Prônant le changement, Luis Abinader parle avec l’assurance du vainqueur Par Léo Joseph

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES EN REÉPUBLIQUE DOMINICAINE

  • Prônant le changement, Luis Abinader parle avec l’assurance du vainqueur Par Léo Joseph

À l’approche de la date des élections présidentielles de 2020, en République dominicaine, Luis Abinader, le candidat officiel du Parti révolutionnaire moderne (PRM) a pris du poil de la bête, par rapport au scrutin de 2016. De 34,98 % du suffrage qu’il avait récoltés, aux 61,74 % ayant assuré la victoire à Danilo Médina, qui voulait se succéder, comparés au dernier sondage, se dégage une radicalisation totale de la tendance de l’électorat autorisant le candidat du PRM à ambitionner d’élire domicile au Palais national. Tel est le pronostic indiqué par les recensements d’opinion faits ces derniers temps.

En effet, dans une compétition opposant Abinader à Gonzalo Castillo, le candidat du parti au pouvoir, le Parti de libération dominicaine (PLD), le premier gagnerait 55,8 % du suffrage contre 36,2 % pour le candidat du parti du président Medina. Dans une course à la présidence à trois candidats, Abinader l’emporterait avec 43,7 %, Castillo avec 29,7 %, tandis que Fernandez gagnerait 23,6 %. En attendant que soient appréciées les différentes tendances qui pourraient se dégager de la crise ayant surgi au sein du PLD, Luis Abinader se présente comme un candidat incontournable, capable d’affecter les résultats des élections 2020 dans le sens du changement auquel aspire tant le peuple dominicain.

L’assurance avec laquelle se prononce le candidat présidentiel Abinader s’est réaffirmée, le samedi 27 octobre, date à laquelle il devait accepter l’investiture du PRM comme son candidat aux prochaines présidentielles. Faisant allusion au Parti de libération dominicaine du président Danilo, qu’il considère en état de décomposition politique avancée, il a déclaré «pas même le médecin chinois ne peut le sauver».Dans le même discours, M. Abinader a donné la garantie au peuple dominicain que le PLD quitterait le pouvoir en 2020, car, a-t-il précisé, les initiatives qu’il a développées avec son équipe ont fait du PRM le levier du changement, «une force irrépressible».

Luis Abinader a profité de l’occasion pour attirer l’attention sur les contradictions qui ont surgi au sein du parti officiel ayant occasionné le quasi éclatement du PLD, sinon la défection de nombreux de ses têtes de pont, y compris l’ex-président Léonel Fernandez, se retrouvant dans l’opposition par rapport à sa propre épouse. En dépit de la rupture de ce dernier avec le parti qui l’avait porté au pouvoir, à trois reprises, Margarita Cedeño de Fernández reste le numéro 2 de l’Exécutif, donc solidaire du président Danilo Medina, qu’elle remplacerait éventuellement, en cas de vacance présidentielle. L’ex-président Léonel Fernandez est désormais farouchement opposé à M. Medina, l’accusant d’avoir, par fraude, au niveau du Conseil électoral, manigancé son écartement comme candidat aux élections primaires du PLD favorisant Gonzalo Castillo, son propre candidat. M. Fernandez a fermé définitivement la porte à toute possibilité de réconciliation ayant formé un nouveau parti politique sur les ruines d’un autre déjà existant sous le nom «Force du peuple». Il a, de surcroît, incité des parlementaires à démissionner du PLD, en sus de porter des diplomates à abandonner leurs postes à l’étranger.

Continuant sur le thème de la désunion du parti au pouvoir, Luis Abinader d’ajouter : «Le contraste avec nos adversaires est bien évident. La maison officielle, construite sur le sable, est ébranlée par les outrages du ressentiment et les torrents de l’ambition».

Luis Abinader se présente comme l’apôtre du changement

Tout au long de ses prises de position véhiculées au cours des trois dernières années, Luis Abinader s’affiche comme l’apôtre du changement. Un des thèmes qu’il ne cesse de marteler est la lutte contre la corruption, allant jusqu’à dire que la République dominicaine constitue le «deuxième pays le plus corrompu de l’hémisphère». Plus loin, Abinader déclare : «La mauvaise politique engendre la crise. Elle met de côté la séparation des pouvoirs pour gouverner sans contrôles ni contrepoids. C’est celle qui confond le budget public avec le patrimoine privé». Il s’en prend également à cette politique du régime PRDiste consistant à «substituer la fausse croissance à l’endettement irresponsable». Il demande que cette «mauvaise politique d’insécurité, du chômage, du coût élevé de la vie, de la corruption et de l’impunité cède la place à la bonne politique, c’est le changement qui s’annonce». Ce qui est «porteur d’ordre, de la paix et de la prospérité».

