UNE OCCASION D’HONORER DES LEADERS COMMUNAUTAIRES
- La journée culturelle haïtienne célébrée à Jersey City
- L’événement totalement appuyé par le maire Steven Fulop par Léo Joseph
Le vendredi 15 novembre der- nier, la rotonde et la salle de réunion du Conseil municipal de l’Hôtel de ville de Jersey City, la juridiction de l’État du New Jersey la plus proche de Manhattan (New York City), était pavoisée des couleurs haïtiennes. À l’initiative d’Elda Pinchinat, activiste communautaire d’origine haïtienne, le maire Steven Fulop a autorisé l’utilisation de cette salle comme lieu d’accueil de la célébration de la journée culturelle haïtienne, après 5 heures de l’après-midi. À partir de 6 heures, allait se commencer le programme de la soirée mettant en vedettes des personnalités haïtiennes ou d’origine haïtienne retraçant des faits historiques et culturels d’Haïti ou liés au pays d’origine.
Cette célébration, placée sous le thème «Our Heroes, Past and Present, Welcome to Haiti» (Nos héros passés et présents, bienvenue en Haïti), résulte d’une résolution passée par le maire Fulop proclamant la date du 15 novembre 2019 «Jour culturel d’Haïti à Jersey City», dont acte signé et sur lequel est apposé le sceau de la municipalité. De ce fait, il recommande à tous les résidents de la ville «de marquer cette date par des cérémonies et des festivités appropriées».
C’est donc dans le cadre des activités prévues à cette occasion que quatre personnalités haïtiennes, qui se sont signalées par leurs engagements, ont été honorées. Non seulement le maire Fulop a mis son personnel à la disposition des organisateurs, en vue de la préparation de cette célébration, mais aussi il a autorisé la participation de ses employés à tous les niveaux de cette soirée exceptionnelle.
Après environ une trentaine de minutes de retard, Dr Rosie Payoute, directrice des ressources humaines, au Jersey City Superior Court House, dans le rôle de maîtresse de cérémonie, a annoncé l’ouverture de la fête, passant sans tarder à l’invocation, suivie de l’hymne national des États-Unis (the Star Spangled Banner), puis de celui d’Haïti (La Dessalinienne).
Avant d’accorder la parole à Natacha Charlemagne, la première intervenante de la soirée, Dr Payoute a communiqué à l’assistance la salutation du maire Fulop, tout en présentant, en son nom, ses excuses pour son absence, sa présence ayant été réclamée à une urgence ailleurs. Après quelques propos par lesquels elle a donné une vue d’ensemble de la signification de cette célébration, Mme Payoute a accordé la parole à la première intervenante.
Invitée parla maîtresse de cérémonie, Mme Champagne a fourni un luxe de détails sur la culture haïtienne, faisant courir de l’eau à la bouche des invités par les mets qu’elle a décrits, en sus de l’humeur de divertissement qu’elle a suscitée par les musiques haïtiennes évoquées; aussi bien que les plaisirs communiqués en évoquant les œuvres picturales et artisanales des artistes haïtiens. Si telle était sa mission, Natacha Charlemagne a bien réussi à vendre la culture haïtienne à l’assistance.
Conseillère financière, Vanessa Bouchereau est appelée à son tour sur le podium.
D’entrée de jeu, personne n’avait aucun doute quant à son objectif : faire le point sur la bataille de Vertières, celle qui scella la défaite de l’Armée française, la plus puissante d’Europe à l’époque et avec elle l’indépendance d’Haïti et l’abolition de l’esclavage. Mme Bouchereau s’est tardée surtout à faire l’exposé de l’épopée de cette bataille, par rapport au fait d’arme de François Capois, dit La Mort, qui se redressa et brandits on sabre en criant «En avant !», après que son cheval eut été renversé par un boulet lancé par les canonniers français. Voilà pourquoi, dit Mme Bouchereau, la date du 18 novembre est désignée «Jour de l’Armée» en Haïti. À coup sûr, ceux qui ont entendu ces faits historiques, tels qu’ils ont été exposés par Vanessa Bouchereau, ne manqueront pas de saisir la portée historique de cet événement et le génie militaire affiché par les esclaves guerriers.
À son tour, Marie Samedi, une des victimes des incendies suspects qui déciment les maisons des Haïtiens vivant dans les
quartiers défavorisés de cette ville, a exposé les problèmes auxquels sa catégorie sociale est confrontée. Elle souhaite bénéficier d’un appui certain auprès de la municipalité, mais également, tout au moins, la solidarité de la part de ses compatriotes.
Après ont suivi, tour à tour, un exposé sur Haïti après le séisme du 12 janvier 2010, par le Dr Desrosiers, puis des prestations artistiques offertes par E- Eunique (« 200 Years ») et Lisa G. François.
L’intervenant principal, l’ex-maire de South Toms River, le clou de la soirée
La soirée consacrée à la célébration du jour de la culture haïtienne serait incomplète, sans l’intervention de l’avocat Joseph Makandal Champagne, ex-maire de South Toms River. Les salves d’applaudissements qui ont entrecoupé son discours en sont le témoignage.
