Aujourd’hui : Le vote pour la mise en accusation formelle du président Trump

NOUVELLES BRÈVES par Pierre Quiroule II,

  • Aujourd’hui : Le vote pour la mise en accusation formelle du président Trump

La saga qui a débuté depuis fin juillet, quand un appel téléphonique, le 25 juillet, du président Donald Trump, à son homologue ukrainien, le président Volodymyr Zelensky, avait ébruité, a atteint aujourd’hui, 18 décembre, son point culminant, tel un cadeau de Noël avant la date, mais mal accueilli par le président Trump et l’ensemble des élus républicains.

Cependant, ayant une majorité de 233 des 431 députés (Congress people) à la Chambre basse, les démocrates auront, sans nul doute, le dessus. Ils n’ont besoin que de 217 voix pour réussir leur pari et l’on doute que 16 de leurs députés puissent faire défection pour consolider la position des républicains. Toutefois, même avec une victoire des démocrates aujourd’hui, le dernier mot n’aura pas été dit. Car le Sénat, à majorité républicaine, devra se fixer sur la décision de mise en accusation formelle, soit l’inculpation ou «l’impeachment» en anglais, du président de la République. C’est un fait historique, car le président Trump serait le troisième chef d’État américain à être ainsi inculpé.

À souligner que les deux autres, Andrew Johnson, en 1868, et William «Bill» Jefferson Clinton, en 1998, ont été exonérés par le Sénat. On notera que les deux étaient d’obédience démocrate. Un troisième président, soit Richard Nixon (républicain), l’a échappé bel, ayant démissionné avant le vote, en juillet 1974. À l’époque, un tiers des républicains de la Chambre basse s’étaient joints aux démocrates forçant Nixon à démissionner. Ce qui n’est pas le cas pour M. Trump. Assurément, ce dernier n’aura pas le temps d’abdiquer avant le vote d’aujourd’hui. Ainsi devra-t-il se remettre au Sénat qui, sans doute, le blanchira tôt l’année prochaine, car le temps fait défaut pour continuer les délibérations, les fêtes de fin d’année arrivant à grands pas.

Tel que rapporté dans la dernière édition, les démocrates ont retenu deux chefs d’accusation contre le président Trump : Abus de pouvoir et Gêner le Congrès dans l’exercice de ses fonctions. S’agissant d’abus de pouvoir, référence est faite à la décision du président Trump de retenir quelque quatre cents millions de dollars (400 000 000,00 $) alloués à l’Ukraine par le Congrès américain et de conditionner une visite du président Zelensky à la Maison-Blanche à une demande à lui faite par le président Trump, d’entamer une enquête en Ukraine contre Joseph «Joe» Biden et son fils Hunter, qui siégeait, dans le temps, au conseil d’administration d’une compagnie ukrainienne évoluant dans le domaine de l’énergie.

Outre d’être une action d’abus de pouvoir, c’est aussi antipatriotique d’impliquer un chef d’État étranger dans la campagne électorale aux États-Unis, car l’enquête au sujet des Biden aurait, en quelque sorte, terni l’image de l’ex-vice président Joe Biden à la veille des élections de 2020, quand M. Biden pourrait être un concurrent du président Trump aux prochaines joutes. C’est ne rien apprendre de l’immixtion russe, quatre ans plus tôt, ce qui a causé tant de torts à la démocratie américaine. Quant à l’obstruction au Congrès, il s’agit des agissements du président Trump vis-à-vis de la Chambre basse, s’opposant à ce que certains témoins potentiels, au service du chef d’État, répondent aux sommations des comités de la Chambre voulant les interroger sur certains faits relatif le dossier Ukraine. C’est «se déclarer au-dessus du peuple américain ayant investi la Chambre de l’autorité de surveillance du président», devait dire Jerry Nadler, député démocrate de New York, qui préside le Comité Justice, chargé de mener les débats, prenant la relève, suite aux travaux du Comité Intelligence.

Un troisième comité du Congrès œuvre, depuis le début de cette semaine, à mettre en place la procédure pour les débats de ce jour, Il s’agit du «Rules Committee», le comité chargé des règlements de la Chambre en ce qui a trait à une «séance d’impeachment». Rien n’est laissé au hasard à ce tournant où l’Exécutif agit à sa guise, se croyant au-dessus de la loi.

Juste à la dernière minute, peut-on dire, le président Trump a laissé entrevoir qu’il n’est pas de tout repos en ce qui a trait au vote du Congrès aujourd’hui. Hier après-midi (mardi, 17 décembre), il a dépêché une lettre à Mme Nancy Pelosi, présidente de la Chambre basse, dans laquelle il accuse les démocrates de vouloir orchestrer «un coup d’État» afin de déjouer la volonté du peuple qui l’a élu en 2016.

Dans un document de six pages, le chef d’État américain a déversé sa bile sur les démocrates. Ne voulant aucune polémique à la veille du vote historique, Mme Pelosi, commentant la lettre du président, n’a utilisé que deux mots : «Really sick ! » « Il est vraiment malade ! ») Cette expression, qui peut aussi se traduire par «vraiment déboussolé » se réfère ordinairement à l’état mental de quelqu’un ou à une situation désespérée. Cela va de soi.

Entre-temps, le peuple américain, dans sa majorité, tient à ce que le président soit inculpé. Et c’est à la chaîne de télévision Fox, réputée proche du président Trump, qu’on a appris la nouvelle, dimanche, le résultat d’un sondage d’opinion ayant eu lieu entre dimanche (8 décembre) et mercredi (11 décembre) : Cinquante pour cent (50 %) des citoyens appuient l’« impeachment » du président et sa destitution du pouvoir, 4 % voudraient qu’il soit inculpé, mais pas de destitution, tandis que 41 % s’inscrivent en faux contre l’ «impeachment». Voilà ! Venant de Fox TV, cela vaut tout son pesant d’or.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 18 décembre 2019, VOL XXXXIX No.49, et se trouve en P.16 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/12/H-O-11-d%C3%A9cemb-2019.pdf