La MONUSCO : Désastre politique et économique au Congo par Thierry Antha

L’ACTUALITÉ EN AFRIQUE

  • La MONUSCO : Désastre politique et économique au Congo par Thierry Antha

Un accident meurtrier, aux conséquences incalculables, s’est pro duit en République démocratique du Congo, en Afrique. Un incident qui met à mal les responsabilités des Nations Unies dont la mission n’est pas toujours favorablement accueillie dans ce pays.

En effet, le 1er mars 2021, un convoi des Nations Unies a été pris en flagrant délit dans un accident de la circulation, au cours du transport de milliers de tonnes d’or, de diamant, de coltan et de cobalt. Pour une mission de paix versée dans le trafic illicite et criminel de matières premières à l’est du Congo, l’opprobre ne peut qu’exposer l’étendue de la prostitution de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo) au Congo.

Il est opportun de signaler que, pendant que les anciens Interahamwe Hutus se réclament aujourd’hui comme forces démocratiques pour la libération du Rwanda opérant au Congo, en violation flagrante de leur statut des réfugiés politiques, l’est du Congo est devenu le théâtre d’un terrorisme tous azimuts que soutiennent le Rwanda, l’Uganda et la passivité de la Monusco. Il faut retenir que tous ces partenaires se tolèrent dans le maintien de la violence, qui justifie leur présence favorisant le pillage systématique des minerais congolais. Il faut se souvenir que, dans le lot de cette conspiration, Lucca Attanasio, l’ambassadeur italien au Con go, a été froidement abattu, le 23 février 2021, avec un policier qui l’accompagnait, et son chauffeur, dans une embuscade que d’aucuns présument être d’origine rwandaise.

Les enjeux politiques pour dé raciner la dictature morbide de trente-deux ans du président Mobutu Sese Seko, au Congo, ont amené l’ascension politique de Laurent-Désiré Kabila, le 17 mai 1997, avec le support de la coalition AFDL appuyée par le Rwanda et l’Uganda. Cependant, la gestion politique de la République démocratique du Congo, par ce ménage à trois, deviendra un monstre que le triumvirat derrière ce machiavélisme politique de circonstance ne pourra contrôler contre le nationalisme de Laurent Kabila et son refus d’hypothéquer les ressources naturelles de son pays comme rançon économique pour la guerre de libération. Comme il fallait s’y attendre, l’assassinat politique du président Laurent-Désiré Kabila, à Kinshasa, le 16 janvier 2001, dans des conditions non encore élucidées, va créer la plus grande instabilité à l’est du pays, où Paul Kagame du Rwanda et ses forces spéciales vont lancer constamment des attaques meurtrières contre le Congo.

La situation va empirer, au fil des années, à telle enseigne que le Congo deviendra le théâtre continuel de guerres fratricides et génocidaires entre les ressortissants rwandais, dans le cadre de la crise humanitaire Hutu-Tutsi. En effet, le Rwanda au pouvoir avec Paul Kagame ne pardonnera jamais au Congo de Mobutu d’avoir accordé l’asile politique aux militants génocidaires hutus, en 1994, au moment où les Nations Unies avaient assisté impuissantes au massacre de dix gardiens de la paix belges Rwanda. L’occasion faisant le larron, la guerre de libération du Congo du régime sanguinaire de Mobutu deviendra une aubaine pour la coalition de l’AFDL, sous la direction de James Kabarabe et autre enfoiré du nom de commandant Hippolyte Joseph Kanambe pour lancer des assauts sans merci contre les Interahamwe, dans les forêts du Congo. Comme pour compliquer les équations de cette chevauchée militaire entre rwandais, les forces démocratiques alliées (ADF) en guerre contre le gouvernement de Yoweri Munsevani de l’Uganda ont traversé la frontière et se trouvent installées au Congo depuis 1995. Contre toute attente, alors que ces rebelles n’ont jamais lancé un quelconque raid mi li taire contre l’Uganda, depuis plusieurs années, ils s’en prennent à assassiner les populations civiles congolaises de temps à autre, pillant le diamant, l’or et bien d’autres matières premières à vendre en Europe, en Asie, et aux États-Unis.

La crise humanitaire fomentée au Congo par le gouvernement tutsi du Rwanda, de connivence avec Laurent Kunda et ses forces, en vue d’exterminer les militants hutus, au cours de deux invasions, a causé le massacre de cinq millions des Congolais. Le tollé de ce génocide humain est tel que le Conseil de sécurité des Nations Unies a créé la Monusco dans sa résolution 1279 de 1999, renouvelée dans la résolution 1291 de 2000, comme force pour sauvegarder la paix au Congo. Après vingt-deux ans de présence au Congo, comme en Haïti, la fameuse mission de paix des Nations Unies, au Congo, n’a même pas accouché d’une souris. Au contraire, elle est embrigadée dans les magouilles des plus sinistres, si bien qu’à Kinshasa, la capitale du Congo, la Munosco symbolise la prostitution totale la dissociant de sa mission de bienêtre politique et économique à protéger pour une paix viable et durable pour la population nationale. Elle l’a surnommée « Monique boula », Monique la prostituée. De rapports macabres bien documentés de molestation de jeunes filles mineures jusqu’à la tolérance de 122 groupes armés, qui opèrent en toute impunité dans quatre provinces frontalières avec le Rwanda et l’Uganda, notamment dans l’Ituri, le Nord Kivu, le Sud-Kivu, et le Tanganyika.

Ce que le peuple congolais ne peut qu’imputer à la politique de Bill Clinton et ses affinités avec Paul Kagame, comme étant la cause des malheurs de la nation congolaise. Aussi impopulaire et contesté que Donald Trump puisse avoir été, aux États-Unis, pendant son mandat de quatre ans, en République démocratique du Congo, la sagesse politique porte son dévolu plutôt sur les administrations républicaines que démocrates. Mandats pendant lesquels l’Afrique connaît moins de guerres fratricides. Et le Congo a toujours vécu ses meilleures décennies de paix. Quant à la Monusco, après vingt-deux ans de prostitution et de criminalité patente, le Congolais en a ras le bol. T.A


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 3 mars 2021 VOL. LI, No. 9 New York, et se trouve en P. 5 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2021/03/H-O-3-mars-2021.pdf