Au mariage de Michael Pabon et de Pharah Dee Clermont par Louis Carl Saint Jean

Au mariage de Michael Pabon et de Pharah Dee Clermont par Louis Carl Saint Jean

  • COIN MONDAIN

En ce matin du 19 octobre, il fait infiniment doux à Brooklyn. La pluie, qui menaçait de tomber, a volé en éclats. Le firmament a donc nous a épargné ses larmes, nous conviant plutôt à savourer d’autres charmes. Les feuilles tombées des arbres et des arbustes, jonchant et à dorant timidement le sol, semblaient nous chuchoter tant de secrets et nous faire remémorer tant de doux souvenirs. L’air est déjà à la fête…

L’après-midi arrive. Le temps nous cajole de plus belle sa douceur. Le ciel projette avec grand soin les multiples couleurs de l’amour. Le souffle léger et vivifiant du vent d’automne, comme celui de l’Esprit Saint, caresse le visage des uns et des autres. Sereine, la ville défie les prévisions météorologiques. L’air est à l’amour…

Il est 15 heures, en cet après- midi de samedi de grâce. Michael Pabon et Pharah Dee Clermont, deux adorables fiancés, avaient invité une centaine de parents et d’amis pour partager avec eux une féerie d’amour, le plus beau jour de leur vie: la célébration de leur mariage. Officiée par le révérend John J. Amann, elle a eu lieu à Holy Family Church, sise au 9719 Flatlands Avenue, à Brooklyn.

À l’intérieur de l’église, admirablement décorée, l’ambiance est à la foisfaste et révérencieuse. C’est fête au pays des anges ! C’est fête à Brooklyn aussi. Du côté de Pharah, on remarque la présence d’oncles, de tantes, de cousins et de cousines habitant loin du « Big Apple ». Parmi eux, j’aperçois de loin Franck et Marie Follet Clermont Bloncourt, Devige Clermont Joseph, Dumouchel et Yanick Clermont, Marie Justine Lauture, Leclerc et Sylvia Lauture et autres, vivant respectivement au Québec, au Tennessee, à Philadelphie et en Haïti. Ils sont entourés de Dubner et Huberthe Clermont, de Doloresse Clermont, d’Evans et Yvonne Etienne et bien d’autres membres de la famille, résidant, eux, à New York.

Dans la rangée des invités de Michael, on note la présence de frères, sœurs, cousins, cousines, neveux, nièces, amis et collègues de travail: Tiffany Morales, Jo- shua Alston, Jessica Brooks, Alejandro Santiago, Anthony Saconne, Ryan Nunoz, James Carlo, Tevar Stevens, Emani Hardman, etc.

Bientôt, c’est l’entrée du cortège nuptial. En premier lieu, les airs de «Perfect» d’Ed Sheeran et du «Canon» en D majeur de Johann Pachelbel cadencent merveilleusement les mouvements des personnes composant le défilé. D’abord, Mme Marie Rose Napoléon Clermont, mère de la princesse de la soirée, ravissante dans sa longue robe grise, au bras de son fils Darwin Philippe Clermont, gagne sa place. Tout de suite après, Adrain Alvarez, frère et témoin du marié, conduit à son siège leur mère, Mme veuve Migdalia Pabon.

La fête bat déjà son plein. En effet, en second lieu, pour entourer les futurs mariés, on a d’abord admiré huit couples formés de charmantes demoiselles d’honneur et garçons d’honneur d’allure distinguée: Danhy Clermont et Alejandro Santiago; Tatyana Clermont et Loriel Lozano; Cheena Clermont et Dimitry Tassy; Alexandra Gilles et Ryan Munoz; Maritza Michel et Alex Vasiliades; Tayka Bois et James Issac; Orleen Lauture et Marvin Calixte; Dhunia Clermont et Joe Caruso. Ensuite, Sherice Wedderburn Caruso, la très élégante dame d’honneur, sera précédée de Kelley Moe, une autre bonne amie de Pharah. Cette dernière accompagnait sa coquette fillette Ahriel et son mignon fils Vash, parfaits dans leur rôle respectif de porteuse de fleur et de porteur d’anneau.

L’émotion est maintenant à son comble. Arrive en dernier lieu le moment tant attendu. Au bras de son père, l’ingénieur Darwin Clermont, tiré à quatre épingles, la jeune fiancée, radieuse dans sa traîne cathédrale Pronovias blanchâtre, un beau diadème posé sur sa tête et une magnifique gerbe d’orchidées blanches de dendrobium à la main, est conduite à l’autel. Enjolive cette partie la pièce «Can’t Help Falling in Love With You» de Kina Grannis, interprétée magistralement par Danhy Clermont, cousine de la princesse de la soirée.