Une stratégie contre l’insécurité

Le candidat à la présidence du PRM dit vouloir mettre en place une stratégie contre l’insécurité, un phénomène que redoutent les citoyens et contre lequel le régime en place n’a su définir aucune politique qui soit capable de contenir ce fléau et d’en tenir définitivement en respect les acteurs. Lors de ce discours du samedi 26 octobre, il a précisé : «Les gens s’inquiètent de l’insécurité. Le crime rivalise avec le monopole de la force que l’État devrait détenir exclusivement. Les rues ― ou pire encore nos maisons ―, n’offrent aucune garantie de protection contre la poussée des comportements antisociaux.

«Les portes et fenêtres grillagées sont la métaphore parfaite de l’échec de tous les plans de sécurité. Nous sommes devenus les prisonniers !

Afin de bien préciser le concept de «prisonnier», plus loin, dans le même discours, Luis Abinader a pris le temps de s’expliquer. Aussi souligne-t-il : «Le prisonnier, c’est la ménagère qui perd son portefeuille emporté par des mains criminelles. Le prisonnier c’est le jeune étudiant universitaire qui doit rendre son téléphone portable face à un canon menaçant. Le prisonnier c’est le père de famille qui se voit alléger de son dernier chèque pour sauver sa vie. Les prisonniers, ce sont nos filles et nos sœurs outragées dans n’importe quelle rue sombre de nos villes». En matière de sécurité, le candidat à la présidence du PRM établit le contraste entre son futur gouvernement et l’administration PLDiste en ces termes: La situation sera différente, car «dans notre gouvernement de changement, les citoyens seront libres et les prisonniers seront des criminels. Au cours de mes voyages dans les quartiers de la capitale et de l’intérieur, j’ai discuté avec de nombreux jeunes qui ont partagé avec moi leur histoire personnelle. Lors d’une de ces visites, une jeune femme m’a demandé : “ Que vas-tu faire pour résoudre le problème d’insécurité ? ¨»

Et M. Abinader dit avoir répondu : «Nous mettrons en place des moyens préventifs et dissuasifs contre la criminalité, grâce à des politiques publiques visant l’appui des foyers dirigés par des mères célibataires, à la création d’emplois, à l’incitations à l’esprit d’entreprise, à la fréquentation scolaire, à la formation professionnelle dans tous les quartiers, à l’information et à la formation concernant la toxicomanie et d’alcoolisme, la pro- motion de la culture et le développement du sport».

D’autres éléments de lutte contre l’insécurité proposés par Luis Abinader sont exposés, tel qu’il les explicite. «Nous renforcerons le système de contrôle et de poursuite des criminels en transformant la police actuelle en une force de sécurité moderne et efficace, axée sur la collectivité, les citoyens et les services sociaux, sans négliger la dignité du policier grâce à un salaire minimum de cinq cents dollars.

«Nous activerons le système des conséquences par l’intermédiaire d’un ministère public indépendant, doté de compétences techniques et humaines nécessaires pour mener les enquêtes et monter des dossiers solides qui seront connus et traités par un pouvoir judiciaire indépendant».

Abinader identifié comme le champion du changement

Économiste de profession, Luis Abinader, qui s’est imposé sur la scène politique, retient l’attention des jeunes Dominicains qui l’identifient en tant que champion du changement. C’est, en effet, le thème sous lequel est lancé le mouvement de jeunes pour le changement dont l’objectif consiste à élire le candidat du PRM à la présidence de la République. En effet, les jeunes âgés jusqu’à 35 ans, qui représentent 40 % de la population, se rallient autour de la candidature d’Abinader, se lançant dans sa campagne comme dans une mission sacerdotale, et s’engageant à parcourir la Ré- publique dominicaine d’un bout à l’autre en prêchant l’évangile du changement. Selon l’organe de presse dominicain en ligne Hoy, édition du 3 octobre, ce mouvement en faveur de M. Abinader est dû à l’initiative de Steeve Paulino, un jeune de San Francisco de Macoris. Par le biais du réseau qu’il a monté sur WhatsAp, il dissémine le projet de société du candidat et les initiatives qu’il avance pour apporter le changement auquel aspire la grande majorité des citoyens.

