Les gangs armés encore plus effrontés, il faut une équipe solide pour les vaincre
- ÉDITORIAL par Éditor
Sous les régimes PHTKistes, première et deuxième versions, tous se rendaient à l’évidence qu’avec des dirigeants ayant des relations symbiotiques avec les gangs armés, le pays n’avait aucune chance de voir la sécurité rétablie. Après l’assassinat odieux du président de facto, Jovenel Moïse, quoiqu’un fait presque universellement condamné, en Haïti, on se croyait autorisé à voir les criminels mis hors d’état de nuire. Mais avec le Dr Ariel Henry, à la tête d’un gouvernement monocéphale, imposé par le CORE Groupe de diplomates occidentaux et consorts, l’insécurité s’est renforcée davantage.
Dans la mesure où la communauté internationale appuyait les projets politiques de Jovenel Moïse, il faut se demander si elle n’a pas jeté son dévolu sur le neurochirurgien parce qu’il a pris l’engagement d’appliquer à la lettre les intentions du défunt président de facto. Au fait, dans ses communications officielles, de toute évidence destinées à la consommation des diplomates étrangers supporteurs du régime PHTKiste, le Premier ministre de facto ne cessait de réitérer ses plans d’organiser des «élections avant la fin de l’année 2021», ainsi que le « référendum constitutionnel », double objectif du président de facto défunt. Cette proclamation s’est modifiée après que des membres de la communauté internationale, notamment les Américains, eurent changé d’avis au sujet des prochaines joutes électorales, les déclarant désormais possibles quand sera trouvé un climat sécuritaire.
Bien que l’insécurité continue de battre son plein, en Haïti, particulièrement à la capitale, le taux des assassinats, qui étaient monnaie courante, avec Jovenel Moïse, aux commandes de la République, a remarquablement chuté. D’aucuns avancent la théorie selon laquelle les commanditaires de tels crimes n’ont plus de raison d’engager des tueurs à gage. Mais les hommes armés, qui continuent de perpétrer des meurtres avec impunité, maintiennent la série macabre au rythme qu’elle avait avec Jovenel Moïse au pouvoir. Il faut conclure que si les malfrats, à moto et à bord de véhicules sans plaques ou dotés d’immatriculation officielle, continuent de multiplier leurs actes criminels, sans crainte d’être justement réprimés, leurs alliés au sein du pouvoir en place sont logés à la même enseigne que leurs créateurs, fournisseurs d’armes et de munitions, ainsi que leurs commanditaires. Le roi est mort, vive le roi ! Bien que définitivement absent, le rêve de Jovenel Moïse continue, en la personne de ses héritiers politiques, dont Ariel Henry a vite pris le contrôle. Si les assassinats politiques ont cessé présentement, désormais les meurtres portent l’empreinte des bandits exécutant leurs victimes, à l’occasion de braquages ou d’autres actes criminels. Ces genres de forfait prolifèrent, à la capitale comme en province.
Mais, le phénomène du kidnapping s’intensifie à un rythme accéléré, sous l’administration de l’Exécutif monocéphale, allant en crescendo, au cours de ces derniers jours. Le dernier week-end a été dominé par une montée exponentielle d’incidences de personnes enlevées contre rançon. Pas moins de dix victimes de rapt ont été recensées, en moins d’une semaine, dont des médecins, un fonctionnaire du ministère des Finances et son frère, deux journalistes, un policier, un étudiant et cinq autres citoyens. Mais c’est plutôt l’attaque perpétrée contre la première église baptiste de Port-au-Prince (église fondée par le pasteur Ruben Marc), logée à la Rue La Réunion, qui a fait la une, cette fin de semaine.
En effet, à l’occasion de la célébration du service matinal du dimanche (26 septembre), aux environs de 7 heures, le diacre Sylner Lafaille, 60 ans, a été touché par les balles des bandits. Ces derniers avaient pénétré jusqu’à l’intérieur pour enlever l’épouse de M. Lafaille, née Marie Marthe Laurent. Le diacre s’est effondré devant l’église où il a tenté de poursuivre les bandits, dans une vaine tentative de libérer son épouse. Transporté immédiatement à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, il a succombé à ses blessures.
Le monde religieux est rudement éprouvé par les gangs armés. Dans un premier temps, au mois d’avril, le gang « 400 Mawoso », qui contrôlent le Nord de la Capitale, la région de Croix-des-Bouquets, avait enlevé près des dix missionnaires catholiques, qu’ils ont gardés en captivité pendant plus de deux semaines. On ignore la somme qui a été payée en échange de leur libération. Et dans l’espace de quelques semaines, un membre du gang de Gran Ravine, proche de Martissant, au sud de la capitale, lourdement armé, avait, tout seul, envahi l’église adventiste de cette commune, en plein service d’adoration. Il devait repartir avec le pasteur, le directeur de la chorale et deux membres de l’église.
Mais, cet enlèvement spectaculaire de Mme Marie Marthe Lafaille, en plein jour, à seulement un coup de pistolet du Palais national, attire l’attention, de manière urgente, sur le grand danger que représente les hommes armés. Car ils n’attendent que le moment opportun pour se lancer à la conquête du pouvoir. Mais, en coquinerie avec les gangs « G-9 en famille et alliés », dont le « général » s’appelle Jimmy Chérizier, communément appelé Barbecue, l’équipe dirigée par Ariel Henry se sent bien aise de cohabiter avec les criminels. Aussi se sentent-ils de tout repos, quand bien même les victimes de braquages, d’assassinats et d’enlèvements contre rançon seraient des voisins partageant le même quartier.
Dans le cas de l’attaque perpétrée à la première église baptiste de Port-au-Prince, les dirigeants haïtiens devraient penser sérieusement que Barbecue et ses alliés ne se bornent pas à mener une vie de crimes indéfiniment. Assurément, le temps viendra où ils seront fatigués de vivre de rapines, sans franche lippée. Personne ne peut prévoir à quel moment viendra cette transformation. Par ses paroles et actions, Ariel Henry se colle inexorablement aux politiques du défunt président de facto, tel un serviteur obéissant aux désirs de son patron d’outre-tombe. Le maintien intact, sinon améliorées et renforcées, des structures des bandes armées restant partie intégrale de la politique du président de facto défunt, le retour à la normale, en matière de sécurité, reste un objectif non atteignable avec l’Exécutif monocéphale présentement à la tête de l’État.
En clair, donc, l’élimination totale des gangs armés constitue un passage obligé, avant que soit lancé le projet de réorganisation du pays et des réformes qui s’imposent, avant la tenue d’élections viables, transparentes et démocratiques. Les forces vives d’Haïti doivent se mettre ensemble pour montrer la porte à Ariel Henry et son équipe. Place à des femmes et hommes solides, compétents et déterminés, pour arracher définitivement Haïti aux griffes du PHTK, promoteur de l’insécurité ambiante.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 37 New York, édition du 29 septembre 2021, et se trouve en P. 10 à h-o 29 sept 2021