Et la cérémonie débute par les mots d’accueil et la fervente prière du R.P. John J. Amann, lesquels sont suivis de la liturgie de la parole. Avec assurance, Loriel Lozano et Cheena Clermont lisent respectivement 2 Genèse 2 : 18 – 24 et 1 Corinthiens 12 : 31- 33. Ces lectures scripturaires et le chant du psaume des fidèles une fois dits, le père John J. Amann passe à la célébration du mariage. Se basant sur les versets 6 à 9 du livre de Marc, il prononce une homélie brillamment structurée qui nous a permis de constater que la verve sacrée était encore de saison.

Ce beau morceau d’éloquence fera suite à un moment clé de la cérémonie: l’échange des consentements des jeunes mariés. Le «I do», promesse dite devant Dieu et les hommes, rend désormais Michael et Pharah «une seule chair». Après une prière fervente de l’officiant, Pharah et Michael scellent symboliquement leur union par l’échange des alliances. Ensuite, pour rester fidèles à leur foi, d’un pas bien mesuré, les deux tourtereaux vont allumer ensemble la grande bougie, symbole d’unité, d’où sortira la flamme inextinguible de leur amour. Cette partie avait à peine terminée que Dhunia Clermont adressa la prière des fidèles.

Arrive maintenant l’eucharistie, rite combien important dans l’office religieux catholique. Jean-Claude Lauture, oncle maternel de Pharah, et sa femme Vivianne apportent à l’autel le pain et le vin, symboles du corps et du sang du Christ. Cette partie sera suivie par la prière eucharistique, l’oraison dominicale et le rite de paix, étapes qui prépareront les fidèles, les époux en tête, à recevoir la sainte communion. D’un ton révérencieux, Danhy Clermont entonne le cantique «One bread, one body», œuvre du compositeur John B. Foley, prêtre jésuite américain.

Après le Saint-Sacrement, pour marquer leur dévotion à la mère de Jésus, Pharah et Michael déposent un bouquet de fleurs aux pieds de la Vierge Marie. Au cours de cet hommage, Danhy s’est fait appréciée une troisième fois, en chantant d’une manière remarquable l’« Ave Maria » de Franz Schubert. Comme Duniah, cette talentueuse actrice et chanteuse de Broadway est la fille de Dubner Clermont, un des deux frères aînés du père de la mariée. Elle tient sans aucun doute ce talent de sa tante Devige Clermont Joseph, qui, rappelons-le, s’était surpassée dans le rôle de Chimène dans la pièce Le Cid en créole, et dans d’autres, jouée en Haïti dans les années 1970.

Il est maintenant un peu plus de 16 h 30. Nous touchons à la fin de la cérémonie. Une satisfaction proche de l’allégresse se lit dans tous les yeux qui ont croisé les miens. Le prêtre officiant invite les nouveaux époux à accomplir le dernier point, et non des moindres, de la cérémonie : la signature des registres. Ainsi faite, Michael et Pharah signent l’acte qui, devant Dieu comme devant les autorités établies, les établit désormais mari et femme. D’un ton plein d’humour, le révérend John J. Amann demande au couple d’échanger un baiser. Il renvoie alors l’assemblée avec «la paix de Dieu».

Il est 17 h 16.C’est la fin de deux heures d’une cérémonie empreinte d’une profonde piété. L’ambiance semble être à présent un peu plus détendue. Les accolades et les poignées de main des hommes indiquent un signe d’une immense satisfaction. Le sourire magique et la toilette raffinée des dames ainsi que l’élégance des jeunes filles enguirlandent l’église. Les nouveaux mariés font leur sortie, salués par des mots de félicitations et des vœux de bonheur.

À la porte d’entrée principale de l’église, le jeune couple est ovationné, sortant sous une belle est formée par certains invités d’honneur. Pharah, impeccablement coiffée par Mlle Sabrina Gilbert, est plus belle qu’elle ne l’a jamais été. On pourrait facilement la prendre pour la Choucoune d’Oswald Durand, la Luna d’Estrop Jean-Baptiste ou l’Esméralda de Roger Louis-Jacques. De son côté, Michael, élégant comme un acteur, le regard profond d’un poète romantique jurant de donner éternellement à l’élue de son cœur le «vero amore» cher à l’Italien amoureux.

L’on se retrouve maintenant sur le parvis de l’église. Parents et amis exultent de joie. Ce moment a aussi un peu l’air d’une fête de retrouvailles entre amis et même membres de la famille vivant un peu loin l’un de l’autre. D’abord, Franck Bloncourt, ancien présentateur des Fantaisistes de Carrefour, à qui je prends toujours plaisir à parler de musique haïtienne, et moi nous nous sommes salués avec chaleur. Entre-temps, je rencontre finalement le peintre et portraitiste Yves Deetjen, grand admirateur et émule de l’artiste Joe Ramponeau. Avant de nous rendre au festin des noces, prévu pour 19 heures, Yves et sa gentille femme Chantal Nicolas Deetjen m’invitent chez eux. L’artiste profite pour me présenter certaines de ses superbes œuvres. Devant tant de « couleur locale », j’avoue que j’en fus ébahi !

