NOUVELLES TENSIONS EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE par Dr. J. Gérard Kennedy Alcius

NOUVELLES TENSIONS EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE par Dr. J. Gérard Kennedy Alcius

  • Diplomatique et Influence Turque : Analyse Onto-Structurale

Ça faisait longtemps, en effet, qu’on n’avait pas observé un tel niveau de tension en mer méditerranée – des tensions certes déclenchées par la Turquie dans le court terme, mais qui trouvent racine sur le long terme dans des rivalités et dans des antagonismes profondément enfouis dans les dédales de l’histoire du pourtour méditerranéen et des civilisations qui l’ont peuplé. Si les hostilités récentes ont été essentiellement déclenchées, dans la région, par une Turquie désireuse d’accroître sa puissance et son rayonnement, il faut également et nécessairement replacer les initiatives turques contemporaines dans l’économie globale du monde dans lequel tous les acteurs internationaux évoluent aujourd’hui – un univers mondialisé qui possède consistance et structure, qui met tous les acteurs en rivalité implacable, les uns envers les autres, qui force chacun à se battre pour améliorer ses chances de survie dans l’ordre global ainsi dessiné, qui soumet chacun des agents engagés à des règles sauvages, mais incontournables et impérieuses …

On ne peut évidemment faire fi, dans l’analyse des phénomènes politiques et diplomatiques, des facteurs relatifs à la conjoncture, aux choix stratégiques des acteurs, à la personnalité des dirigeants, etc. Mais ce type d’analyse doit évidemment céder la place aux facteurs et aux processus beaucoup plus lourds et beaucoup plus déterminants – soit les facteurs entraînant un impact plus décisif sur le cours des évènements. Dans le cas des différends que la Turquie entretient avec la France, la Grèce ou la Communauté Européenne, les facteurs sont multiples et il ne sert à rien, comme le font trop souvent (les soi-disant, les sachants, mais non les savants spécialistes) de la question, d’arrêter l’investigation sur tel ou tel facteur et risquer ainsi d’en exagérer la portée et l’importance. D’où la pertinence indiscutable de notre grille d’analyse onto-structurale, une forme analytique qui en cherchant à rejoindre la nature intime et l’essence de l’Être (diplomatique) d’une entité politique constituée, nous évite de devoir éternellement retomber dans l’aporie des modèles causals unidimensionnels et de la sempiternelle dialectique des multiples inférences causales relatives. Dans notre perspective, ce sont l’ensemble des causes de divers ordres et de différents niveaux qui s’intègrent et trouvent leur synthèse naturelle au cœur du système «onto-structural» duquel elles puisent leur énergie, leur substance et leur dynamisme.                       

L’Être turc enferme en son sein toutes les modalités causales latentes (matérielles, semi-matérielles et immatérielles) susceptibles d’engendrer la totalité de la gamme des manifestations phénoménales qu’il nous est actuellement loisible d’observer coté turc : la complexité des tensions avec la Grèce, l’intervention brutale de la Turquie en Libye, les razzias turques en Syrie, le parti pris en faveur de l’Azerbaïdjan, le dossier migratoire et l’Europe, l’intégration sans cesse différée à la communauté européenne, le positionnement stratégique de la Turquie dans le jeu Russie/Amérique, la gestion des tensions politiques internes, etc. Les dossiers chauds ne manquent évidemment pas en ce qui concerne la Turquie, mais ce n’est pas en découpant/isolant arbitrairement chacun de ces dossiers problématiques que l’on parviendra à reconstituer et à comprendre l’ensemble du cas turc, que l’on se donnera automatiquement les moyens de reconstituer l’Intégrale métaphysique de «l’identité» turque, que l’on parviendra à opérer les synthèses explicatives que l’on désire, que l’on parviendra à saisir la structure fondamentale commandant aux diverses actions et initiatives turques, que l’on parviendra vraiment à se rendre intelligible les évènements politiques et diplomatiques de nature turque que l’on cherche à investiguer. Certes, chaque dossier mérite d’être analysé en lui-même, tout comme chaque évènement mérite que l’on identifie les variables et facteurs plus spécifiques qui ont pu être impliqués : mais sans la reconstitution ontogénétique de l’Être du Diplomatique/Politique turc, on ne parviendra jamais à refaire les synthèses nécessaires à l’intellection profonde et achevée des phénomènes investigués.                       

