Ousmane SIDIBÉ FAHRAD

SUR LA ROUTE CINÉMA par Dan Albertini

  • Ousmane SIDIBÉ FAHRAD
  • Un film sur le mercanti d’esclaves qui a trompé, dans les cordes de l’analyse HAOLLYWOOD

Comment se fait-il que nous ayons aimé ce qui nous a pourtant délocalisés dans l’antre du diable de rochers volés de la plage de caciquats quand nous avions nos principautés, et nos royaumes. C’est la question d’Vernio lancée sans alternative ni biais. Il faudra y répondre un jour, avant la fin du film sinon l’examen est échoué sans recalage. Il faudra laisser le siège vide du cinéma haïtien international à l’UNESCO pour la prochaine séance. Aussi faudra-t-il la chercher ailleurs tandis qu’Ousmane Sidibé Fahrad est alocal. Il nous a fait des enfants aussi.

 François-des-Rossignols reproche à Toussaint le fait de s’approprier de la pensée des patrons de Roume, par le droit d’expansion que seul ses ancêtres auraient en exclusivité, tandis que  celui-ci termina sa guerre dans le Sud pour avancer vers l’Est et prendre l’île entière. Cela se passe au moment où Napo-le-p’tit s’évertue à dominer l’Est lointain pour élargir son empire en détruisant un autre. Le crime d’État est donc un droit sur lequel Ousmane Sidibé Fahrad a établi son commerce pour vendre la main-d’œuvre simplifié comme concept économique. Le narrateur rumine sa pensée, mais ne parle pas même s’il voit des images. Pêle-mêle réelles.

 Le code noir Vernio le sait. Il a été écrit par le chanoine catholique dans les intentions d’A.P de Richelieu dit le cardinal. En outre, les pièces de théâtre de l’opéra comique le Code noir connu de chez la veuve Saugrain, à l’entrée du Quay de Grêves, ont été joués chez madame avec costume de Mme de Révilly dans le rôle de Gabrielle, publié chez A Collin et Cie Éditeurs 3. R. Chapon, dont la Litho : Rigo Frères et Cie, ne nous concernait pas, car le Code noir le définissait pour le bon plaisir d’une dédicace à Madame Crosnier, sur une musique de Louis Clapisson, illustrée par F Porrieu, déposé à Paris au Bureau de la France musicale, No6. Rue Nve St. Marc ; Milan chez Ricordi, Mayence chez les fils D Schott, Londres, chez Delmaine. Fils de la république des Antilles glorieuses, un mal le rongeait encore. Il se voulait quelque part un français auprès des paysannes qu’il avait engrossées, malgré le général Toussaint trahi.

En fait, les costumes des deux bords du théâtre, soit l’acteur, soit l’apostrophe qui apprécie, le mobilier artistique, les artifices, font partie de l’ensemble des éléments du crime qui voit en Vernio, moins qu’un bâtard. La nappe brodée de madame en France aussi, et le code vestimentaire des esclaves en métropole sont faits pour déculpabiliser le mental du citoyen qui y est impliqué par voie de conséquence. Il en est de même pour la musique, la politique est un programme de silence de par l’évidence même du Code noir. Mais les arts sont-ils si couverts d’immunité pour que le crime passe chez Vernio comme une vertu au point non seulement de nier madame qui en faisait la promotion, mais de se régaler cultivé par l’usage de cet héritage, sur les paysannes. Ousmane Sidibé Fahrad est témoin de tout ça, et joue à la conscience pour amadouer le fils du général désormais en guerre sans trêve entre frères. Lui le fils du marchand d’esclaves qui connaît Vernio dans son essence jusqu’à la guerre. 

Ousmane Sidibé Fahrad est un film de guerre définitivement. Une guerre non exportée qui a migré vers la magie inconnue du sphinx mystérieux. Sa mère est sénégalaise, son père est libanais, il est né malien, sa guerre est libyenne, son territoire est juste à côté de vous. Celui  qui lui a pris sa place. Le reste de ses origines est une lourde hypothèse, donc difficile à établir. Mais Vernio a une arme. Son arme c’est la fièvre. Ousmane a peur après Saugrain….

Merci d’y croire !


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 9 octobre 2019 Vol. XXXXIX no.40, et se trouve en P.8, 12 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/10/H-O-9-octob-2019.pdf