Déjà 3 semaines depuis le meurtre de George Floyd, la mobilisation clamant « justice pour tous»

NOUVELLES BRĒVES par Pierre Quiroule II

Déjà 3 semaines depuis le meurtre de George Floyd, la mobilisation clamant « justice pour tous» continue; De nouveaux actes de répression aussi

Dans la nuit du 12 juin, la ville d’Atlanta, en Georgie, a connu un cataclysme débouchant sur la démission de la cheffe de police qui, deux semaines plutôt, était acclamée de toutes parts pour sa façon de réagir suite au meurtre de George Floyd, ayant succombé, à Minneapolis, Minnesota, le 25 mai dernier, sous le poids d’un policier l’ayant étouffé avec son genou pendant qu’il hurlait «I can’t breathe» (Je ne peux pas respirer).

Alors que la mobilisation en faveur de «Black Lives Matter» (La vie des Noirs est importante) fait des vagues à travers le monde, un autre Noir tombe sous les balles de deux policiers blancs dans cette ville d’un état sudiste, qui peine à se défaire de son passé raciste, comme tant d’autres.

En effet, dans la soirée du vendredi 12 juin, Rayshard Brook a été surpris au volant de sa voiture en plein sommeil dans le parking d’un restaurant de la chaîne Wendy. Réveillé par les policiers, on a vu l’un d’entre eux lui administrer le test d’intoxication en lui collant un instrument au front. Puis, ce fut une bagarre quand, pour aucune raison, on a voulu le menotter. Trapu, il a enlevé un «taser» à l’un des policiers avant de prendre la fuite. L’un des officiers, Garret Wolf, l’a abattu de trois balles dans le dos. Arrivé à l’hôpital, il était déjà mort. Voilà mort un jeune père de famille, la veille du 8e anniversaire de naissance de sa fille aînée.

À souligner que le «taser», un instrument utilisé par les policiers, est muni de produits chimiques capables d’immobiliser, mais considéré non mortel, pour la plupart. Ainsi, déjà à une belle distance, même si Rayshard Brook le pointait dans la direction des policiers, il n’aurait pas pu les immobiliser. Donc, le policier Wolf, âgé lui aussi de 27 ans, pourrait être inculpé aujourd’hui même d’homicide ou d’une charge majeure. Tandis que certains analystes avancent qu’il pourrait être absous, parce qu’en Georgie, le «taser» est reconnue comme une arme mortelle. Toutefois, des fouilles du dossier de Wolf révèlent qu’il avait déjà essuyé un blâme pour une situation similaire à celle du vendredi soir.

À l’heure de George Floyd, tout se fait avec rapidité. Ainsi, le même soir, lors d’une manifestation anti-Police devant le restaurant Wendy, la violence de certains s’est manifestée par l’incendie du restaurant qui a consumé totalement l’établissement. Aussi, la cheffe de Police, Erika Shields, une Blanche qui occupait le poste depuis décembre 2016, a-t-elle don né sa démission quelques heures après l’incident combien regrettable. Dire que la commandante Shields était chaudement ovationnée quand, après le meurtre de George Floyd, elle avait dénoncé, sans équivoque, la brutalité policière. Et on la voyait au milieu des foules qui manifestaient, demandant un changement radical en faveur des Noirs brandissant des pancartes «Black Lives Matter».

Ainsi, la mairesse d’Atlanta, Keisha Lance Bottoms, perd-elle une alliée à ce moment crucial. Dire que cette Noire et sa cheffe de Police étaient, jusqu’à vendredi soir, les deux femmes au pinacle du pouvoir dans cette ville de 550 000 habitants, selon le recensement national de 2010. Et l’on soulignera que la ville d’Atlanta, la 38e en termes de population aux États-Unis, compte une majorité noire, soit 54 %, tandis que les Blancs représentent 35,4 %, et les autres ethnies, y compris les Hispaniques, se disputant le reste.

