Johnny Fulgencio en lice pour la mairie de Consuelo par Léo Joseph
- ÉLECTIONS GÉNÉRALES EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Les Dominicains s’apprêtent à renouveler les élus des différentes institutions, de la présidence aux représentants des communes. L’ancien maire de Consuelo, municipalité proche de la ville de San Pedro de Macoris, dans l’État du même nom, se met en lice pour reconquérir la direction du conseil communal. Il compte ainsi se venger de Juan J. Vargas Padilla, qui l’avait détrôné lors des élections de 2015, en se faisant élire sous la traine de l’actuel chef d’État, Danilo Medina, dont la candidature à sa réélection se trouve confrontée à un obstacle constitutionnel.
Resté sur la touche durant la présidence du Parti de libération nationale (PLD), Johnny Fulgencio a passé le plus clair de son temps à repenser sa stratégie politique,
à peaufiner ses arguments, en sus de relancer les projets qu’il avait conçus durant son mandat. Suite à sa défaite par le candidat officiel du Parti de libération nationale (PLD) à la mairie de Consuelo, il s’est mis à la disposition des citoyens en tant que volontaire, s’ingéniant à offrir des services aux électeurs qui ont vite réalisé le manque à gagner en termes de services qu’ils ont manqués, ou bien à quels points la municipalité est mal servie par l’actuel cartel.
En effet, M. Fulgencio a déclaré, dans une interview à l’auteur, que l’état des services aux résidents de Consuelo s’est grandement détérioré, sous l’administration de son successeur, indiquant une augmentation des taxes et une réduction des bénéfices. L’ex-maire de cette ville attire l’attention sur l’augmentation de dépenses liées aux obligations funéraires imposées aux familles de personnes décédées. Il a également mis l’accent sur le ramassage de détritus dont la fréquence est remarquablement réduite. Il en est de même, dit-il, du nettoyage des rues, qui s’effectue moins fréquemment. Alors que les taxes municipales ont proportionnellement augmenté.
Johnny Fulgencio n’a pas oublié de mentionner le mauvais traitement dont est l’objet le personnel municipal, sous le leadership de l’actuelle administration communale de Consuelo. Il fait état de la réduction de salaire dont fait l’expérience les travailleurs municipaux, tandis que les dirigeants s’octroient des augmentations appréciables.
Pour l’ancien maire, la municipalité subit un recul à tous les points de vue. C’est pourquoi il estime son retour nécessaire pour remettre les pendules à l’heure.
Un ami et protecteur des résidents des bateyes
Quand on parle de Johnny Fulgencio, il fait évoquer un homme politique proche du peuple. Cela fait de lui un ami et protecteur des résidents des bateyes dont il en existe 24 dans la juridiction de Consuelo. Par le truchement de la municipalité, quand il était maire, il faisait de son mieux pour soulager le sort des coupeurs de canne et leurs familles, ainsi que celui d’autres travailleurs rivés à un salaire de misère. Il laisse un impact certain sur la vie de ces personnes. D’ailleurs, il est le premier homme politique dominicain à contribuer à la réalisation du projet de construction de la Clinique Jacques Viau par Jean-Claude Valbrun et son épouse Claudine Michaud.
En effet, quand ces derniers étaient à la recherche d’un terrain proche de batey Consuelito pour implanter cette clinique, qui devait desservir, principalement, les coupeurs de canne, haïtiens et dominicains, M. Fulgencio accueillit le projet à deux bras. Il n’hésitait une seule minute à mener les démarches en vue de l’obtention d’une propriété qui a été mise à la disposition des Valbrun. Tout au long des travaux de construction, en l’absence de Jean-Claude Valbrun, qui habite à Paris, France, il faisait, aidé de l’ingénieur Francisco Astacio, fonction de superviseur.
Une fois la construction réalisée, il accompagnait le fonctionnement quotidien de l’institution, intervenant spontanément toutes les fois que surgissaient des problèmes qui débordaient le président de l’Association Hispaniola Debout et ses proches collaborateurs. Grâce à lui, le service électrique a été pourvu à la clinique.
Point n’est donc besoin de dire que la défaite électorale de Johnny Fulgencio a été un coup rude pour la clinique et les familles des bateyes. Jamais, depuis son entrée à la mairie de Consuelo, le successeur de M. Fulgencio n’a rendu visite à la clinique ni pris contact avec les responsables. Il affiche une indifférence totale à l’égard d’une institution appelée à fournir des soins de santé aux couches les plus vulnérables de sa juridiction. D’aucuns se demandent si le support accordé à la Clinique Jacques Viau par l’ex-maire de Consuelo fait de celle-ci un ennemi politique à fuir comme la peste.
Il y a fort à parier que ceux qui sont, d’une manière ou d’une autre, liés à la Clinique Jacques Viau, en particulier, et aux bateyes, en général, soupirent après le retour de Johnny Fulgencio comme maire de Consuelo. Dans le même ordre d’idées, ceux-là se battront bec et ongles pour assurer sa victoire au prochain scrutin.
La nécessité de continuer la tâche entamée
Johnny Fulgencio a expliqué combien il tient à continuer son ambitieux projet, qui prend l’allure d’une réforme agraire. Il s’agit, selon ses propres mots, de faire la promotion de l’agriculture dans la juridiction de Consuelo, en distribuant des terres à ceux qui manifestent de l’intérêt à travailler les propriétés qu’ils auront acquises.
L’ancien maire de Consuelo dit que le projet qu’il se propose de réaliser, si les conditions politiques le lui permettent, concerne 300 000 acres de terre, qui seront distribués à 600 familles. Les heureux bénéficiaires verseront seulement 2 500 pesos par an pour avoir accès aux propriétés. Ce versement leur donnera le privilège d’exploiter les terres acquises tout le temps qu’ils seront capables de le faire.
Fulgencio a affirmé que sa défaite aux élections a arrêté temporairement son projet de distribution de terres, mais ne l’a pas éliminé. Il est donc nécessaire pour lui de continuer la tâche entamée, à la faveur de sa prochaine victoire électorale.
Il a précisé en outre qu’il tolère mal la situation qui prévaut dans le domaine de l’agriculture à Consuelo où les terres sont concentrées entre les mains des latifundistes, la plupart du temps des milliers d’hectares qui ne sont pas cultivés. Alors que des familles de cultivateurs sombrent dans le chômage. Cette situation est d’autant plus révoltante, dit-il, que ceux qui détiennent ces terres désaffectées ne gagnent pas leur vie en les cultivant. Johonny Fulgencio dit vouloir, par la « politique de la terre », contribuer à combattre le chômage à Consuelo.
Aucun doute les couches défavorisées de Consuelo et les familles qui aspirent à la culture de la terre souhaitent que l’ex-maire de cette ville retourne aux affaires.
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 17 juillet 2019, vol XXXXIX no. 28 et se trouve en P.1, 4 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/07/H-O-17-juillet-2019.pdf