SUR LA ROUTE DU CINÉMA par Dan Albertini
- LE PROCÈS PETRO-CARIBE – Un scénario signé Jean Sénat Fleury 1/4
Nous sommes en 2026, la presse annonce une joute oratoire dont l’équivalent se trouve dans la confrontation. La coupe du monde de football partagée sur l’hémisphère Nord des Amériques est la passion reine à Républik. Cette passion convoquée, les émotions sont soulevées à hauteur de l’assassinat du président JFK, Hollywood s’inquiète. Haollywood délivre sur grand écran sur la route du cinéma, Jean Sénat Fleury répond magistralement à la commande : enquêteur spécial.
Je me permets de situer la scène de Jean Sénat Fleury dans l’histoire. Je l’appelle ‘judge’ lors de nos conversations de ce fait : il a été juge d’instruction dans la vie d’un pays, mais il vit dans un autre où il a brigué pour la magistrature at Law dans cet autre où on l’est par élection, non pas par nomination. Si j’évoque la dramaturgie de Bill Dubuque et de Nick Schenk, alors, on est ‘The judge’ (réalisée par David Dobkin, scénario dramatique de réputation de Golden Globe pour le meilleur acteur et second rôle, avec Robert Downey Jr., Robert Duvall). La conversation va nous conduire sans détour vers un passé récent connu, il nous a retrouvés à partir d’une publication. Vers 2018 le personnage naît : le fonds de la diaspora oblige Jean H. Céant en Jean Sénat Fleury, enquêteur spécial. (H-O, 2018-10-31, Vol.48 (412), p.7). Le livre inédit est né, la critique fictive.
[Le Palais de Justice de Port-au-Prince, un des hauts lieux de l’éloquence et de la culture haïtienne, est envahi par une foule enthousiaste qui veut être témoin du déroulement du procès historique appelé « Procès Petro-Caribe ». Le rythme de la vie dans tout le pays s’est ralenti. Dans les maisons et dans les rues, le seul événement qui tient la conversation et fait la une de la presse est le procès des accusés impliqués dans le dossier Petro-caribe. Ce fameux procès dit « le procès du siècle » relègue à l’arrière-plan tous les faits de l’actualité nationale et internationale].
J’attire l’attention sur le fait de ne pas mélanger la lecture du procès avec celle que je livre en synthèse. Les faits sont du cinéma basé sur l’ouvrage de Judge Fleury, l’appréciation, mienne.
[L’événement dépasse en publicité même l’ouverture de la Coupe du Monde de 2026 aux États-Unis d’Amérique. Un public nombreux envahit l’enceinte du Palais de Justice. L’assistance composée d’hommes de loi, d’étudiants, de journalistes, etc. ne veut rien manquer du déroulement des débats. Dans les quartiers de Port-au-Prince et dans plusieurs villes de province, le gouvernement, en accord avec les municipalités, fait placer des écrans géants à chaque coin de rue pour permettre aux gens de suivre en direct la moindre phase du procès. Cette foule houleuse de plusieurs centaines de milliers de personnes se montre intéressée à connaître les faits].
Judge Fleury poursuit, malgré, de l’école de la magistrature, tel le commentateur de la radio.
[L’affaire est certes d’un intérêt particulier. C’est la première fois que l’on juge équitablement des hauts fonctionnaires de l’État en Haïti pour des actes de corruption. Soixante-quatre personnes inculpées dans la dilapidation des fonds de Petro-caribe, une quinzaine de firmes privées poursuivie pour malversation et blanchiment d’argent dans le dossier, l’affaire dépasse de loin en importance le procès de la Consolidation vieux de 116 ans (1903-1904) lequel, à son époque, avait suscité un immense intérêt].
En fait l’homme dissimulé probablement dans un milieu huppé de la ville où il observe l’avenir, va livrer une plaidoirie de mémoire de conseils d’avocats qui se sont présentés à son tribunal. Qui sait définir le moment Fleury, le moment Magistrat pour les comparer à l’écrivain, est un génie. Auteur de ‘Dessalines Paroles d’outre-tombe’ pour les adresser à ceux qui vont chercher cet homme, empereur de son époque, dans les govis. Il a atteint à mon avis l’estime rigoureuse pour instruire le procès, dans les conditions précitées. Imaginaire du réel, il poursuit le procès.
[Ledit procès s’était déroulé sous le régime du président Nord Alexis. Un arrêté pris le 21 mars 1903 a créé une commission d’enquête administrative et de vérification pour l’examen des différentes opérations effectuées sous les administrations précédentes et pour contrôler les finances publiques désastreuses. Le procès de la Consolidation, malgré la grande publicité qu’on faisait autour à l’époque, est considéré comme un procès raté. Trois des condamnés sont arrivés à la tête de la magistrature de l’État, en l’occurrence; Cincinnatus Leconte en 1911, Tancrède Auguste, en 1912 et Jean Vilbrun Guillaume Sam en 1915].
Je me rappelle du temps où je faisais l’analyse sémantique de la démarche Haollywood. Elle englobait celle de chaque scénario déjà publié, tout en révisant les notes des scénarios elles-mêmes. J’abusais de l’adrénaline à ce point d’oublier les effets…, l’habitude m’est restée. Déjà ancrée auparavant. Il faut comprendre qu’avec Haïti-Observateur à l’époque d’ailleurs je vivais entre Bridgeport et Meriden dans l’état du Connecticut, les affaires de ‘la bien-aimée’. J’ai fait mes adieux le 13 avril 2014 pour terminer avec la rédaction d’un ouvrage qui définit ce qui allait se passer, comme dans Fréda Dantor, aujourd’hui. Je suis ici, avec cet œil. Au Procès !