Quelques minutes avant l’heure prévue, Yves, sa femme et moi arrivâmes au Château Briand Caterers, à Carle Place, à Long Island. C’est dans ce chic restaurant que les jeunes mariés avaient donné rendez-vous à leurs invités pour une brillante réception. Comme l’ambiance était féérique! En premier lieu, le cocktail dînatoire est splendide et raffiné. Le hasard, qui fait toujours bien les choses, nous donna pour commensaux Claude et Franck Bloncourt. Inutile de dire combien nous avons profité pour parler de la bonne musique haïtienne et d’autres sujets, à mesure que nous dégustions de petites bouchées croustillantes arrosées de punchs délicieux.

Les moments de ravissement se succédèrent les uns aux autres. L’un avait à peine terminé qu’un autre sera offert aux convives. Il s’agit du repas de noces. L’entrée dans la salle des participants se fait dans une ambiance festive. Les parents des deux jeunes mariés, visiblement satisfaits, vont s’attabler au son d’une musique entrainante. Chacun des huit couples de jeunes filles et de cavaliers d’honneur gagne la salle en esquissant des pas étourdissants au son d’un morceau différent. Cette créativité artistique n’a pas manqué de susciter de vifs applaudissements.

Les transports de joie qui saluèrent la première parution en public du nouveau couple sont si délirants que j’essaierais en vain de décrire ce moment. L’assourdissante musique et les salves de hourras des convives font ébranler la salle. La danse a toujours occupé une place de choix dans toute réception de mariage. S’agissant de celle d’une jeune Haïtienne, cette distraction devient primordiale. Vient le délire! Michael et Pharah ouvrent le bal au son de «Se pa pou dat» d’Alan Cavé, l’un des artistes préférés de la mariée, dont le service a été retenu spécialement pour cette occasion spéciale. À son interprétation de son «365 jours», les jeunes amis et certains des parents des mariés spontanément envahissent la piste de danse. C’est l’euphorie !

Cependant, c’est à 22 h 13 qu’a eu lieu le clou de la soirée. Le marié danse avec sa mère, Mme veuve Migdalia Pabon, «A song for Mama», œuvre de Kenneth Brian Edmonds, dit Babyface, interprétée par le groupe Boyz II Men. C’est maintenant le tour de Darwin et de Pharah. Surprise agréable! «Bernadette», exquise meringue interprétée parle Jazz des Jeunes, est le morceau retenu pour la circonstance. Le couple danse à la perfection cette pièce magistrale, l’une des plus belles de la musique haïtienne, que Maître Délile Benoît, grand-père de mon ancien pasteur Alourdin Benoît et grand oncle de mon ami O’Connel Benoît, avait composée pour sa fille du même prénom.

La joie atteint son paroxysme à la suite du discours du principal témoin. L’animation musicale, assurée par DJ Ricky, soulève un enthousiasme formidable de la part des uns et des autres. Il a eu le mérite de satisfaire tous les goûts. Au son des morceaux de R&B, de salsa, de reggae, de zouk et d’autres genres, a dansé une cinquantaine de couples. Si des tubes crées par des artistes étrangers ont réveillé leurs passions, ce sont cependant les succès haïtiens, anciens et nouveaux, qui ont vraiment provoqué le délire parmi les conviés.

Je rappelle que Pharah Dee Clermont Pabon, analyste de données, est détentrice d’une maîtrise de cette spécialisation du Thomas Edison State University. De son côté, Michael Pabon, avide de golf, de tennis et d’échec, est diplômé de ROTC Marine Corps et prépare une autre licence en informatique. Ils sont donc appelés à un bel avenir, surtout s’ils accordent à Dieu la première place dans leur foyer. Car «Si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain…» (Psaume 127 :1.)

La nuit se répand sur la ville. Elle nous enveloppe jalousement de son beau manteau noir. Et tout est bien qui finit bien. Quelques minutes après minuit, c’est la fin du programme. Je ne me serais jamais pardonné si, pour une raison ou une autre, j’avais raté cette cérémonie qui, à cause de ses délices, restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Louis Carl Saint Jean louiscarlsj@yahoo.com 26 octobre 2019


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 20 novembre 2019 Vol. XXXXIX No.45, et se trouve en P. 9, 14 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/11/H-O-20-novem-2019.pdf