S’il existe un pays qui repose sur des bases vraiment ambivalentes et contradictoires, c’est véritablement la Turquie contemporaine : un pays bâti sur des fondations doubles et qui comme l’Iran à sa façon ne cesse jamais d’osciller (vaciller) quant aux origines fondatrices desquelles il se réclame officiellement. Historiquement et face à l’occident chrétien depuis un temps millénariste légendaire, l’Empire Ottoman et les groupements socio-ethniques ayant constitué tout ce qui a évolué sous la tutelle de la civilisation turque se sont toujours réclamés d’être des entités cosmologiques vivant à la fois sous le mode dédoublé du paganisme/religieux et du monothéisme/religieux – tout en étant caractérisé comme tel par les mondes chrétiens traditionnels. La première et la plus originelle des fractures devant définir l’être turc se joue donc au niveau de cette différenciation primaire entre un monde chrétien en-voie-de-sécularisation et un monde turc essentiellement coulé dans une structure primitive religieuse dédoublée dans son principe – paganisme archaïque et religion monothéiste révélée (Islam).                       

Mais ce sous-bassement païen et religieux va subir, au fil des siècles, plusieurs puissants assauts provenant des mondes chrétiens et séculiers, de nouveaux vecteurs et de nouvelles médiations ontogéniques capables d’infiltrer et de remodeler en profondeur l’être turc de première génération : la rencontre brutale de l’empire païen turc avec la civilisation chrétienne en-voie-de-désacralisation ; la genèse à l’intérieur de la société turque d’un imposant mouvement politique séculier appelé à infléchir la construction de l’État turc (le mouvement politique laïc dirigé par Atatürk et les officiers de liaison) ; l’influence globalisée de toutes les puissances politiques et de toutes les grandes idéologies politiques séculières ayant traversé la Turquie au 20’ siècle (système républicain, libéralisme politique, socialisme/communisme, démocratie représentative, etc.)  D’où cette double fondation ontogénétique qui ne cesse de hanter encore aujourd’hui la société turque – d’un côté une tentative sans cesse renaissante d’un retour intégriste aux sources religieuses et de l’autre coté une plongée encore plus marquée dans une civilisation matérielle séculière. Deux vecteurs métaphysiques lourds constitutifs de l’Être Immatériel primitif de la Turquie moderne : d’où cette difficulté implacable pour la société et les institutions turques de faire une synthèse harmonieuse de ces deux composantes substantielles originelles – deux composantes pour une part compatibles au sein d’un État Politique Souverain Moderne (séculier), mais deux composantes pour une autre part incompatible avec la genèse d’un État Politique Souverain Moderne (séculier).                       

Ballotée entre de multiples vecteurs d’influence plus ou moins déterminante, déchirée entre de multiples corridors d’appartenance, attirée par de nombreux modèles supranationaux souvent très prégnants ; aspirée par des forces idéologiques plus ou moins radicales ; influencée par des mouvances politiques divergentes ; façonnée par des tangentes culturelles aux couleurs et aux saveurs discordantes … la société turque représente sans nul doute une des constructions sociales, politiques et religieuses les plus complexes et les plus hétérogènes qui soient dans le monde : une multitude de tendances lourdes, de vecteurs génératifs pénétrants et de condensés métaphysiques déterminants qui confèrent à la société turque toute sa spécificité actuelle unique. Au carrefour de toutes les formes impériales et de toutes les forces hégémoniques qui ont traversées et se sont diffusées sur la planète au 20’ siècle, la synthèse turque du système/monde constitue sans nul doute une des architectures sociales les plus originales qui soit : un État laïc au cœur d’une culture politico-religieuse ambivalente et double ; une société religieuse profondément déchirée dans ses convictions et identifications ; un développement urbain en rapide expansion face à une vie rurale en contraction ; un modèle de développement économique de plus en plus axé sur le mode d’une croissance techno-productiviste ; une civilisation dont la réalisation s’épuise de plus en plus dans la forme générale d’une économie matérielle avancée, une forme/civilisation triturée entre la modernité et la tradition…                       

La Turquie d’aujourd’hui rêve résolument, on ne peut plus en douter, de devenir une puissance majeure sur tous les plans possibles : politique, économique, diplomatique, militaire, culturelle. Mais d’où peut bien venir une telle volonté d’affirmation dans un monde où la compétition à tous les niveaux se fait si âpre et opiniâtre ? Quand elle regarde du côté de son passé et de la dissolution progressive de l’Empire Ottoman, la Turquie se voit nécessairement comme un pays humilié, floué et diminué par les multiples puissances qui n’ont pas cessé de rétrécir et de contingenter sa place sur la scène internationale : ce qui ne peut manquer d’alimenter, par revanche et par fierté, ses velléités de grandeur et de puissance. Puis il y a toute la gamme des sociétés/modèles – des sociétés séculières à fort rayonnement – dont la Turquie a cherché à imiter les prodiges et les réalisations grandioses ou impressionnistes : le modèle allemand qui par ses réalisations techno-productivistes hante encore aujourd’hui le développement social et économique turc ; le modèle russe dont la puissance militaire continue de fasciner les forces militaires et industrielles turques ; le modèle américain dont le rayonnement culturel planétaire et la puissance incoercible n’ont jamais cessé de remodeler en profondeur la société turque ; le modèle chinois dont la croissance exponentielle et l’omnipuissance économique fascinent et envoûtent toutes les élites et les gouvernants turcs ; les modèles français et anglais de réussite politique, économique et diplomatique à l’échelle internationale, en tant que puissance intermédiaire [le rêve de faire partie de ce club très sélect des nations les plus puissantes]. Enfin il y a le fait d’un vaste monde qui en se désacralisant engendre des appétits et des désirs de plus en plus insatiables : des désirs immanents d’appropriation et de transformation matérielle du monde qui induisent une pression insoutenable dans le sens d’un développement économique techno-productiviste jamais achevé. Série de facteurs qui ne sont pas du tout incompatibles avec le fait que l’on puisse chercher à transférer vers l’extérieur, lorsque se corse la situation intérieure, le poids métaphysique des problèmes que l’on ne parvient pas à résoudre.           

