Haïti au Bord de la Catastrophe, l’Équipe au pouvoir Incapable de Sauver la Barque

LE COIN DE L’HISTOIRE

  • Haïti au Bord de la Catastrophe, l’Équipe au pouvoir Incapable de Sauver la Barque

Cela fait mieux que deux ans qu’a été constatée la descente aux enfers du pays. Plus de deux ans que des voix autorisées ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Mais l’équipe au pouvoir n’a pas su mettre en branle les ressources humaines, financières et technologiques nécessaires au renversement de cette tendance. Car n’ayant les compétences ou la volonté d’écarter la catastrophe nationale qui s’annonce, elle a fait tant et si bien de s’afficher comme faisant elle-même partie des problèmes du pays. Si les appels à la « démission immédiate et sans condition » de Jovenel Moïse s’est, depuis longtemps, rendue légitime, aujourd’hui la nation ne peut économiser aucun effort à lui montrer la porte de sortie du Palais national. Car la catastrophe arrive à grands pas; et il ne possède pas les voies et moyens, encore moins le savoir-faire, pour sauver la barque nationale.

Presqu’immédiatement après sa prestation de serment, le 7 février 2017, M. Moïse, désormais président de facto, ne cesse de donner raison au processus juridique ayant fait de lui un président sous le coup d’une inculpation pour blanchiment d’argent. Ses dérives, dans les domaines financiers et criminels, n’ont cessé de s’empiler, alors qu’au fil du temps il s’identifie ouvertement avec le monde interlope, appliquant systématiquement ses politiques à violer la Constitution, qu’il a prêté serment de respecter et de faire respecter. Aussi, tout au long de son mandat, jusqu’à cette période d’illégalité de son pouvoir, se comporte-t-il comme s’il a été installé au Palais national pour détruire les institutions du pays. Faisant des gangs armés ses alliés, avant de les consacrer sa milice privée, son projet de société, qu’il n’a pas su exposer, durant sa campagne électorale, n’est plus un secret. Voilà pourquoi il passe outre aux appels, fusant de toutes parts, au changement de sa politique.

Le climat sécuritaire du pays s’est systématiquement détérioré, surtout au cours des deux dernières années. Mais avec les kidnappings, les braquages, les vols à main armée et d’autres attaques des malfrats sur les citoyens, sous le regard, trop souvent indifférent de la Police, et avec la complicité du Palais national, les gangs armés sont devenus les maîtres des vies et des biens, une situation qui laisse indifférent celui à qui incombe la responsabilité d’assurer la sécurité des vies et des biens.

Si la première phase de la destruction du pays par la violence des gangs armés, commanditée par Jovenel Moïse et ses alliés politiques s’était, dans un premier temps, dirigée contre les quartiers populaires, tels que Cité Soleil, Bel Air et Bas Delmas, dans un second temps, l’affrontement entre groupes armés proches du pouvoir donne lieu à une nouvelle vague de familles devenues des réfugiés dans leur propre pays. Les personnes qui ont fui leurs maisons, au Bel Air, à La Saline, à Cité Soleil, à Delmas 2 et 4, pour échapper à la violence des gangs, ont cherché refuge chez des parents et des amis se trouvant dans d’autres zones de la capitale, ou bien auprès de leurs familles et alliés en province. Quant aux personnes du sud de Port-au-Prince (Martissant et autres), elles sont plus de 10 000 entassées au Centre sportif de Carrefour menant une existence précaire. Si après au moins trois semaines les autorités ont, finalement, annoncé leur intention de leur venir en « aide », connaissant le bluff, qui caractérise les promesses de l’équipe au pouvoir, ces réfugiés locaux feraient mieux de porter leurs espérances ailleurs. Surtout que cette situation est la résultante de la mauvaise gestion du régime en place, de son insouciance et de la fripouillerie de Jovenel Moïse.

Mais, toutes choses prises dans leurs contextes, l’état dans lequel patauge Haïti, la capitale surtout, en sus des villes de province, constitue l’œuvre planifiée du président de facto et de son équipe. Car tout est lié à l’insécurité alimentée et entretenue par les gangs armés, alliés de la présidence et des proches amis et partenaires politiques de celle-ci. Dans son objectif visant à transformer Haïti en république mafieuse, Jovenel Moïse s’applique à créer sa police criminelle, en la personne des malfrats qu’il a armés et rémunérés, au détriment de la Police nationale. Dans son projet diabolique pour s’assurer de la transformation du pays à son image, ses gangs armés sont mieux équipés en armes que les forces de l’ordre. Dès lors, l’état actuel de la nation n’est qu’un début. Autrement dit, « pi ta pi tris » (il faut s’attendre au pire).

Toutes ces mises en place, par rapport aux criminels ayant carte blanche pour s’affronter, quand ils veulent, à la Police, sont la conséquence de tout ce qu’on voit, en termes d’une économie en lambeaux, des institutions du pays disloquées, la vie politico-sociale et les activités économiques perturbées, pour toutes les raisons qu’on sait, sont tributaires de l’insécurité. Jovenel Moïse n’a aucune intention de changer le modèle d’État qu’il a planifié. Lui permettre de mettre à exécution ses plans macabres, notamment son référendum anticonstitutionnel et criminel et ses élections sur mesure, pour achever l’installation d’une dictature construite d’après le prototype de Duvalier, équivaut à lui laisser le champ libre pour réussir sa gageure.

Face à toutes ces dérives, dont Jovenel Moïse n’a pas encore sorti la dernière, le peuple haïtien, regroupé comme un seul homme derrière les forces vives de la nation, doit se considérer en guerre contre les ambitions sinistres et criminelles de ce dernier. Cela signifie la mobilisation mille fois renforcée, contre tous ceux, en Haïti et à l’étranger, singulièrement ou collectivement, qui se proposent de recommander des concepts de solution de la crise du pays avec le président de facto comme partie prenante. Créateur du problème, Moïse ne doit pas faire partie de son issue favorable. D’ailleurs, les stratégies qu’il invente et met en application sont délibérément destinées à conforter ses objectifs. Ceux qui conçoivent le problème de Jovenel Moïse différemment, y compris l’OEA, l’administration américaine ou toute autre entité du même genre, s’érigent en ennemis du peuple haïtien.

Tout cela dit, les patriotes défenseurs des intérêts supérieurs de la communauté haïtienne ont pour devoir, au nom de la démocratie authentique, d’affronter politiquement et diplomatiquement ceux qui décident et agissent comme des alliés de Jovenel Moïse. Puisque, Haïti se trouve au bord de la catastrophe, et l’homme qui habite illégalement le Palais national ne peut et ne veut rien faire pour sauver le pays, que le peuple haïtien, par le truchement des acteurs politiques de l’opposition, prenne effectivement charge de la lutte pour chasser ce criminel endurci


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 26 New York, édition du 30 juin 2021, et se trouve en P.4 à : h-o 30 juin 2021