En effet, M. Champagne a planché sa causerie de circonstance sur la situation actuelle d’Haïti, son pays natal, dont il a critiqué sans complaisance la gestion des dirigeants. Les con- damnations appropriées qu’il a lancées ont tenu l’assistance au bout de leurs sièges. D’une phrase à l’autre de sa causerie, l’ancien maire de South Toms River recueillait des ovations. Il l’a commencée par lancer une perle de vérité historique, très peu connue du grand public, en révélant que l’État de New Jersey a proclamé l’abolition de l’esclavage l’année même où Jean-Jacques Dessalines déclara l’émancipation des Nègres de Saint Domingue, suite à la victoire des esclaves noirs sur l’Armée française.
Mais, dit Me Champagne, ceux qui ont hérité de cette indépendance n’ont pas su gérer sagement ce legs, ni développer la nation et susciter la prospérité des citoyens. Pour lui, l’histoire d’Haïti est dominée par la mal gouvernance des dirigeants. Mais, dit-il, «la situation n’a jamais été aussi mauvaise». D’après son constat de ce qui se passe sur le terrain, le peuple est insatisfait «à 100 pour cent». Aussi a-t-il avancé l’avertissement suivant : «100 pour cent d’insatisfaction engendre la révolution».
Joseph Makandal Champagne déplore «le désespoir» qui caractérise le peuple haïtien. Mais la population reste déterminée, a-t-il ajouté, à améliorer sa condition face à l’oppression ambiante, restant solidement attachée à la devise de nos aïeux, «la liberté ou la mort». Voilà, argue-t-il, la formule nécessaire pour survivre dans un pays où ne prévaut rien que l’injustice. Parlant de son pays en connaissance de cause, Me. Champagne soutient «Une nouvelle Haïti doit émerger (…) Cette nouvelle Haïti ne sera possible qu’à la faveur de l’apparition d’une nouvelle nation».
Présentation des personnes à l’honneur
À cette phase de la cérémonie, les personnes à l’honneur sont, tour à tour, invités à la tribune. D’abord, s’est produit Raymond A. Joseph (Ray), ex-ambassadeur et ministre plénipotentiaire d’Haïti à Washington. La mention décernée à M. Joseph fait état de ses réalisations, notamment, diplomate, en poste comme Chargé d’Affaires d’Haïti à Washington (1944-1996) avant d’être élevé au rang d’ambassadeur d’Haïti à ce même poste, 2015 à 2110.
Après avoir reçu la citation, l’ex-diplomate a exprimé sa gratitude envers la municipalité de Jersey City, sans négliger d’attirer l’attention sur le rôle joué par Haïti, principalement dans l’hémisphère occidental, auprès des États-Unis d’Amérique, et même des pays européens, dans le cadre de leurs luttes pour l’indépendance. Grâce à la victoire de Vertières, a-t-il signalé, les dirigeants haïtiens ont aidé à libérer les pays latino-américains des griffes des colonies européennes; et les États-Unis de l’emprise de la couronne d’Angleterre.
Puis c’était le tour de Dr Monalisa Ferrari, détentrice d’un doctorat en leadership en éducation et administration, présentement au service du New York City Department of Education.
Prenant la parole, à son tour, Mme Ferrari s’est félicitée de n’avoir jamais raté l’occasion de servir la communauté. Tout en adressant ses remerciements aux dirigeants municipaux de Jersey City, elle dit être restée attachée à l’idée de «servir» en toutes circonstances.
La troisième personne appelée était Marie Francesca Day, ancien membre de la Commission électorale du Comté de Hudson.
Diplômée en nursing, elle a milité dans le domaine médical durant plus de trente ans, ayant servi en tant que membre de la Commission électorale du Comté de Hudon pour une période de huit ans. Elle est présentement pasteure associée à l’église Mission House of Grace de Jersey City.
À la fin de la fête, les assistants ont été invités à passer à la rotonde où a été servi un déjeuner servi par ELBECTRICO, courtoisie de Léon K. Baptiste.
La célébration du jour culturel d’Haïti a été un événement au cours duquel la culture haïtienne a été mise en valeur par la municipalité de Jersey City. À cette occasion, le maire Fulop a déployé les grands moyens, de la de la fête à l’exécution des rôles. Les ressources de l’Hôtel de Ville ont été exploitées à fonds, surtout celles ayant permis de profiter habilement de la documentation historique nécessaire pour une exposition savante des origines de l’État haïtien.
Elda Pinchinat, coordonnatrice de l’événement, s’est félicitée de la pleine réussite de ce projet et dit ne pas vouloir rater l’occasion de remercier le maire Steven Fulop pour la totale collaboration qu’il a donnée à cet effort.
Le Comité directeur du Haiti Cultural Day Program est ainsi composé : Léon K. Baptiste, Patrick Saint-Hilaire, Gregory Jean, Exileine Samedi, P. Toussaint, Marie Samedi, l’ex-maire Joseph M. Champagne, Dr Georges Bouchereau, Vanessa Bouchereau, Euneek Kébreau, Natacha Charlemagne et Virginie Pierre-Paul.
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 27 novembre 2019, VOL XXXXIX No.46, et se trouve en P.1, 9, 15 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/11/H-O-27-november-2019.pdf