On ne peut donc pas être surpris, concernant ce pays baignant dans un tel bouillon de culture (s), de voir apparaître un dirigeant de la trempe de Recep Tayyip Erdogan. Un homme à la poigne de fer capable de diriger un mouvement politique religieux qui pour s’inscrire résolument dans la structure de l’État séculier tout en en assimilant les leviers les plus déterminants, réussit tout de même à puiser les puissants faisceaux d’énergie spirituelle qui le dynamise (l’État turc) jusque dans la consistance sacrée des montages hiératiques païens et islamiques «incorporés» dans l’histoire ottomane du pays : de puissants faisceaux d’énergie spirituelle remontant aux diverses sources sacrées ayant traversées la Turquie pluriséculaire – de l’adhésion fervente à la Loi islamique des populations orientales du pays aux préceptes très intégré (intégrisme) de la pensée des Frères Musulmans (davantage chiites), de l’influence des sectes soufistes et baktachistes à la diffusion étendue des mouvances islamiques alévistes, hanafistes et jafaristes. Un peu à l’instar de l’Iran, l’histoire récente de la Turquie est celle de la monopolisation du pouvoir séculier par un parti politique (AKP – Parti de la justice et du développement) d’inspiration religieuse doublée du pari risqué, mais résolu et radical coté turc d’un développement matériel techno-productiviste tous azimuts – forme de développement économique systématique qui accompagne habituellement et que sécrètent tout naturellement les sociétés entièrement laïcisées (ce qui n’est évidemment pas le cas pour la Turquie). Les récents déboires électoraux de Recep Tayyip Erdogan aux élections municipales d’Istanbul et d’Ankara ne sont pas vraiment une surprise pour qui comprend que ce sont les masses urbaines les plus occidentalisées qui dans ce pays ont spontanément tendance à s’opposer à la volonté hégémonique de l’AKP : le pouvoir politique de ce Parti repose évidemment sur le réseau intégré des campagnes et des villes moyennes de très longue date enchâssées dans le tissu social plus traditionnel et plus religieux de la Turquie.                       

Lourdement influencée depuis des décennies par un modèle allemand avec lequel elle entretient des liens culturels prégnants et pénétrants, lourdement «infiltrée» par la superpuissance russe (soviétique et russe) qui n’a jamais cessé de peser de manière indéfectible sur sa destinée, lourdement «contaminée» par l’expérience iranienne ayant permis à ce dernier pays de devenir une puissance intermédiaire incontournable dans le monde, lourdement modélisée par la montée en puissance spectaculaire de la Chine continentale, lourdement ballotée, humiliée et diminuée par les puissances occidentales qui ont constamment rétréci son champ d’action géopolitique, le rayonnement effectif de sa culture, les prérogatives de son empreinte territoriale ainsi que l’étendue métaphysique de son Être réel et incarné …La Turquie d’aujourd’hui se voit quasiment «appelée» à vouloir s’inscrire dans l’histoire universelle de la puissance, de la prospérité et de la réussite. Les obstacles et les embûches sont nombreux, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, mais la détermination des forces sociales, politiques et économiques les plus décisives semble irrésistiblement propulser la Turquie vers ce que plusieurs considèrent comme étant sa «destinée naturelle». D’où cet investissement marqué et même sauvage dans plusieurs filières peu compatibles avec une certaine fibre religieuse, culturelle et nationale : l’industrie de l’armement, la réalisation de productions télévisuelles et de séries «grand public» à l’internationale, l’agrobusiness, les grands projets immobiliers, les mégaprojets pharaoniques d’infrastructure, les services touristiques à grande échelle, etc.