On ne saurait clore ce récit sans mentionner que Keisha Lance Bottoms a gagné des gallons pour sa gestion de la ville d’Atlanta durant la pandémie COVID-19 et à la faveur du déferlement des masses dans les rues, suite au meurtre public de George Floyd. Elle a su faire la balance entre la dénonciation des mauvais éléments de la Police, tout en soulignant l’aide de la Police dans la protection de la cité.

Une mère, ayant, avec son mari, adopté quatre enfants (trois garçons et une fille, un ancien juge, et la deuxième Noire à occuper le poste de mairesse, Mme Lance Bottoms a fait histoire avec cette phrase : «Ce n’est pas en incendiant la ville que nous concrétiserons nos rêves en Amérique, mais aux urnes ! » Tout d’ un coup, elle se signale parmi les femmes, y compris quatre Noires, parmi lesquelles Joseph «Joe» Biden, candidat démocrate aux prochaines présidentielles, compte choisir sa vice-présidente. Car ce sera une femme, a-t-il dit formellement.

*Avant-hier, le lundi 15 juin, marquera le début d’une guerre civile aux États-Unis, car des militants racistes armés commencent à se déployer. Lors d’une manifestation de citoyens de différentes ethnies, sur fond du slogan «Black Lives Matter», un incident a mal tourné, et un Blanc armé d’un fusil, a tué un homme de noir vêtu dont on n’a pas dit s’il est Noir ou Indien. La victime faisait partie des manifestants qui voulaient renverser une statue de Juan de Oñata, un «conquistador» (colon) espagnol, qui est arrivé au Nouveau Mexique en 1598. Il est connu pour ses massacres des Indiens. L’agresseur, Steven Roy Baca, est un ancien candidat au Conseil municipal de la ville, et la victime se nomme Williams Scott.

On notera que la manifestation, à la capitale de l’état de New Mexico, faisait suite à une autre durant les premières heures du lundi, à Alcalde, où une statue d’Oñata fut enlevée rapidement afin de la soustraire à la vindicte publique. Alors, des racistes, vestiges des massacreurs des Indiens, se disant membres de la «New Mexico Civil Guard», armés pardessus le marché, sont venus protéger leur homme, en bronze, perché sur son cheval. Et les autorités de dire que Juan de Oñata sera mis quelque part pour l’apaisement de la situation. Entre-temps, on a appris, hier soir, mardi 16 juin, que Scott Williams, quoique grièvement blessé, est hors de danger quant à sa vie. La gouverneure de l’état du Nouveau Mexi que, la démocrate Michelle Lujan Grisham, a condamné l’agression contre des manifestants paisibles et promet une enquête minutieuse de ce groupe qui se dit une malice. Ce n’est pas Timothy Keller, le maire d’Albuquerque, démocrate aussi, qui irait à l’encontre de la gouverneure. Il a dit que «Ce genre de violence n’a pas sa place dans notre ville»”.

À signaler que depuis la semaine dernière, le «déchouquage» des monuments dédiés aux anciens colons, tels Christophe Colomb et Juan Ponce de Leon, ainsi qu’aux généraux su dis tes qui combattaient les troupes nordistes lors de la guerre ci vile américaine (12 avril 1861-9 avril 1865), va bon train. Le ministre américain de la Défense, Mark Esper, ainsi que le chef des Forces armées américaines, Ryan McCarthy sont d’avis que 10 baes de l’Armée américaine, sur tout dans le Sud, doivent changer de nom pour répondre aux desiderata des manifestants contre le racisme. Mais le président Trump avance qu’on ne saurait aller dans ce sens, car «ces monuments sont l’expression de la puissance américaine et font partie de l’héritage de ce grand pays».

