Éditorial merci Jovenel MOISE

Merci JOVENEL MOÏSE

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Depuis les insurrections des esclaves ayant débouché sur la guerre de l’indépendance, qui ont culminé à la victoire de Vertières, la nation haïtienne restait très peu de ses capacités de rassemblement autour d’un projet collectif quelconque. Les soulèvements populaires déclenchés par les désenchantements des citoyens avec les différents présidents, qui ont marqué l’histoire haïtienne, n’ont jamais reçu l’adhésion populaire. Il s’agissait toujours de mouvements oppositionnels d’un secteur contre un citoyen rendu impopulaire par la manipulation artificielle d’un groupe donné. Il fallait attendre la présidence de Jovenel Moïse pour permettre aux Haïtiens de renouer véritablement avec notre devise nationale « L’Union fait la force ».

Le peuple haïtien se trouve en mode de rébellion contre le régime inepte, incompétent, criminel et kleptomane dirigé par Jovenel Moïse. La mobilisation, déclenchée depuis déjà plus d’une année, s’est transformée en manifestation permanente dont le nombre des protestataires n’a cessé de grossir. Au fil des six dernières semaines, pas moins d’un million de citoyens ne foulent le béton exigeant la démission « immédiate et sans condition » du président Moïse. Jamais dans l’histoire récente d’Haïti, on n’a enregistré un si grand nombre de citoyens regroupés autour des mêmes revendications. C’est le pays tout entier, mobilisé comme un seul citoyen, qui dit en avoir assez de Nèg Bannann nan, l’invitant tous ensemble à quitter le Palais national. Désormais l’expression « président Jovenel Moïse » est vide de sens, puisque le peuple haïtien l’a dépouillé de ce qui reste de son quinquennat. Quand les citoyens disent que Moïse n’est plus président d’Haïti ils l’ont prouvé de manière non équivoque, de la manière indiquée par la démocratie. La nation a enregistré son adhésion à cette sentence en descendant massivement dans la rue et en proclamant avec conviction, dans toutes ses composantes, le rejet de Jovenel Moïse comme président.

En effet, le rejet du résident du Palais national s’est exprimé par toutes les forces vives du pays, toutes les couches sociales, les différents groupes religieux, toutes les confessions religieuses. Les différentes catégories sociales ont organisé des manifestations, individuellement et collectivement. On en a vu sous différents labels. Le plus récent, celui de la communauté de l’éducation, à tous les niveaux, y compris les enseignants et les élèves, les éducateurs et les universitaires. Avant, c’était celui des artistes. Bref, tout ce qui respire en Haïti s’est mobilisé contre Jovenel Moïse. Précédemment encore, au pays natal et en diaspora, à coups de communiqués de presse, de prises de position, de lettres ouvertes au président, ou bien de déclarations diffusées sur les réseaux sociaux et émises à titre individuel ou par groupes, font chorus pour demander à M. Moïse de démissionner. À ce rythme-là, les animaux, les arbres et les plantes, ainsi que la végétation, s’ils avaient le don de la parole, joindraient leurs voix à ce vaste mouvement pour demander au chef d’État universellement répudié de partir. De telle sorte qu’il est devenu un intrus dans son propre pays. Dans de telles conditions, comment peut-il penser pouvoir s’obstiner à occuper la résidence officielle du chef de l’État sans l’approbation des plus de 12 millions d’Haïtiens ? Surtout quand il se croit autorisé d’imposer sa présence au pouvoir à l’aide de mercenaires étrangers introduits au pays pour massacrer les fils de Dessalines ?

Jovenel Moïse et ses collaborateurs ont ignoré les justes revendications du peuple haïtien, tout au long du mouvement de contestation, laissant délibérément pourrir la situation. Même face à cette mobilisation monstre visible à l’échelle nationale, dont le monde entier est témoin, ils n’ont pas jugé sage d’entendre raison. En clair, ils jettent le défi au peuple haïtien, à l’instar des colons face aux esclaves révoltés jurant de vivre libres ou de mourir. Le président rejeté et ses alliés politiques courent le risque de subir le même sort que les oppresseurs de nos aïeux, s’ils ne comprennent pas que le peuple haïtien est arrivé à cette même détermination. La manière dont les manifestants bravent les gaz lacrymogènes, les balles de caoutchouc et même réelles devrait servir d’indication de sa détermination à regarder le trépas en face en menant la lutte pour déloger Nèg Bannann nan du Palais national.

Indéniablement, les Haïtiens sont unis autour de cet objectif. Désormais, notre slogan national « L’union fait la force » reprend tous ses droits. Nous disons, merci, Jovenel Moïse, d’avoir incité la postérité des héros de 1804 à se draper dans la dignité et le courage de nos preux. Vous devriez pouvoir deviner quel sort attend le comportement que vous affichez !


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 23 octobre 2019 Vol. XXXXIX No.41, et se trouve en P. 4 http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/10/H-O-23-oct-2019.pdf