréhendé à Santo Domingo, il fut arrêté et remis aux autorités policières pour être transféré à Miami. Passé au jugement, il a été trouvé coupable et condamné à prison à vie. L’ex-sénateur Joseph Joël John, qui fut expulsé de la Jamaïque et transféré également à Miami a été jugé, lui aussi. Trouvé coupable, il attend tranquillement sa sentence.

Pourtant, Joseph Félix Badio, identifié comme étant le principal conspirateur, dans l’assassinat du 7 juillet, se la coule douce, quelque part, dans un quartier huppé de Port-au-Prince, tandis qu’il est « activement recherché par la Police ». Quant au Premier ministre de facto Ariel Henry, également
accusé de complicité dans l’assassinat de M. Moïse, il mène les destinés de la République, en collaboration avec le CORE Groupe recevant ses ordres du Départe ment d’État.

cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, VOL. LIII, No.37 Édition New York régulière du 18 octobre 2023, et se trouve en P.1,2 à  : h-o 18 oct 2023

Haïti-Observateur / ISSN: 1043-3783