Des mouvements intenses d’argent sale signalés Par Léo Joseph

BLANCHIMENT D’ARGEN ET CORRUPTION

  • Haïti mis sur « la liste grise » par GAFI
  • Des mouvements intenses d’argent sale signalés
  • Par Léo Joseph

Haïti se trouve parmi quatre pays placés sur la « Liste noire » par le Groupe d’action financière (GAFI). Il s’agit, à part la République d’Haïti, du Soudan du sud, des Philippines et de Malte. Il semble que la situation soit plus grave qu’en mai 2017, soit environ quatre mois, après la prestation de serment de Jovenel Moïse, quand, sous les administrations Martelly-Lamothe et Martelly-Paul (K-Plim) notre pays avait connu un cas similaire. Suite à des interventions de la part de certains pays, notamment le Venezuela, un sursis avait été accordé à Haïti, jusqu’en novembre de la même année. Bien que des pays de l’hémisphère poussaient à la roue, lors de la réunion, tenue alors à Port of Spain, Trinidad, pour que des sanctions fussent prises contre Haïti, les décideurs avaient conclu qu’il fallait lui « épargner la guillotine ». Présentement, la cam pagne contre le blanchiment d’argent trouve notre pays en plein dans l’illégalité, les intenses activités de Jovenel Moïse et de ses hommes, effectuant des transferts de fonds illégaux, ont été repérées quasiment à plein de temps, c’est-à-dire de manière cons tante, tant il y avait de l’argent à mettre en lieu sûr.

En effet, la décision du GAFI, rendue publique le vendredi 25 juin, suite à son assemblée plénière, a mis Haïti sur cette liste des pays placés sous « surveillance accrue », avec les trois autres États signalés. Les responsables de cette institution ont, du même coup, expliqué la signification de cette mesure prise à l’encontre de ces gouvernements.

En effet, dit en outre le communiqué du GAFI : « Lorsque le GAFI place une juridiction sous surveillance accrue, cela signifie que le pays s’est engagé à résoudre rapidement les manquements stratégiques identifiés dans les délais impartis et peut se voir imposer des contrôles supplémentaires ».

Rappelons que les pays sont mis sous surveillance lorsqu’ils sont déclarés ne pas s’efforcer suffisamment pour contrôler « le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme ou la prolifération des armes de destruction massive ».

Avec Jovenel Moïse, Haïti peut-il sortir de la zone rouge ?

Si, sous l’influence de son premier ministre de la Justice Jovenel Moïse avait pu sortir de la zone rouge, dans laquelle l’avait poussé Martelly et ses hommes s’ingéniant à faire aboutir à des destinations bancaires, à l’étranger, l’argent mal acquis, surtout provenant de pots de vin, de détournements de fonds, mais vraiment de la corruption, la situation commençait à se corser, une fois l’homme bannann et ses proches collaborateurs prenaient goût à la facilité avec laquelle ils s’enrichissaient par ces scandales, jusqu’à multiplier aussi les moyens d’accumuler ces richesses.

En effet, la compétition dans le domaine du blanchiment est intense entre le président de facto et ses proches collaborateurs se disputant les opportunités et les moyens de faire sortir leurs millions du pays. Aussi, presque tous en même temps, assiégeaient-ils les banques, qui prenaient la chance de mener ces transactions illicites, se mettant bien en tête, qu’ils parviendront à tromper «toujours » la vigilance des «surveillants ».

Si les hommes et femmes proches de Jovenel Moïse, pour la plupart de hauts fonctionnaires, croyaient avoir trouvé la poule aux œufs d’or, gagnant des mille et des cents, ils doivent, à leur tour, payer cher comme frais imposés sur les millions expédiés à l’étranger de manière clandestine. Toutefois, il n’y a pas matière à maugréer, ni à se plaindre, car les millions se ramassent à la perle, dans l’administration publique. Et avec Jovenel Moïse au pouvoir, « les affaires sont encore mieux que sous Martelly».

Voilà, c’est à la faveur de la valse des millions en cours, sous la présidence du président de facto, que le GAFI tire la sonnette d’alarme. Mais étant donné que les hommes et femmes corrompus, au sein du pouvoir PHTKiste, continuent de faire des millions, cette exploitation éhontée des créneaux gouvernementaux étant une activité continue, comment faut-il arrêter l’initiative des banquiers impliqués dans ce commerce illégal, mais lucratif ?

De toute évidence, dans la mesure où persiste la tentation de s’enrichir facilement, les différents acteurs impliqués dans le jeu ne seront pas sur le point de prendre leur retraite. Selon toute vraisemblance, comparés aux risques permettant de bâtir des fortunes colossales, dans l’entreprise du blanchiment, en très peu de temps, les gigantesques bénéfices réalisés, d’un côté comme de l’autre, sont de plus en plus séduisants.

Dans certains milieux financiers proches du GAFI, la question se pose de savoir si la Ban que de la République d’Haïti, ou Banque centrale, s’est résolument engagée dans la lutte contre ce phénomène. D’aucuns ont laissé entendre : quand bien même le gouvernement de la Ban que aurait pris l’engagement de poursuivre systématiquement ceux qui transgressent la loi à ce sujet, il est certain qu’il ne peut résister aux avances de son patron, qui n’hésite pas à faire sortir des valises d’argent de l’institution pour être remises à Moïse.

D’ici le mois de novembre, se tiendra la prochaine réunion du GAFI, au cours de laquelle sera réévalué le cas d’Haïti par rapport à son contrôle sur les activités liées au blanchiment. Reste à savoir si les acteurs, qui pourraient avoir de fortes sommes d’argent collectées sous forme liquide gisant dans des coffre-fort locaux, notamment dans des banques privées, chez des notaires, ou encore sous les matelas, seront en mesure de les déplacer, avant qu’il ne soit trop tard. L.J.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 26 New York, édition du 30 juin 2021, et se trouve en P.1, 2 à :  H-O 03 juin 2020