[Le dossier Petro-caribe est le dernier scandale né à partir des actes corrompus et immoraux de fonctionnaires dans le secteur public et privé haïtien. Quatre présidents et six gouvernements sont accusés d’avoir détourné des fonds évalués à 3,8 milliards de dollars américains. Le rapport d’audit de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif portant sur la gestion des fonds Petro-caribe énumère les failles dans l’exécution des projets financés à l’aide de ces fonds; le relèvement des écarts administratifs, des irrégularités et anomalies touchant à la mise en œuvre de ces projets et des activités correspondantes; le relèvement du niveau de conformité, de légalité, de validité, et de sincérité des opérations entreprises dans le cadre des financements; le contrôle et l’indication des fonds débloqués, la sincérité et la réalité des décaissements; l’identification des mécanismes de gestion; les niveaux de responsabilité des gestionnaires des fonds en question. En effet, des fonctionnaires malhonnêtes ont utilisé leur pouvoir, des hommes d’affaires ont utilisé leurs affiliations pour réaliser des détournements de fonds dont le montant total se chiffre à des milliards de dollars].
Arrêtons-nous l’instant d’une pause-conseil puisque nous avons plus d’un conseil d’avocats à la barre, des hommes de barreaux, le sont-ils réellement d’ailleurs, interrogation personnelle sans interférence dans ce procès, mais à la pratique dénoncée de Clamé O Daméus, affaire JJM. Le descendant direct français qui a bénéficié de la rançon de la dette de l’Indépendance, est-il des prémices de ce rapt, cette seconde rançon, de ce crime économique. C’est personnel, j’avoue le pas. Des noms sont en outre mis en cause au procès.
[Les travaux d’audit de la Cour Supérieure des Comptes se sont articulés autour de quatre ans, sur la gestion de projet, le processus d’octroi des contrats, l’exécution des travaux sur la période allant de septembre 2008 à septembre 2018].
Judge Fleury cite ici une partie du corps du délit.
[Parmi les projets analysés : 1) la construction du viaduc Marine Haïtienne; 2) la réhabilitation de la route Borgne-Petit Bourg-de-Borgne; 3) la réhabilitation du tronçon de route Port-de-Paix – Port-Margot; 4) la construction de quinze ponts dans le Nord-Ouest; 5) la construction du viaduc Delmas-Nazon; 6) la réhabilitation de la route Carrefour Dufort-Jacmel; 7) le dragage de la baie de Port-au-Prince et les travaux de réhabilitation de plusieurs rues à Pétion-Ville; 9) le programme Ti Manman chéri; 10) le projet Kore Etidyan; 11) le projet de réhabilitation et de construction d’hôpitaux; 13) le projet de la construction des bâtiments logeant le Parlement, la Cour de cassation, le complexe administratif; 14) le projet de la construction du marché de Carrefour; 15) le projet de construction et de rénovation de plusieurs centres sportifs. Au total, des centaines de projets non exécutés ou mal exécutés à partir des décaissements des fonds de Petro-caribe].
C’est de là que j’avais cité Judge Fleury dans un article évoqué au début, que nous avons trouvé dans les références de recherches scientifiques de plusieurs bibliothèques universitaires de grandes réputations : Catalog Hollis de Harvard HOLLIS, Dan Albertini (harvard.edu), Catalog Omni (Queens University), etc., in Jean H Céant, Jean Sénat Fleury comme enquêteur spécial.
[Contrairement pour le procès de la Consolidation et celui des Timbres Audubon, toutes les dispositions sont prises pour mener à bien le dossier].
Je comprends cette précision à la lueur de la notion de la temporalité d’une part, et de l’acte en soi. Partons du jugement par contumace qui suit puisque la rétribution de la peine reste de l’Autorité de la justice puisqu’en l’absence de l’accusé, comme le droit de défense qu’il a refusé par défaut, donc l’action se passe ailleurs aussi et en même temps, nous l’imaginons bien informé afin de ne pas remettre le pied en Républik. Question de temporalité et d’a-localité par la demande d’extradition. Mieux encore, par l’acte en soi puisque le procès a lieu, et la seule façon de battre le procès est d’aller en appel. Si par l’absurde l’appel valide le procès en soi, car il doit le reproduire dans les faits pour l’évincer sur un défaut, dans la mémoire éditée de la population qui suit sur ‘grand écran’, le procès restera, mais en écho du premier si l’appel est gagné. En outre, si l’appel est perdu, Judge Fleury gagne une fois de plus, donc deux fois plus un, pour la cassation en dernier recours. C’est la misère des accusés, en solitaire et en collectif.
[Le jugement par contumace contre l’un des inculpés :]
Dans l’attente du jugement par contumace dans la suite du procès tenu par Judge Fleury, la semaine prochaine, je vous souhaite de bien dormir, car le nerf fatigué fait perdre des procès.
- Merci d’y croire !
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, VOL. LIII, No. Édition spéciale Canada du 4 octobre 2023, et se trouve en P.1, 2, 3 à : specialho4octobre2023Printweb