LE TORCHON BRÛLE AU SEIN DU RÉGIME PHTKISTE
- Ariel Henry trébuche sur une pente savonneuse… Par Léo Joseph
- Les jovenelistes lancent l’assaut…
À force de vouloir conserver le pouvoir tel qu’il est, c’est-à-dire un Exécutif monocéphale, le Premier ministre de facto ne recule devant aucune alliance pour atteindre son objectif. Les tractations multisectorielles dans lesquelles il s’est engagé risquent de l’entraîner vers sa perte. Surtout qu’il se retrouve sur une pente savonneuse d’où il peut ne pas pouvoir faire marche arrière.
En effet, la première flèche vient d’être décochée sur lui, par le truchement du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Bed-Ford Claude, obéissant aux ordres du ministre de la Justice, Rockefeller Guerre, requérant «les relevés d’appels téléphoniques passés entre les numéros 509.388.7107 et 509.3732.2076 appartenant respectivement à monsieur Joseph Félix Badio et monsieur Ariel Henry entre le 1e et le 15 juillet 2021 ». Voilà franchie la première étape d’une action visant inexorablement à éjecter M. Henry de la primature.
Alors que le Premier ministre de facto fait des mamours aux partis d’opposition farouchement hostiles au PHTK, cherchant à récupérer l’héritage politique de Jovenel Moïse avec des alliés issus de la même famille politique, l’homme qui avait été choisi par le président de facto défunt, pour succéder à Claude Joseph, chef du gouvernement que celui-là avait rejeté, forge son alliance dans l’opposition.
Jovenelistes out ?
La stratégie politique ayant abouti à cette démarche auprès de la Digicel, la compagnie de téléphone cellulaire dont le Premier ministre de facto et l’homme accusé d’avoir ordonné l’exécution de Jovenel Moïse, est lancée afin de couper court au projet macabre du neurologue bombardé politicien par le président de facto défunt. Dans l’esprit des héritiers de ce dernier il faut aller très vite en besogne, car le chef de la primature a présentement le vent dans le dos, se retrouvant en bonne position par rapport aux promesses qui lui ont été faites, dans le cadre des conciliabules en cours.
Parvenu presqu’à la conclusion de son « deal » avec ses présents interlocuteurs, comme condition de l’appui qu’il recherche pour stabiliser son gouvernement et mettre à exécution sa propre proposition de sortie de crise, Ariel Henry ne reculera pas face à l’idée proposée de livrer les jovenelistes « en pâture ». Dans ce cas précis, il n’affiche aucun état d’âme. Surtout que les conditions qui l’ont amené au pouvoir l’ont obligé à cohabiter avec «des étrangers politiques ». Il est considéré comme un « intrus », dans le monde PHTKiste/joveneliste.
Les négociations vont bon train, et elles prévoient la mise à l’écart de la grande majorité des hommes qui l’entourent aux réunions du Conseil des ministres. Donc, out jovenelistes : ministre des Affaires étrangères Claude Joseph, celui de la Justice et de la Sécurité publique, le titulaire de la Planification et de la Coopération externe, Dieuseul Simon Desras, le ministre des Finances et des Affaires économiques, Patrick Michel Boisvert, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Rockefeller Vincent.
Deux directeurs généraux sont menacés de suppression. Il s’agit du patron du Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (BMPAD), Fils-Aimé Ignace Saint-Fleur, et du chef de l’ONA.
D’autres jovenelistes sont visés dans ce qui prend l’allure d’une véritable purge exigée par les interlocuteurs politiques d’Ariel Henry.
Il paraît certain que l’initiative de Me Claude, qui donne à penser que l’équipe des jovenelistes entend se défaire rapidement d’Ariel Henry, avant qu’il ne soit en mesure de sévir contre eux, vise à mettre ce dernier hors d’état de nuire, à brève échéance. Certains disent « dans les prochaines heures ».
Reste à savoir si les nouvelles alliances conclues par Ariel Henry pourront l’aider à surmonter cette dernière attaque, qui a toutes les chances de tout chambouler pour lui.
Rien à faire, le torchon brûle, au sein du pouvoir PHTKiste. Les hostilités ne tarderont pas à s’ouvrir. Les jovenelistes vont tout entreprendre pour qu’ils ne soient pas jetés par-dessus bord. Et les nouveaux alliés du neurologue sont parvenus trop proches du pouvoir pour accepter d’essuyer docilement le magistral «panzou ». L.J.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 34 New York, édition du 8 septembre 2021, et se trouve en P. 1, 2 à : h-o 8 sept 2021