Il aura à se positionner non seulement contre son ministre, et par rapport au haut état-major de l’Armée, mais aussi contre Mme Nancy Pelosi, présidente de la Chambre basse (démocrate), qui entend déplacer des statues de ces «héros» du racisme qui avaient conduit la nation à une guerre civile. Et tout ceci découle du meurtre de George Floyd, le 25 mai dernier, par le policier Derek Chauvin, sous les regards de ses trois camarades policiers en plein jour. (Voir la colonne GRENN PWON MENNEN, en créole, à la page 6, pour de plus amples détails sur les acquis de la «Révolution George Floyd» durant trois semaines seulement).

*L’un des trois policiers emprisonnés dans l’affaire George Floyd est libéré sous caution. Il s’agit de Thomas Lane, 37 ans, qui a pu trouver la caution de USD 750 mille dollars (750 000 $) exigée par le juge pour chacun des trois policiers qui paraissent dans la vidéo observant, et même aidant Derek Chauvin étouffant Geor ge Floyd avec tout son poids, son genou sur la gorge de la victime.

À noter que Thomas Lane, visiblement caucasien de race, contraste avec ses deux autres collègues, Tou Thao et J. Alexander Kueng, qui portent des noms à résonnance asiatique, en sus d’avoir des traits non caucasiens. Que doit-on déduire de tout cela ? Que les minorités au sein de la Police ne sont pas traitées comme leurs collègues blancs ? Ou que de gros bonnets racistes sont venus au secours de l’un des leurs en difficulté ?

*Tel qu’annoncé dans notre dernière édition, Fabianna PierreLouis est nommée juge à la Cour suprême de New Jersey, le plus haut tribunal de cet état, telle la Cour de Cassation en Haïti. Elle attend encore l’approbation du Sénat. Née de parents haïtiens, cette avocate chevronnée fait honneur au nom haïtien, surtout Américaine de naissance, elle est fière de ses origines. Mère, on l’a vu avec ses deux petits garçons, Robbie et Marc, bien masqués, pour se protéger contre le virus qui cause des ravages partout dans le monde.

C’est le moment de réitérer le slogan créole-français que nous avons concocté et qui a tout son pesant d’or, par ces temps de COVID-19 : «Pito nou se madigra malmaske pase ‘ Paix à son âme’ lè nou pa kab menm tande ankò».

*Mardi, 23 juin, c’est la semaine prochaine. Et les élections primaires auront lieu dans l’état de New York. Que les Haïtiano-Américains utilisent leur droit de vote afin d’apporter les changements qu’il faut en ces temps où, suite au meurtre public de George Floyd, l’accent est mis sur les droits des Noirs, nos droits. Car, les policiers racistes ne demandent pas de quelle origine nous sommes quand ils nous arrêtent pour un rien. Parents, vous qui avez des enfants qui grandissent dans ce pays, pensez à leur avenir et faites vos choix en conséquence. Il est encore temps de contacter le représentant de votre district pour vous familiariser avec le processus de vote en période de Coronavirus.

*Le 28 août, ce sera dans plus de deux mois, mais il faut commencer à se préparer pour la «Marche sur Washington», à l’initiative de l’activiste des droits des Noirs, Al Sharpton. En effet, le 28 août, à midi tapant, le rendez-vous sera au No. 2 LINCOLN MEMORIAL CIRCLE, N.W., Washington, D.C. 20037. Ce sera comme un pèlerinage devant ce grand édifice en mémoire de ce président américain, républicain de surcroit, qui avait préféré la guerre civile au lieu de maintenir le système esclavagiste dans le Sud d’alors. Dire que certains voudraient revenir aux bons vieux jours de l’esclavage avec l’apport de gens en hauts lieux. Bien que mort, Abraham Lincoln nous accompagnera en esprit. Pour de plus amples informations, veuillez consulter sur les sites Twitter et Instagram @MARCHONWASHINGTON2020. Il y a aussi l’annonce publicitaire dans cette édition du journal. Ā la semaine prochaine ! Pierre Quiroule II, 17 juin 2020


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, VOL. L No.23 New York, édition du 10 juin2020 et se trouve en P.16, à :

http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2020/06/H-O-17-June-2020.pdf