Cette armée de jeunes, si on peut l’appeler ainsi, se mobilise sous la direction du Dr Santiago Hazim, le candidat potentiel au poste de ministre de la Santé publique dans le gouvernement Abinader. Proche du candidat du PRM, celui-ci peut être considéré comme son alter ego. À observer Dr Hazim, il donne l’impression d’un allié sûr de Luis Abinader, toujours prêt et disposé à servir la cause que poursuit le numéro 1 du PRM.

Un authentique combattant anti-corruption

Luis Abinader est loin d’être tard venu dans la lutte contre la corruption. Tout au long de sa lutte pour le «changement», qu’il ne cesse de prôner, il s’est toujours signalé par ses dénonciations de ce fléau, qui bat son plein dans nombre de pays de l’hémisphère, mais d’une manière spéciale aussi en Haïti. Au fort du scandale provoqué par les pots de vin versés par la firme de construction brésilienne Odebrech à des ministres et parlementaires dominicains, il n’avait pas manqué de monter au créneau pour demander que des mesures exemplaires soient prises contre les hauts fonctionnaires liés à ces crimes.

À l’occasion des manifestations orchestrées à Santo Domingo pour dénoncer les proches du président Danilo Medina qui ont trempé au scandale Odebrech, il était l’un des hommes politiques les plus connus du pays à se prononcer avec véhémence contre la corruption. Depuis lors, ses interventions contre ce crime transnational n’ont cessé de faire la une dans la presse. De toute évidence, les partisans du changement, en République dominicaine, notamment ceux qui luttent inlassablement contre la corruption, ont trouvé en lui un allié sûr. Autant dire, c’est donc de bonne guerre que les partisans du changement de l’autre côté de la frontière s’agglutinent sur Luis Abinader.

Abinader le candidat favori aux présidentielles de 2020

À sept mois des élections, Luis Abinader se trouve en tête de la liste des candidats à la présidence. Les tous derniers sondages lui donnent une avance confortable sur ses compétiteurs. Le même quotidien en ligne Hoy, dans son édition du 2 novembre, fait état d’une étude de l’opinion publique sur un large échantillon, commandité par un groupe d’hommes d’affaires non identifiés, mettant le candidat du PRM en tête, avec une avance de 23 et de 22 points par rapport à Gonzalo Castillo, le candidat du président Danilo (PLD) et l’ex-président Léonel Fernandez, le porte-étendard de Force du peuple, la nouvelle formation politique constituée, respectivement.

Hoy souligne que le sondage, qui a été mené, du 24 u 26 octobre, indique que, suite au schisme occasionné par le retrait de Fernandez du PLD, le résultat entre les trois candidats, Abinader, Castillo et Fernandez, donne au premier une avance confortable. Cette tendance est maintenue encore quand la formulation des questions est variée. Par exemple, explique Hoy, lorsqu’il est demandé à l’intéressé pour qui il voterait si les élections étaient tenues aujourd’hui, les réponses placent les candidats dans l’ordre suivant : Abinader obtient 38,5 % des adhésions exprimées, Castillo, 25,6 % et 17,4 % pour Fernandez ; suivis de Ramfis Dominguez Trujillo, avec 2,4%, David Collado, 0,8 % et Guillermo Moreno, 0,6 %. Par ailleurs, quand la question demande qui vous désirez gagner aux élections, les réponses donnent 40 % àAbinader, 26 % àCastillo, 21 % à Fernandez, 4 % à Collado, 3% à Dominguez et 2 % à Moreno.

Tout compte fait, les partisans de Luis Abinader ont de bonnes raisons d’afficher leur optimisme par rapport à ses chances de sortir victorieux des prochaines élections. Un des plus grands atouts du candidat du PRM réside dans la nouvelle tendance de la grande majorité des électeurs : le peuple dominicain est d’humeur anti-corruption. L.J.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 13 novembre 2019 Vol. XXXXIX No.44, et se trouve en P. 1, 3 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/11/H-O-13-novemb-2019.pdf