L’INSÉCURITÉ OMNIPRÉSENTE DANS L’ÉTAT MAFIA ÉTABLI EN HAÏTI
- L’assassinat en plein jour d’un homme d’affaires
- Un crime crapuleux : Deux commanditaires identifiés Par Léo Joseph
L’État haïtien dirigé par Jovenel Moïse fonctionne définitivement comme un territoire sous l’empire de la mafia. L’assassinat crapuleux d’un homme d’affaires haïtiens, le second en deux semaines interpelle le patriotisme de les Haïtiens, surtout quand, à l’instar de celui du bâtonnier des avocats du Barreau de Port-au-Prince des pèsent sur les autorités du pays. La manière dont le crime a été commis fait croire qu’il ne s’agissait pas d’une tentative de kidnapping, mais bien d’une opération commanditée.
Patrick Thébaud, 57 ans, a été criblé de balles, dans son véhicule blindé de marque Lexus, au Canapé-Vert, en route vers Pétion-Ville. Il a tenté d’échapper à ses assassins, mais coincé dans le trafic, à l’heure de pointe de l’après-midi du lundi, les malfrats, armés d’armes de guerre, ont réussi à percer des trous dans son quatre par quatre. Ils ont pris la fuite aussi rapidement qu’ils avaient monté leur attaque. Les conditions dans lesquelles a été perpétré cet acte. Des proches de la victime ont déclaré que des amis et parents se trouvaient en sa compagnie, dans l’auto, mais qu’ils ont réussi à s’échapper dans le cafouillage qui a résulté de cette attaque. Le juge de paix appelé sur la scène du crime pour faire le constat d’usage a laissé entendre qu’au moins douze impacts de balles ont été observés sur le véhicule.
Membre du Service national de navigation haïtienne
Patrick Thébaud, qui est membre du Service national de navigation haïtienne, est aussi un sportif, soit un pilote d’automobile de course et propriétaire d’un magasin distributeur d’équipements sportifs appelé « Adidas ».
Selon des sources crédibles, l’organisation dont faisait partie Thébaud se compose de neuf actionnaires qui y sont représentés avec leurs entreprises individuelles. Il s’agit d’Agemar (Édouard Baussan) Enmmarcolda (Wilhem Lemke-Dadesky, RVAM (Réginald Villard, Thébaud Steamship (Patrick Thébaud), Madsen Agency (Éric Made sen), NADALSA (Jean-Claude Nadal) Vital & Co (Stéphane Vital et Hogarth Agency (Antoine Hogarth) aussi bien que Haiti Shipping (Harry Bretou).
Les critiques de ce groupe lui imputent la responsabilité de la cherté du transport maritime en Haïti, en raison du monopole qu’il exerce sur ces activités commerciales. On lui reproche sa stratégie consistant à charger des prix exorbitants chargés surtout pour les containers qui sont forcés de rester en port durant plusieurs jours. Les mêmes critiques font croire si l’État ne tolérait pas ces prix élevés que le Service national de navigation haïtienne impose à ses clients, les produits importés ne coûteraient pas autant aux consommateurs haïtiens.
Jovenel Moïse a-t-il mis sa menace à exécution?
La manière dont a été perpétré l’assassinat de Patrick Thébaud évoque une opération qui a été confiée à des tueurs à gages. Reste à déterminer l’identité du commanditaire. Il faut, toutefois, reconnaître que les assassins semblent avoir conçu le même plan que ceux de Monferrier Dorval. L’utilisation d’armes de guerre ne laisse aucun doute que la cible n’a aucune chance d’échapper. Surtout que des me sures ont été arrêtées afin d’éviter que le véhicule blindé de la victime ne soit un obstacle à la réussite du projet.
Selon toute probabilité, les assassins de la victime savaient bien que blindé, son véhicule allait pouvoir résister à l’attaque. Il semble qu’ils aient utilisé un marteau grand format qui aurait été lancé contre la vitre à gauche du chauffeur. Cela prouve que tout l’argent investi pour protéger sa voiture par blindage ne garantit aucune protection contre une attaque par arme à feu. En tout cas, il ne semble pas que cette protection soit garantie contre un marteau grand format ou bien un outil préposé à briser la vitre blindée, au cas où le besoin se ferait sentir.
Mais, il faut poser la question : Jovenel Moïse a-t-il mis sa menace à exécution contre Patrick Thébaud ?
En effet, quand il menaçait les hommes d’affaires qui devaient des impôts et des taxes à l’État, en même temps que Dimitri Vorbe, il proférait les mêmes menaces à l’égard de la victime d’assassinat hier (lundi, 12 avril). Dans les milieux proches de la DGI et du ministère des Finances et des Affaires économiques, on laisse croire que M. Thébaud n’avait payé un sou. En tout, pas de ce à quoi le président de facto faisait allusion.
L’assassinat de Patrick Thébaud fait penser à un autre crime commis l’autre semaine, dans les mêmes conditions, sur la personne d’Éric Cavé, cousin du chanteur/musicien Allan Cavé. Celui-là travaillait pour l’Entreprise de la Police pour les logements sociaux (EPLS).
Éric Cavé, qui vivait au Canada, avait décidé de retourner au pays avec sa famille, afin de participer à la construction de logements pour les policiers. À chaque fois que pareille aventure arrive aux Haïtiens qui ont décidé de retourner à leur pays afin d’aider au développement, cela porte à se demander si cela vaut la peine de prendre les risques auxquels ils sont exposés en permanence. La situation serait encore plus grave si l’enquête diligentée autour de ce crime viendrait à confirmer le rôle du Palais national dans cet acte crapuleux. L.J.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 14 avril 2021 VOL. LI, No. 15 New York, et se trouve en P.1, 2, à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2021/04/h-o-14-avril-2021.pdf