C’est que lorsqu’on parle d’une civilisation aussi prestigieuse que ne le fut l’Empire Ottoman, on ne fait pas uniquement référence à des fondations militaires et économiques ou encore à des constructions symboliques aussi sophistiquées soient-elles : il faut dépasser l’impasse métaphysique de la matière et de l’esprit pour accéder à la couche anthropologique et ontologique de l’Être turc. Il faut saisir dans toute sa substance comment les processus de la violence et du sacré ont façonné en profondeur la nature intime de l’Être turc. C’est alors seulement que l’on pourra comprendre et expliquer les différentes vagues d’humiliation, survenues au 20’ siècle surtout, et qui s’avèrent profondément inscrites au cœur même de la consistance ontique de l’être turc; c’est alors seulement que l’on se donnera les moyens de réellement saisir l’apparition d’un dirigeant autocrate et mégalomane de la trempe d’un Recep Tayyip Erdogan ; c’est alors seulement que l’on pourra se rendre intelligible l’adhésion non pas absolue, mais assez marquée d’un nombre impressionnant de Turcs relativement aux velléités hégémoniques du président turc actuel (n’oublions pas l’expérience allemande – un pays des lumières ayant déjà sombré dans un tel projet collectif prométhéen et conquérant).

Il faut se défaire d’un certain nombre de schèmes d’interprétation du réel si profondément «institutionnalisés et internalisés» dans nos esprits qu’on ne sait même plus apercevoir la faiblesse épistémologique de ces schèmes analytiques et synthétiques : surtout celui qui nous fait voir dans les processus économiques matériels la cause première des phénomènes politiques et sociaux. C’est plus souvent l’inverse qui est vrai ! La soif immodérée d’hydrocarbures de la Turquie actuelle n’est pas en soi une explication satisfaisante des incursions turques en méditerranée orientale (dans les eaux territoriales grecques). Mais l’appropriation de ces richesses fossiles, comme l’appropriation de n’importe quelle ressource naturelle d’ailleurs, va implacablement redoubler les appétits de puissance et les ambitions démesurées des gouvernants ainsi que des forces politiques nationales les plus engagées dans ce type d’aventure : il en est de même des systèmes d’armement les plus performants ou encore des technologies productives les plus avancées. Les armes, les ressources naturelles ou encore les techniques de production les plus performatives au service de la volonté de puissance de l’être humain : dommage qu’il faille toujours en référer aux enseignements les plus «basic» en la matière.         

Une logique de la puissance et de la démonstration de force … une logique de l’expansion et de l’intervention … une logique de l’ingérence et de la provocation … une logique de la menace et de l’intimidation … une logique belliqueuse et impériale de la conquête et du fait accompli : voilà ce qui caractérise l’action politique, militaire et diplomatique de la Turquie actuellement. Des initiatives diplomatiques agressives et hautement suggestives comme au Soudan ou au Qatar, des initiatives politiques conquérantes et hégémoniques comme en Libye ou en Somalie, des initiatives militaires décisives et meurtrières comme en Libye, en Syrie ou en Azerbaïdjan, des discours et des prises de position agressives et menaçantes sur toutes les tribunes internationales envers les pays jugés ennemis de la Turquie (la France), des initiatives inédites qui bouleversent les équilibres existants comme cette continuelle promenade de l’Oruç-Reis dans les eaux territoriales grecques – bateau turc spécialisé dans l’exploration sous-marine des richesses gazières et pétrolières (richesses que convoitent avidement le régime turc) …                       

Dans cette histoire, on ne voit pas très bien pourquoi la Turquie se mettrait soudainement à «modérer ses transports» dans la mesure où l’expansionnisme avoué dont ce pays fait preuve depuis quelques années n’a pas trop mal servi ses intérêts jusqu’à présent : la Turquie un nouveau géant de 80 millions d’habitants qui apparaît maintenant comme un «must» et un «incontournable» dans le monde. La Turquie n’a pas fini d’exiger du monde entier qu’il reconnaisse sa splendeur et qu’il lui redonne cet espace qu’elle considère et définit dorénavant comme «vital» : qui sait quelle forme d’expédition militaire inédite nous réserve le maître du Bosphore et des Dardanelles ? À terme toutefois, dans un monde saturé par les grandes et les moyennes puissances, l’aventurisme et l’arrogance de la Turquie vont lui attirer les remontrances et les récriminations de tous ceux que ce pays bouscule et admoneste : des séries d’actions et de réactions qui viendront ramener à des considérations plus sobres et plus posées ce nouveau tigre du Moyen-Orient. La France et la Russie, par exemple, ont déjà commencé à faire savoir à ce Solyeman le Magnifique des temps modernes que l’ère de la reconquête/reformation des empires du passé était bel et bien révolue.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 4 novembre 2020 VOL. L No. 43 NYC ; et se trouve en P. 4, 5, 11 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2020/11/H-O-4-november2020.pdf


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